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Les impacts psychiques de l'actualité

Les images de violence ont des impacts émotifs multiples et divers, selon nos différences, nos prédispositions, nos affects respectifs et notre vécu.
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L'actualité internationale est exceptionnellement stressante et anxiogène en ce moment. Tellement, qu'on en vient à se demander si l'on doit ou non regarder les infos et risquer de voir des images qui nous bouleverseraient.

Mais que doit-on accepter de regarder quand il s'agit de l'actualité ?

On connaît la rengaine: «C'est la réalité, il faut la voir en face, savoir ce qui se passe réellement dans le monde». Oui, mais quel prix payons-nous du fait de voir certaines atrocités ? Est-ce un besoin, une nécessité ? Ou n'est-ce pas plutôt devenu un réflexe mécanique, une habitude inconsciente ? On ouvre la télé et/ou nos ordinateurs et on fait le tour de nos sites d'information préférés, avide de voir les dernières nouvelles. Nous ne décidons pas ce que nous voyons, nous nous en remettons aux décisions de «l'autorité médiatique» qui, en parent responsable, devrait juger de ce qui est «adéquat ou non» pour nous de voir. Sauf que là, des hommes sont décapités, des femmes violées et vendues au marché, des enfants témoins des meurtres de leurs parents quand ils ne sont pas eux-mêmes massacrés... Ces images ont des impacts réels sur nos psychés. Il n'est pas nécessaire d'assister live à ces horreurs pour en être profondément touché. Les médias n'ont pas notre mieux-être en tête; ils ont leurs revenus en tête ! Le choix nous incombe à nous de regarder ou non ce qu'on nous présente.

Quels sont les impacts associés au fait de regarder de telles images sans les distinguer entre elles ?

Les images de violence ont des impacts émotifs multiples et divers, selon nos différences, nos prédispositions, nos affects respectifs et notre vécu. Ces effets ne sont pas toujours directement identifiables. Ils peuvent aller de la colère à l'impuissance, en passant par une profonde tristesse, de la honte aux humeurs dépressives, etc. La palette émotive est large et varie selon les tendances latentes de chacun. Mais, il est certain que, qui que nous soyons, nous ne pouvons pas voir ces images sans en être affectés, d'une manière ou d'une autre. Si on prétend l'inverse, c'est fort possible qu'on se soit tellement coupé de notre propre souffrance, qu'on y soit maintenant insensibilisé.

Nos esprits suffisent amplement à créer des impressions fortes en entendant les infos à la radio, sans avoir à regarder toutes les images que nous présentent le web ou la télé. Celles-ci sont des nourritures pour le psychisme comme les légumes le sont pour l'organisme. On s'entend généralement pour dire que toutes les nourritures ne sont pas «bonnes» pour la santé. De la même façon, voir des images de violences et/ou de tueries n'est pas «bon» pour notre santé mentale. C'est comme si on ingérait de la malbouffe pendant 3 jours: on se sentirait ballonné, peut-être même souillé de l'intérieur et certainement très inconfortable. Eh bien c'est la même chose pour les images que nous ingérons avec nos yeux.

Il suffit de penser aux petits enfants qui voient un film pour la première fois. Des scènes qui nous semblent anodines, à nous adultes, les impressionnent au plus haut point. Même si la vie nous en a fait voir de toutes les couleurs, la part intime, humaine et sensible en nous reste impressionnable, du moins, c'est à souhaiter !

Certaines personnes dorment mal ou font des cauchemars. D'autres rationalisent et tentent de comprendre l'incompréhensible par l'analyse, d'autres encore cherchent des organismes auxquels faire un don afin de participer, tant que faire se peut, à sauver les victimes auxquelles elles s'identifient, etc. Toutes ces réactions sont des façons d'autogérer les émotions et les refus qui se lèvent en nous quand nous sommes témoins d'atrocités. On le sait en science : «Pour chaque action, il existe une réaction de force égale et opposée.»

Et si on s'arrêtait pour ressentir au lieu de discourir et de s'activer, on réaliserait qu'on vit de l'impuissance, beaucoup d'impuissance; et ça, c'est très inconfortable. Tellement, qu'il est difficile d'expérimenter vraiment cette émotion. Ça se fait tout seul, on passe à autre chose, on fuit sans même s'en rendre compte.

Ressentir, c'est cesser de résister à notre réalité intime, aux émotions qui s'imposent à nous. On ne choisit pas une réaction émotive ou une autre. Elles arrivent comme les nuages se pointent d'eux-mêmes dans le ciel.

Là où on peut quelque chose, c'est dans notre réaction à nos émotions. Généralement on leur résiste, on les refuse. Après tout, on ne nous a jamais appris à ressentir consciemment et à accueillir nos émotions. C'est une rééducation profonde qu'on entreprend quand on apprend à ressentir nos émotions souffrantes sans les alimenter ni s'en défendre; et comme dans toutes nouvelles pratiques, au début ce n'est pas évident; surtout quand il s'agit de ressentir des émotions souffrantes de façon responsable, sans blâmer qui ou quoi que ce soit. Après tout, quel que soit le déclencheur, c'est moi qui y réagis et qui vis une émotion, pas le voisin !

Accueillir et ressentir nos émotions n'a rien à voir avec le fait de les exprimer à tort et à travers. C'est un acte intime auquel il faut faire de la place et donner du temps.

Comme pour toute pratique spécifique, c'est une bonne idée d'être guidé par une personne expérimentée, car il n'est pas simple de ressentir ce qu'on a toujours tenté d'éviter, entre autres choses, parce qu'on a tendance à se juger de ce qu'on éprouve. Il est donc judicieux de consulter un thérapeute qualifié qui saura nous guider avec bienveillance dans cette découverte de nous-mêmes.

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