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Être écouté à l'ère des selfies

À l'ère des égo-portraits () et des réseaux sociaux, l'attention est beaucoup plus centrée sur le fait de se mettre en avant que sur l'intérêt et l'écoute qu'on offre à l'autre.
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Ça semble si simple, si évident ! Mais en fait, c'est très rare. C'est rare qu'on soit vraiment écouté. Pas écouté par quelqu'un qui prépare sa réplique. Juste écouté, en nous donnant le temps de terminer notre phrase, notre raisonnement et de vivre notre émotion.

L'écoute n'est pas très populaire ces temps-ci. À l'ère des égo-portraits (selfies) et des réseaux sociaux, l'attention est beaucoup plus centrée sur le fait de se mettre en avant que sur l'intérêt et l'écoute qu'on offre à l'autre. Ceci engendre une multitude de solitudes que nos palettes d'outils technologiques ne peuvent que temporairement engourdir.

Une des rares choses qui peut transformer nos affects, c'est d'être écouté et entendu en relation. Comme l'a dit Mme Colette Portelance, auteure et pédagogue : « Nos blessures se créent en relation et c'est en relation qu'elles peuvent se transformer. » On oublie souvent que les causes de toutes nos blessures affectives sont issues de nos relations : relations avec nos parents, nos amis, nos collègues, notre patron, etc. Et la plupart du temps, au fait de ne pas s'être senti écouté et respecté dans la relation.

La plupart d'entre nous tentent, tant bien que mal, de se «débrouiller» seuls, honteux que nous sommes d'avoir autant d'émotions. Nos réactions peuvent varier, mais en général, elles s'articulent autour de ces trois réflexes:

  • Prendre nos distances des personnes à la source de nos malaises ;
  • Responsabiliser les autres de notre propre ressenti;
  • Refouler nos émotions au plus profond de notre inconscient.

Sauf que ces réactions ne règlent ni n'éliminent l'énergie inscrite dans ces émotions. Tant que celles-ci ne sont pas rencontrées et accueillies consciemment, leurs énergies restent coincées en nous.

Avec les années, ces émotions refoulées qui tentent de s'exprimer trouvent d'autres chemins et parfois, c'est la maladie qui sera le signal nous démontrant qu'on a trop attendu.

Hommes et femmes, nous sommes généralement tous spécialistes dans l'art du refoulement et de l'évitement. Les hommes restent encore les spécialistes de l'accumulation d'émotions « lourdes » qui peuvent créer des ravages non seulement dans leurs vies, mais aussi dans celles de leurs proches. Malheureusement notre société comme beaucoup d'autres, n'a pas appris à ses garçons puis à ses hommes qu'ils sont des êtres complexes et, osons le mot, sensibles: qu'il est naturel de vivre des émotions et souhaitable de s'ouvrir à cette dimension d'eux-mêmes. Ils attendent fréquemment trop longtemps avant de demander de l'aide ; et il leur faut malencontreusement, souvent un drame pour passer à l'action.

Être écouté avec cœur et sensibilité permet de faire de l'espace en soi pour laisser s'exprimer ses émotions et s'accueillir tel qu'on est situé, ici et maintenant. On sort de notre idéal de nous-mêmes pour atterrir dans la réalité de ce que nous sommes.

Au début, ça peut nous sembler être un processus sans fin. Mais comme pour tout exercice qu'on pratique avec régularité, l'accueil et l'expression deviennent de plus en plus aisés avec le temps. Le fait de s'octroyer un espace pour être écouté et pour accueillir avec bienveillance ce qu'on porte est un acte sacré et très original en 2014 ! On tourne rarement le regard vers l'intérieur. Notre société de consommation nous encourage à essayer de combler nos besoins relationnels par l'extérieur - l'image, le web, la télé, le shopping, l'alcool, l'étourdissement, etc., mais rarement en entrant en contact réel avec soi-même.

Je souhaite de tout cœur qu'on s'offre mutuellement l'écoute dont nous avons tous tellement besoin.

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