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Naître au Québec de parents immigrants

La dualité culturelle peut peser très lourd sur les enfants.
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Les défis qui attendent les nouveaux arrivants, qu'ils soient réfugiés ou non, sont immenses et multiples. Il y a tant à faire et à dire à ce sujet qu'il pourrait être facile de passer outre les enjeux que rencontrent leurs enfants nés ici. Pourtant, leurs problématiques ne sont pas plus simples du fait d'avoir vu le jour au Québec.

Les parents immigrés, eux-mêmes - souvent inconsciemment - «en manque» de leurs références culturelles, ont souvent naturellement tendance à vouloir transmettre à leurs enfants les valeurs culturelles de leur pays d'origine. Ces valeurs qui, une fois éloigné de chez-lui, peuvent revêtir pour l'expatrié une importance décuplée. C'est que lorsque nos références et codes familiers nous manquent, nous pouvons avoir tendance à nous crisper sur les fondements «mentaux» qui nous ont permis de grandir, même si ceux-ci ne sont plus adaptés à notre nouveau lieu/style/mode de vie.

Les enfants de ces immigrés grandissent donc souvent au cœur même de deux cultures distantes, ce qui en soi représente une richesse que même les plus longs voyages ne permettent pas d'acquérir. De ce point de vue, avoir accès de l'intérieur à la compréhension de cultures et codes sociaux différents représente un avantage immense. Cette dualité culturelle, dont les pôles sont éloignés et souvent difficilement réconciliables, peut par contre peser très lourd sur les enfants. Il y a les valeurs familiales et les valeurs rencontrées à l'école, celles de la société. Fréquemment, ces deux séries de valeurs sont excessivement distantes l'une de l'autre et peuvent avoir pour effet de diviser l'enfant dans son for intérieur.

C'est un fait universel : les enfants ont des besoins fondamentaux tant physiologiques que psychologiques et sociaux pour lesquels ils dépendent de leurs parents et/ou des éducateurs qui les ont maintenus en vie. Naturellement, l'enfant veut correspondre aux attentes et besoins de ses premières autorités : ses parents ou éducateurs.

Mais en grandissant, l'autorité parentale prend graduellement la forme des enseignants, patrons, superviseurs, représentants de l'ordre social (policiers, avocats, juges et autres), etc. Un conflit sourd et intime entre les valeurs familiales et sociales a fréquemment lieu à ce moment-là, mettant l'adolescent ou le jeune adulte en porte-à-faux avec la société dans laquelle il vit pourtant depuis sa naissance.

«À qui dois-je être fidèle ? À mes parents ou à la société ?» Ces questions ne trouvant pas de réponses faciles pour tous. Certains jeunes, à moins d'être aidés, trouveront des refuges de leur cru. Voici quelques-uns des «faux refuges» que trouvent ces jeunes pour se soustraire aux malaises créés par la division intime :

• Certains vivent deux vies isolées l'une de l'autre : une avec leur famille, l'autre avec les amis et au travail ;

• D'autres se campent dans la culture familiale en épousant, par exemple, un homme ou une femme du pays d'origine, ou encore en adhérant à des organisations réservées aux membres d'un groupe d'appartenance précis ;

• Certains immigrent à leur tour, espérant fuir la division et les injonctions familiales ;

• D'autres enfin renient complètement leurs liens avec la culture du pays d'origine de leurs parents - ce qui est souvent synonyme de couper le lien familial.

Il n'y a pas de solution ni de recette miracle pour la multitude de gens aux prises avec des conflits d'allégeance gardés secrets et, pour beaucoup, innommables.

La seule chose qui peut commencer à apporter un soulagement est de pouvoir se confier à un thérapeute sensible qui sera à même de nous accueillir avec notre lot d'émotions longtemps refoulées. Entamer une démarche thérapeutique est ce grand pas vers soi que trop peu de personnes osent enfin faire. Ce pas représente en fait le choix de vivre une vie consciente et délibérée.

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