Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Consulter ou ne pas consulter?

Si on est conscient de souffrir d'un trouble, d'un état psychotique ou d'un autre problème de santé mentale et que notre état a été diagnostiqué, la question ne se pose pas. Mais si on souffre d'un mal de vivre qui nous semble assez banal, pourquoi déciderions-nous de nous de voir un thérapeute ?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

De manière assez généralisée, les gens consultent en thérapie parce que leur médecin les encourage à le faire, ou parce qu'ils sont si mal avec eux-mêmes qu'ils n'ont plus d'autres choix.

Si on est conscient de souffrir d'un trouble, d'un état psychotique ou d'un autre problème de santé mentale et que notre état a été diagnostiqué, la question ne se pose pas: on consulte un médecin et/ou un psychologue.

Mais si on souffre d'un mal de vivre qui nous semble, somme toute, assez banal, pourquoi déciderions-nous de nous en occuper et de voir un thérapeute ?

On le fait pour les mêmes raisons qui nous amènent à aller chez le dentiste si on a un mal de dents ! J'ai mal à une dent, je vois le dentiste. J'ai mal au ventre, je vois une gastro antérologue, ma vue baisse, je vois l'opticien..., etc.

Mais si mon estime de moi est mal en point, si je vis de la peur avant de faire une présentation au bureau, si mes relations intimes avec mon conjoint ou mes enfants sont insatisfaisantes, je n'en fais rien ! Ou encore j'en parle à un bon ami et j'endure tant bien que mal cet état psychique qui me tombe dessus, comme un mauvais sort du destin. Je reste victime de mon état, paralysé. Il est même possible que l'idée de m'en occuper ne m'effleure pas l'esprit.

Mais pourquoi sommes-nous tellement paralysés quand il s'agit de nous occuper de notre propre bien-être ?

Même si les temps ont beaucoup changé, consulter demeure pour plusieurs encore tabou: "Je ne suis pas fou ! Je fonctionne très bien ! Ce n'est pas pour moi ! Qu'est-ce qu'ils vont penser de moi ?...", et toute une litanie d'excuses s'enchaînent sans trop se renouveler.

Ce qui sous-tend ce discours justificatif, c'est une peur profonde de l'inconnu, la peur de souffrir (encore plus), de sortir de notre zone de confort; et ce, même si ce confort est en vérité, très inconfortable. "Pourquoi est-ce que j'irais ressasser tout ça ?" On "ressasse tout ça" pour y mettre de la lumière; pour démystifier ce qu'on porte en nous; pour mieux se connaître et du coup, mieux répondre à nos besoins. Enfin, simplement pour vraiment prendre soin de nous-mêmes.

Comment parvenir à bien aimer quelqu'un qu'on connaît mal ? Imaginons chercher à faire un cadeau à un ami qu'on connaît peu: c'est beaucoup plus ardu que d'offrir un cadeau à quelqu'un qu'on connaît bien. C'est la même chose pour nous-mêmes. On peut être tellement coupé de soi, tentant de ne pas ressentir les années de souffrances affectives accumulées, que nous ne ressentons même plus nos propres besoins, ici, maintenant. Simplement le fait de savoir ce qui nous ferait du bien, là, tout de suite. N'y ayant plus accès, on se replie sur ce dont nous bombardent les publicités, essayant tant bien que mal de combler des besoins dont nous ne soupçonnons même plus l'existence, tant nous nous sommes gelés le cœur à force de résister aux souffrances latentes que nous portons.

Et on est là à tergiverser en se demandant si on devrait ou non consulter ! Je dirais que de se poser la question, c'est y répondre; que oui, ce serait une bonne idée de consulter. Cette vie passe si vite ! Allons-nous la vivoter ou la vivre ? Oui on a peur. D'accord. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour continuer de souffrir seuls. Revenons à mon exemple du mal de dents: "Oh non, je n'ai pas besoin de voir le dentiste, ça va passer !" Hum...

Considérons-nous chanceux de vivre dans une société inclusive du processus de connaissance de soi et de la relation d'aide. Dans certains pays du monde, ce serait impossible de simplement y penser, ce ne serait même pas une option !

Encore une fois il faut se poser la question: "Qui en moi, gère les opérations ? Est-ce la peur ?" Si nous répondons oui, alors on peut déjà accueillir le fait que cette peur est forte et qu'elle règne sur nos vies plus que nous n'en n'avons conscience.

Il est certain qu'une approche thérapeutique ou une autre ne peut pas convenir à tout le monde; par contre, le fait de porter un regard bienveillant sur nous-mêmes, ça, ça nous convient à tous. Au-delà de la variété d'approches et d'intervenants disponibles, je souhaite qu'on s'offre des vies plus conscientes, bienveillantes et en accord avec nos natures distinctes. Ce sont la variété et les différences qui nous composent qui constituent la beauté de l'humanité.

À VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Mythe: un thérapeute est comme un ami qu'on paye

10 idées reçues sur les thérapies

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.