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Publicité du cannabis, entre responsabilité et cohérence

Les publicités de cannabis, qu’on le veuille ou non, inciteront à la consommation.
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Deux poids. Deux mesures. D'un côté, nos dirigeants défendent farouchement l'interdiction de toutes publicités concernant le tabac, mais de l'autre, ils présentent une position peu assumée et timide sur la publicité du cannabis. Nous souscrivons aux arguments menant à la légalisation de la marijuana. Toutefois, nous croyons que tout gouvernement responsable proposant cette légalisation ne peut se permettre d'autoriser la promotion de ce produit comportant des risques pour la santé.

Les publicités de cannabis, qu'on le veuille ou non, inciteront à la consommation, entre autres chez les jeunes. Considérant l'impact de la consommation de cannabis sur l'apparition des premiers symptômes de maladies mentales chez certains jeunes adultes, le gouvernement se fourvoie dans sa proposition actuelle. Les lignes directrices qu'il énonce demandent de se limiter aux publics composés à 70% d'adultes. Qu'en est-il des 30%? Et des adolescents sur les médias sociaux et sur le Web qui n'indiquent pas leur âge véritable? On peut imaginer qu'un grand nombre d'entre eux verront ces publicités. De plus, il est spécifié que les publicités ne doivent pas promouvoir le cannabis en général, mais plutôt une marque en particulier. Est-il réellement possible de faire connaitre sa marque de cannabis sans en promouvoir la consommation? Le cannabis étant un produit connu des jeunes, même la formule publicitaire d'Alesse ne tromperait personne.

Permettre la publicité n'est pas nécessaire pour la vente de cannabis récréatif.

Permettre la publicité n'est pas nécessaire pour la vente de cannabis récréatif. En ce moment, il n'existe aucune publicité, puisque ce n'est pas légal, et la consommation demeure une réalité. L'objectif initial d'une publicité est d'augmenter les ventes pour apporter un bénéfice à la compagnie qui la paye. Donc, même si les lignes directrices des producteurs autorisés indiquent que l'objectif n'est pas de faire la promotion du cannabis, le résultat final en sera autrement. Parallèlement, ne pas faire de pub n'est pas nécessairement mauvais pour une compagnie lorsqu'on parle d'un phénomène social déjà établi. Pensons à l'industrie du tabac. Il est interdit de faire des publicités sur la cigarette. En plus, on en vante les effets néfastes très largement. Pourtant, selon statistique Canada, en 2012, 16% de la population canadienne avait un statut de fumeur actif. Bref, la publicité pour le cannabis ne devrait pas être autorisée.

Certains diront que le gouvernement a souvent eu un rôle paternaliste. Au début du 20 siècle, ce rôle s'est manifesté par la prohibition du tabac et de l'alcool. Plus récemment, Duplessis a plongé le Québec dans la Grande Noirceur, en contrôlant les mœurs et coutumes de cette époque. Ainsi, un argument pourrait suggérer que le gouvernement ne devrait pas avoir à contrôler la publicité sur le cannabis. Chaque entreprise devrait avoir la liberté de faire la promotion de n'importe quel produit légal. Ce serait d'autant plus contre les principes du libre-marché que d'avoir des mécanismes qui nuisent à la vente. Ne pas tolérer de publicité sur le cannabis n'est pas non plus avantageux pour le consommateur puisque la publicité est un outil permettant de distinguer la qualité des produits. Par contre, il serait faux d'affirmer que le désir du gouvernement de contrôler une industrie est dans l'objectif d'avoir un rôle paternaliste. En effet, comme il en est question avec le tabac, l'interdiction de publicité est avant tout animée d'un désir de protéger et de prévenir une consommation hâtive de ces produits ayant des effets nocifs sur la santé.

Il est temps que le gouvernement uniformise ses politiques et entame une réelle réflexion sur la légifération concernant la promotion de produits qui nuisent à la santé de la population.

Deux poids. Deux mesures. La demande formulée est simple ; celle de la cohérence dans les politiques pour la publicité de produits nuisibles pour la santé. La publicité, même encadrée, a un impact sur la consommation et il semble normal qu'on prenne les mesures nécessaires pour diminuer le nombre de consommateurs de cannabis. Deux poids. Mille mesures. Il est temps que le gouvernement uniformise ses politiques et entame une réelle réflexion sur la légifération concernant la promotion de produits qui nuisent à la santé de la population.

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