Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Si la haine entraîne la haine...

Et si la quête d'un monde meilleur trouvait ses racines dans les petits gestes?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Je n'ai rien à dire. Je n'ai pas d'histoire. Je n'ai qu'un cœur à vider de tout le laid qui s'y trouve. Vider mon cœur pour pouvoir rattraper à la volée la vie qui continue de filer.

J'ai eu peur, cette fin de semaine. J'avais cet indélogeable point au ventre qui se pointe la face quand ça ne va pas. J'ai eu peur pour l'avenir, j'ai eu peur pour notre monde. J'ai regardé les infos, vu plusieurs fois, la bouche ouverte, la télécommande à la main, ce déchirant reportage sur les victimes du cauchemar. Je n'arrivais pas à fermer la télé ou à simplement aller voir ailleurs. J'ai pleuré pour mes cousins français. Et me revenaient constamment en tête les chiffres sur cette guerre en Syrie. Et j'ai pleuré pour mes cousins syriens, aussi.

J'ai fait défiler mes fils Facebook et Twitter des centaines de fois, même si des centaines de fois je me suis répétée que je ne devrais pas. J'ai lu des dizaines d'articles, regardé des dizaines de vidéos. Je suis allée à mon cours de danse samedi matin parce que j'avais besoin de beau. J'ai tricoté pour m'occuper la tête jusqu'à ce que je n'aie plus de laine. Je suis allée manger de la tartiflette samedi soir dans un resto français comme une preuve d'amour, un soutien qui servait à rien pantoute. Je sais...

Je me suis insurgée. J'ai trouvé les gens cons. J'ai eu de la peine de constater un tel manque d'ouverture de cœur. J'ai eu envie d'écrire ma consternation. Je me suis ravisée. Si la haine entraîne la haine, l'amour entraîne l'amour.

Je me suis demandée ce qu'il était possible de faire. Une amie a eu cette sage réplique: «Concrètement, tu ne peux pas sauver tout le monde. Tu ne peux pas porter le poids de la guerre sur tes épaules. Concrètement, tu peux semer du bonheur quotidiennement, dans ton entourage. Faire en sorte que ta présence soit positive pour ta famille, tes amis, tes collègues, tes voisins, toutes les personnes qui croisent ton chemin. Si tout le monde s'y met, ça peut faire une différence.»

Il y a eu Charlie. Il y a eu Alan Kurdi. Il y a le 13 novembre 2015. J'écris toujours la même chose. Peut-être que je suis naïve, mais je préfère encore croire au pouvoir de la bonté.

Et si la quête d'un monde meilleur trouvait ses racines dans les petits gestes?

Commençons par réfléchir avant de partager des idées qui peuvent blesser, à grande ou a petite échelle. Informons-nous en profondeur avant d'émettre publiquement des opinions sur des questions aussi grandes et délicates. Faisons preuve de gentillesse et de générosité. Au jour le jour. Un sourire, un «merci», un «bonne journée». Parlons avec des inconnus, des étrangers. Donnons. Partageons. Créons. Créons de belles choses. Diffusons du beau. Partout. Le plus souvent possible. Sourions. Voyageons. Partons à la découverte de cultures qui nous sont inconnues. Les voyages ce ne sont pas que des paysages. Ce sont des gens, surtout. Ouvrons-nous.

Respect. Bienveillance. Tolérance. Compassion pour notre voisin. Qu'il soit de Granby, de Damas, de Montréal, de Paris, de Beyrouth, de Kinshasa.

Il y a ces barbares qui ne croient ni au respect, ni à l'amour. Ni à la vie telle que nous la concevons. Cette vie qui est belle, empreinte de joies et de moments d'ivresse. Ne leur donnons pas le droit de nous enlever cette liberté. Ne leur donnons pas notre haine, de grâce. C'est ce qu'ils demandent. Ne leur faisons pas ce cadeau. Plus nous détesterons et isolerons, plus nous diviserons, et plus grands ils seront. Plus forts. Ne sacrifions pas notre vie, ni celle des gens qui en souhaitent une meilleure. Ce serait leur donner raison.

Soyons unis et solidaires contre les monstres, pas contre leurs victimes.

Ce billet a aussi été publié sur le blogue de Caroline Dubois: Mademoiselle Divague

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.