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Bas les masques: comment vivre le départ de votre ado de la maison

Franchement, je ne les ai pas vues passer ces années, sa naissance c'était hier, même si elle m'en a fait voir de toutes les couleurs. Devenir parent, c'est tellement magique! Alors les voir partir cela est vécu différemment selon chacun.
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Dans l'un de mes derniers articles, j'évoquais le départ de ma fille à l'étranger pour faire ses études. Voici en quelques lignes ce que j'exprimais:

"Je m'y prépare, ou plutôt, j'y pense depuis 1an, on en parle, on en plaisante, parfois on se dit même "vivement le mois de septembre". Puis les mois passent, il ne reste plus que 6 mois, 3 mois, 15 jours, 1 semaine , et voilà que le "jour J" arrive... Et là, vous avez beau vous y êtes préparés depuis des mois, savoir que c'est pour son bien, pour son avenir, que c'est un choix réfléchi en famille.

Cela signifie quand même qu'elle quitte la maison, qu'elle ne sera plus présente chaque soir quand je rentrerai. Je ne pourrai plus vider mon stress ou ma colère sur elle, la trouvant "vautrée" dans le canapé du salon ou " hyper busy" à "tchater" avec ses copines. Je n'aurai plus non plus ces moments d'intimité et de franche rigolade avec elle.

Franchement, je ne les ai pas vues passer ces années, sa naissance c'était hier, même si elle m'en a fait voir de toutes les couleurs. Devenir parent, c'est tellement magique!

Alors les voir partir cela est vécu différemment selon chacun.

"Tragique" pour certains, "fantastique" pour d'autres, mais cela peut aussi se passer sereinement, comme un passage de vie. Il y a les parents qui attendent cela depuis longtemps, qui vont enfin se retrouver et en profiter pour vivre différemment. La mère fusionnelle avec son fils, ou le père avec sa fille qui vont devoir se détacher... Ceux encore qui n'expriment pas grand chose extérieurement, qui disent " ça va aller", mais dont intérieurement les boyaux se tournent dans tous les sens."

Et voilà, elle est partie depuis le début du mois de septembre et tout se passe vraiment bien pour elle. Je la sens heureuse, contente des études qu'elle a choisi, s'étant fait pleins de nouveaux amis, très autonome, indépendante, peut-être même un peu trop indépendante.

Mais ce n'est pas le cas pour tous. Certains jeunes vivent mal l'éloignement, sont un peu "homesick", d'autres finalement ne pensent pas avoir fait le bon choix d'études et sont en plein questionnement, il y a aussi ceux qui sont soulagés d'être partis et ne donnent que très rarement de leurs nouvelles.

Les "dépendants" qui appellent sans cesse papa ou maman pour n'importe quel renseignement technique, savoir comment on fait cuire un steak , des pâtes, comment fonctionne la machine à laver ou encore pour dire que leur compte en banque est vide.

Du statut de parent, vous avez l'impression d'être devenue une simple "hotline".

Bref, vous le constatez, les cas de figure sont évidemment nombreux, tous différents et je n'en ai cité bien sûr que très peu car je suis persuadée que la liste d'anecdotes pourrait être longue.

Mais nous, en tant que parents, comment vivons - nous au quotidien ce vide?

Et d'ailleurs, le vivons-nous tous comme un vide? Probablement pas.

Alors, si je repense à ma question initiale qui était:

Comment vivez-vous de les voir partir? Où en êtes-vous aujourd'hui? Comment avez-vous vécu leur départ, comment se passe le quotidien depuis cinq mois? L'ambiance familiale a-t-elle changée? Si vous avez d'autres enfants? Cela a-t-il modifié la systémique dans la famille?

Et vous, que ressentez-vous vraiment? Soyez authentique avec vous-même, bas les masques.

Personnellement, je suis très heureuse de la savoir bien, mais je sens une petite pointe de fragilité en moi. Une certaine solitude aussi parfois, surtout qu'elle donne rarement de ses nouvelles si je ne l'appelle pas. En plus, le téléphone n'étant pas son mode de communication le plus naturel, la conversation est plus un monologue de questions de ma part avec des réponses oui/non, plutôt qu'un vrai dialogue. Vous l'aurez compris, son absence me rend en fait assez nostalgique, bien que je ne le vive pas difficilement dans mon quotidien. Je peux dire que je me sens fière quelque part de la voir si autonome et heureuse, car c'est le fruit d'une éducation relativement bien réussie, soyons modeste! Certaines pensées me traversent l'esprit: "Nous sommes finalement vite oubliés, et il est en tout cas important d'avoir une vie pour soi, avec une profession ou des activités qui nous rendent heureux. Se consacrer uniquement à l'éducation de ses enfants, peut-être un choc le jour où ils vous quittent, sans l'avoir anticipé, une grande désillusion".

Vous pouvez bien sûr dire que tout va super bien, c'est la réalité, et tant mieux. C'est certainement le cas pour bon nombre d'entre vous, car après tout, c'est le chemin de la vie, l'aboutissement de longues années d'éducation, qui prouvent que ce jeune devient un adulte qui s'assume. Mais vous pouvez aussi ressentir d'autres émotions. Peut-être un peu de tristesse, de la morosité, de la mélancolie, de la colère, de la frustration, de l'agressivité, qu'il donne si peu de ses nouvelles, même si c'est pour dire que tout va bien, ou pour autre chose. Vous qui vous êtes tellement occupé de lui pendant toutes ces années d'enfance, vous-vous dîtes "on est peu de choses". Lorsque vous passez devant sa chambre, une petite image de l'enfance vous envahit, et vous sentez votre gorge qui se serre.

Oui, derrière ce départ, cet envol, cette séparation, cette absence, cet éloignement, ce changement, nous pouvons chacun le vivre aussi différemment que cela, il se passe plein de choses et je pense aussi que cela dit beaucoup de nous, de notre propre histoire, notre propre vécu, notre propre enfance.

Se sentir totalement détaché, fusionnel, abandonné, rejeté, triste, angoissé raconte notre histoire. Alors, n'est-ce pas à nous de nous en occuper, de le travailler, pour laisser à notre jeune sa pleine liberté et le laisser vivre en tant qu'individu unique, compétent, sur le chemin de sa propre vie.

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