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Plus loin que mon nez: Un courriel de Sarkozy dans ma boîte de réception?

Dimanche dernier j'ai reçu un courriel particulièrement indigeste. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je constatais que Nicolas Sarkozy (le président d'un des pays dont je détiens la nationalité) est venu me chercher jusqu'à l'intimité de mon chez-moi à travers un message (presque) privé !Son sujet laisse déjà deviner le ton: " La France est une grande démocratie qui ne cèdera à aucune menace". Une invitation à avoir peur -- et lui faire confiance pour me protéger -- dans mon courriel personnel? Mais, je rêve?
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AP

Dimanche dernier j'ai reçu un courriel particulièrement indigeste. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je constatais que Nicolas Sarkozy (le président d'un des pays dont je détiens la nationalité) est venu me chercher jusqu'à l'intimité de mon chez-moi à travers un message (presque) privé !

Son sujet laisse déjà deviner le ton: " La France est une grande démocratie qui ne cèdera à aucune menace". Une invitation à avoir peur -- et lui faire confiance pour me protéger -- dans mon courriel personnel? Mais, je rêve?

Mise en garde, dès le début du message :

"En tant que Français résidant hors de France, vous recevez cet email car vous êtes inscrit(e) sur les listes électorales consulaires 2012 de votre pays de résidence. Ce courriel vous est adressé à des fins d'informations comme la Loi l'autorise (Article L330-4 du Code électoral)".

Bon, à des fins d'informations. Des informations sont toujours bienvenues, n'est-ce pas? Voyons voir ce que le Chef de l'État français (aussi candidat à son propre remplacement) entend par "informer"...

Faut-il déjà souligner que ce n'est pas en tant que concitoyen qu'il souhaite s'adresse à moi, mais en tant que sa chère amie (!?&$#?)

Comme il était prévisible, il se lance dans une tirade inondée de je/mon/moi, dans laquelle il explique comment le pays est à genoux devant les faits récents incontestablement malheureux qui sont devenus l'actualité des derniers jours en France (je dois avouer avoir été aussi de ceux qui sont tombés dans le piège de cette macabre téléréalité). Même si les enquêtes semblent révéler qu'il s'agissait de gestes individuels, le président/candidat nous démontre avec un argumentaire frôlant le film hollywoodien, que c'est le moment d'entamer plus sérieusement la guerre contre ces méchants « autres » qui nous guettent et nous veulent des maux affreux. Il ne rate pas l'occasion d'étaler au passage sa sensibilité, sa générosité (il a dû laisser de côté une moitié de son cerveau, celui du candidat, pour pouvoir pleinement assumer ses fonctions protocolaires, dit-il) et sa force de caractère. Ça pue l'instrumentalisation. Encore une fois la démocratie est prise en otage, on nous la sert à toutes les sauces, et pourtant elle devient de plus en plus insipide.

Je suis estomaquée. Nicolas Sarkozy (Beauchamp, Charest et compagnie... et leurs amis les médias de masse) emploie un ton manipulateur qui m'insulte, qui m'indigne d'avantage. Le culte de la peur, l'amalgame superficiel des faits divers et des enjeux de société, un sentimentalisme démagogue, et en plus tu veux que je vote pour toi? Franchement non.

Et moi qui voulais me tenir un temps à l'écart de l'action militante, aspirant à réfléchir un peu la tête froide... Les dirigeants de ce monde m'insurgent. Et la créativité ambiante m'inspire trop.

Vive le printemps!

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"Plus loin que mon nez" : réflexions, des rêves, des coups de gueule ou de coeur. Pour que ce soit clair : je respecte le vrai et son contraire, pour autant que les oreilles soient grandes ouvertes...

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