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Je suis devenue catholique à cause de la «Gay Pride»

Dans cette région du sud des États-Unis où les Blancs et les Noirs se mélangent peu, cette église était un exemple unique de mixité.
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J'ai découvert Dieu dans le sous-sol d'une église, lors d'un programme en 12 étapes suivi à l'époque où mon premier mariage battait de l'aile, à cause de la dépendance à la drogue et à l'alcool de mon mari.
Caitlin Weaver
J'ai découvert Dieu dans le sous-sol d'une église, lors d'un programme en 12 étapes suivi à l'époque où mon premier mariage battait de l'aile, à cause de la dépendance à la drogue et à l'alcool de mon mari.

Peu après notre mariage, mon mari a été muté de New York en Géorgie. Nous avons donc déménagé dans une nouvelle ville pour construire notre vie commune. Pour moi, l'Église ne faisait pas partie de ce nouveau plan de vie.

Mon mari a grandi dans une famille catholique et même s'il n'a jamais été très pratiquant, il voulait que nos enfants (si nous en avions un jour) soient eux aussi élevés dans la foi. Je n'étais pas emballée par cette idée, l'Église ayant toujours été associée dans mon esprit aux messes tristes et soporifiques, ainsi qu'à l'oppression des femmes et d'autres groupes marginalisés. Or, l'ennui et le concept de patriarche sont mes deux bêtes noires.

J'étais loin d'être athée. Je n'ai pas été élevée dans une confession en particulier, mais j'ai découvert Dieu plus tard dans le sous-sol d'une église, lors d'un programme en 12 étapes suivi à l'époque où mon premier mariage battait de l'aile, à cause de la dépendance à la drogue et à l'alcool de mon mari.

J'ai même commencé à aller à la messe le dimanche, en compagnie d'un ami sobre et de sa femme. C'était une église non confessionnelle d'East Village, où se croisaient des vieux punks repentis, des jeunes familles de toutes les origines, et même des lesbiennes pures et dures du centre-ville. Le pasteur était couvert de tatouages, la musique assurée par un groupe épatant et la mise en scène digne des conférences TED ou d'un concert de Radiohead.

Quand les choses sont devenues sérieuses avec mon futur mari, je me suis mise à l'accompagner de temps en temps à la messe. Il habitait en plein centre du quartier de théâtres de Broadway, à New York, et fréquentait une église dans le quartier. La prestation de la chorale était digne des concerts professionnels, mais, à part ça, je trouvais la messe très froide et impersonnelle.

Si j'allais à l'église, c'était pour ressentir pleinement la grâce divine, pas pour m'acquitter d'une tâche qui me vaudrait des bons points au ciel.

J'étais aussi gênée par le manque de diversité dans la congrégation: rien à voir avec les foules bigarrées de New-Yorkais que je croisais tous les jours dans le métro. Rien ne me touchait dans cette expérience. Or, si j'allais à l'église, c'était pour ressentir pleinement la grâce divine, pas pour m'acquitter d'une tâche qui me vaudrait des bons points au ciel.

En déménageant dans le sud des États-Unis, le problème ne s'est plus posé pendant un temps, car nous n'avions pas d'église sur place. Le week-end, nous étions pris par mille et une choses en essayant de construire notre nouvelle vie. Nous écumions les marchés bios, achetions des meubles, cherchions le meilleur brunch ou le meilleur Bloody Mary de la ville... Avec tout ça, pas le temps de chercher une église!

J'ai prévenu mon mari que je n'étais pas prête à fréquenter un lieu où mes amis homosexuels et lesbiennes ne se sentiraient pas bienvenus.

De plus, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que si nous n'avions pas réussi à trouver une église catholique qui me semble assez ouverte à New York, il n'y avait aucune chance pour qu'elle existe dans le Sud. J'ai prévenu mon mari que je n'étais pas prête à fréquenter un lieu où mes amis homosexuels et lesbiennes ne se sentiraient pas bienvenus.

Caitlin Weaver

Une amie m'a parlé d'une nouvelle église non confessionnelle qui ressemblait apparemment à celle que j'avais adoptée à New York, avec un groupe de musique et un jeune pasteur dont les prêches vous embrasent le cœur. Un jour, alors que nous traversions un festival LGBT dans un parc près de chez nous, j'ai évoqué cette église avec mon mari. Et pile, à ce moment-là, j'ai vu un stand de cette église.

«La voilà!», ai-je crié. «Et en plus, ils offrent des sucettes bio!»

Nous avons discuté quelques minutes avec ceux qui tenaient le stand et sommes repartis avec une belle brochure d'information et de délicieuses sucettes.

«Qu'en penses-tu?», ai-je demandé à mon mari. «Ça a l'air cool, mais ils ne sont pas catholiques», a-t-il répondu en haussant les épaules.

«Et ils sont où, les Catholiques?», ai-je lancé d'un ton agacé en montrant les stands de méthodistes, de luthériens, d'épiscopaliens et même de synagogues qui s'alignaient là.

Mon mari n'a rien trouvé à répondre et nous avons continué d'avancer.

«Salut les gars!»

Un exemple unique de mixité

C'étaient les membres du Sanctuaire de l'Immaculée Conception, une église catholique du centre d'Atlanta. Vêtus de T-shirts arc-en-ciel, ils nous saluaient avec un grand sourire. Après un échange chaleureux, nous sommes repartis à la maison avec des aimants aux couleurs chatoyantes et des T-shirts, en promettant de passer à la messe le lendemain, leur église étant à quelques kilomètres à peine de chez nous.

Dans cette région du sud où les Blancs et les Noirs se mélangent peu, cette église était un exemple unique de mixité.

Le lendemain matin, nous nous sommes garés dans une rue vide d'un quartier du centre-ville, surtout connu pour ses centres d'accueil pour sans-abris et ses bâtiments publics en ruine. L'église se dressait fièrement dans ce cadre délabré. À l'intérieur, nous avons été accueillis par une foule de gens qui échangeaient des salutations en se serrant dans les bras. Près de la moitié de l'assemblée portait un T-shirt arc-en-ciel avec le nom de la paroisse imprimé dessus.

Dans cette région du sud où les Blancs et les Noirs se mélangent peu, cette église était un exemple unique de mixité, avec des gens de tous les pays, de tous les âges et de toutes les orientations sexuelles. Chaque rangée représentait à elle seule l'équivalent d'une rame de métro new-yorkais (l'odeur en moins).

Le prêtre, un type sympathique aux airs de père Noël, a évoqué avec passion l'amour de Jésus pour toute l'humanité. Il a rappelé aux paroissiens de porter leurs T-shirts au défilé de Gay Pride après la messe et de ne pas manquer le prochain repas partagé spécial LGBT organisé par l'église le vendredi suivant. Le chœur a fait vibrer les vitraux en entonnant un cantique entraînant, au son duquel tout le monde a tapé des mains et dansé. À la fin de la messe, le prêtre et les diacres ont quitté leurs robes pour révéler leurs propres T-shirts multicolores, et ont traversé fièrement l'église sous un tonnerre d'applaudissements.

Mon mari s'est tourné vers moi, ahuri. «Je n'avais jamais vu ça dans une église catholique!»

«Super! Alors nous avons trouvé la nôtre église», ai-je répondu.

Notre église est unique en son genre, et c'est bien dommage. Comme beaucoup d'autres aux États-Unis, elle s'est vidée quand la population est partie du centre-ville pour s'installer en banlieue. Mais au lieu de fermer ses portes, elle les a ouvertes en grand pour servir ceux qui étaient restés. C'était l'une des premières églises du coin à aller vers les victimes du SIDA. Elle a instauré des repas hebdomadaires que le prêtre et les paroissiens partageaient avec les personnes malades et en souffrance, venant surtout du milieu LGBT, de loin le plus touché par l'épidémie. Ces repas se sont poursuivis jusqu'au milieu des années 1990. Dans la communauté homosexuelle, le bruit s'est répandu qu'il existait un endroit où les homosexuels pouvaient recevoir l'amour de Dieu comme tout le monde.

Si l'on veut vraiment sortir du modèle d'église du passé, corrompue et fermée sur elle-même, il faut mettre l'ouverture et l'accueil au cœur de nos projets d'avenir.

Dans la période actuelle de scandales horribles impliquant l'Église catholique, il n'est pas étonnant qu'elle compte de moins en moins de fidèles. Si l'on veut vraiment sortir du modèle d'église du passé, corrompue et fermée sur elle-même, il faut mettre l'ouverture et l'accueil au cœur de nos projets d'avenir. Beaucoup de catholiques partagent cette conviction. Non seulement sont-ils horrifiés par les accusations d'agressions sexuelles qui touchent l'Église, mais deux tiers d'entre eux sont pour le mariage homosexuel. Pourtant, le message véhiculé par les prêtres et les paroissiens reflète rarement ces valeurs. C'est ce décalage profond qui cantonne l'Église catholique au passé.

Pourtant, quand je regarde mon l'église, je vois un avenir dont je veux faire partie. Voilà pourquoi vous me trouverez tous les dimanches matin à la messe, moi qui n'ai jamais voulu y aller. J'ai baptisé mon fils ici, je m'y implique et j'ai même collé sur ma voiture un autocollant à l'effigie de ma paroisse. J'ai deux mariages à mon actif, mais c'est la première fois que je franchis l'étape de l'autocollant. C'est dire si mon engagement est sérieux!

Il faut se rendre à l'évidence, je crois que je suis devenue une ouaille de Dieu.

Cette année, en défilant à la Gay Pride avec d'autres membres de ma paroisse, je serai sans doute peinée de constater l'absence d'autres églises catholiques à nos côtés. Mais, je serai aussi profondément reconnaissante d'avoir trouvé l'endroit où je me sens bien, du moins pour l'instant, où la grâce abonde et où tous sont bienvenus pour la partager.

Ce blogue, publié à l'origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Valeriya Macogon pour Fast for Word.

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