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5 raisons de se débarrasser des conservateurs

La chute d'une démocratie, ce n'est pas du jour au lendemain.
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Difficile d'énumérer les raisons pour lesquelles il faut sortir les conservateurs le 19 octobre. Je veux dire, il y en a tellement, et trop, puis ça nous force à nous rappeler à quel point on s'est fait collectivement piétiner depuis 2006. Jusqu'à récemment, je pensais que leur défaite était assurée, que c'était l'évidence même. Or, lorsqu'on regarde les derniers sondages, il faut comprendre qu'on n'est peut-être pas sortis du trouble.

Allons donc, ad nauseam, avec le best of des pires actions de ce gouvernement.

1. Les conservateurs agissent contre l'environnement

À une époque de crises environnementales sans précédent dans l'histoire de l'humanité, le gouvernement Harper a eu l'audace de rajouter de l'huile (minérale) sur le feu. À l'instar des républicains américains, nos conservateurs ont sabréplusieurs fois dans Environnement Canada, transformant l'agence gouvernementale en coquille vide.

Sabré également dans Pêches et Océans Canada, muselé (1, 2) les scientifiques du gouvernement, notamment pour les empêcher de parler de changements climatiques. Ou de quoi que ce soit, d'ailleurs.

Conséquemment, plus de 3 000 scientifiques à travers de nombreuses agences et groupes de recherche ont perdu leur emploi. Cela constitue une perte phénoménale de connaissances sur la réalité naturelle du Canada. Les effets seront d'autant plus difficiles à chiffrer maintenant que les rares scientifiques restants ne peuvent pas parler et que tant d'archives ont été détruites. L'ignorance, c'est le bonheur!

Pendant ce temps, les conservateurs ont offert 34 milliards en subventions et exemptions fiscales aux industries des énergies fossiles, ont rencontré leurs lobbies plusieurs milliers de fois, ont dépensé des millions en argent des contribuables à faire la promotion des sables bitumineux. Aujourd'hui, les intérêts de ces lobbies sont si parfaitement intégrés au gouvernement conservateur que de plus en plus d'experts ont commencé à qualifier le Canada d'État pétrolier.

Ils se sont même opposés à une clause de l'ALÉNA pour réglementer les bassins de rétention d'eaux toxiques, malgré les preuves que les polluants de cette industrie causent des cancers et font des ravages dans certaines communautés des Premières Nations et ailleurs en Alberta, avec des recensions de cancers parfois 30% plus élevées qu'ailleurs.

2. Les conservateurs agissent contre l'information

Parlant d'information, à son élection en 2006, Harper annonçait une nouvelle ère de transparence. Or, au fil des années, ce gouvernement est devenu de loin le plus opaque, le plus secret de tous les gouvernements canadiens.

Le gouvernement s'est entouré d'un voile d'obscurité dans tout ce qui concerne les dépenses de l'État, les détails de programmes ou simplement l'accès à l'information, s'attirant plusieurs fois le mépris du Parlement, un précédent jamais vu dans l'histoire de notre pays. Si bien qu'en 2015, la Commissaire à l'information du Canada a déclaré que nous étions en train de perdre le droit à l'information gouvernementale. Même le formulaire du recensement a été charcuté, histoire qu'on ait encore moins de données sur les impacts des politiques gouvernementales.

L'obsession de contrôle exprimée par le gouvernement Harper s'est insinuée dans toutes les sphères d'activité de l'État, de la répression des lanceurs d'alerte (whistle-blowers) gouvernementaux, à l'ingérence partisane dans les événements officiels de l'État, aux tentatives de cacher les scandales internes du parti. Même les participants aux événements organisés par le parti doivent signer un ordre de bâillon!

Et que dire des conférences de presse depuis les élections, où les journalistes ne peuvent même plus faire leur travail?

3. Les conservateurs agissent contre la démocratie

Démantèlement de la démocratie, l'impressionnant rapport de Voices, mené sur cinq ans et avec plus de 110 études de cas, trace un portrait sombre de la démocratie du Canada après toutes les réformes autoritaires du gouvernement Harper.

Grosso modo, le gouvernement Harper n'est pas un fan de la démocratie. Sa stratégie de lois mammouths (ex.: C-51, C-45, C-38) est un des meilleurs exemples, où des mégaprojets de loi (aussi appelés «omnibus») de plusieurs centaines de pages sont introduits brusquement, avec peu de temps pour adoption et des débats généralement bâillonnés en chambre.

Après le scandale des appels automatisés (robocalls) où un bureau d'élection conservateur incitait les électeurs et électrices à aller au mauvais endroit pour voter, le gouvernement Harper a mené plusieurs attaques contre Élections Canada, l'organe de régulation des élections démocratiques canadiennes.

Sans justification, il hausse les exigences administratives pour voter, une méthode reconnue pour défavoriser les plus pauvres et les personnes racisées. Ils retirent également plusieurs pouvoirs à Élections Canada, l'empêchant entre autres de promouvoir le droit de voter auprès du grand public.

Le mépris du gouvernement Harper contre les institutions démocratiques est allé jusqu'à la destruction illégale du registre des armes à feu, comme quoi ils se placent au-dessus de la Loi.

Ce sont toutes ces mesures qui ont amené Errol Mendes, professeur de droit constitutionnel et de loi internationale à l'Université d'Ottawa, à conclure que «cet abus de pouvoir exécutif nous mène plutôt vers un gouvernement totalitaire et nous éloigne des fondations de la démocratie et du droit sur lesquels ce pays a été fondé.»

4. Les conservateurs agissent contre les droits humains

Il ne faut pas regarder très loin pour comprendre pourquoi les droits humains au Canada sont en plein recul (1, 2).

Fidèle à l'approche de la «ligne dure» si célèbre aux conservateurs, le gouvernement Harper dépense des milliards pour construire de nouvelles prisons, même si le taux de criminalité est en baisse.

Il insiste sur des sentences minimales pour toutes sortes de crimes, une mesure injuste déjà testée et décriée chez nos voisins du sud.

Côté militaire, il fétichise l'image guerrière du Canada et s'engage dans des dépenses ridicules et insoutenables pendant qu'il néglige la mission de maintien de la paix des Casques bleus.

Il veut combattre l'État Islamique de front, ce qui ne l'empêche pas de vendre des armes à l'Arabie saoudite, qui est un État totalitaire avec une application rigide de la charia et une histoire sanglante de violations des droits humains, prétextant que c'est bon pour l'économie.

Cette attitude belligérante a contribué à ce que le Canada perde son siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

Suivant la rhétorique néoconservatrice comme quoi tous les dissidents sont des terroristes potentiels, il a dévoilé une stratégie de lutte au terrorisme domestique où il liste entre autres les groupes environnementaux et anticapitalistes comme cibles potentielles.

Dans le même ordre d'idée, la loi omnibus C-51 est venue tracer un nouveau chapitre dans la répression citoyenne et le recul des droits et libertés. Dans cette loi pour laquelle même le Commissaire à la vie privée n'a pas pu témoigner, le SCRS gagne de nouveaux pouvoirs de surveillance, de perturbation et d'intervention, ainsi qu'une autonomie sans précédent. Et considérant les «ennemis» que le gouvernement a identifiés, nous pouvons craindre l'émergence d'une police politique qui fait de sa mission l'agenda du parti au pouvoir.

Bilan abyssal pour ce qui est des droits des femmes, où les conservateurs ont coupé le financement des organismes de femmes (incluant des maisons d'hébergement), décimés Condition féminine Canada, et persisté à ignorer les 1 200 femmes autochtones disparues.

Concernant les Premières Nations, pas question non plus de reconnaître leur génocide et le rôle du Canada, malgré toutes les preuves du contraire.

Enfin, difficile de parler des droits humains sans aborder le sujet de l'assurance-emploi, que les conservateurs ont éventrée joyeusement avant de donner des quotas de coupes aux fonctionnaires, affaiblissant un filet de sécurité sociale déjà abîmé par des décennies de réformes néolibérales.

5. Les conservateurs agissent contre l'environnement

«Attends, tu l'as déjà dit, celui-là!»

C'est parce qu'il y a en a beaucoup à dire! Par exemple que les conservateurs ont retiré le Canada du Protocole de Kyoto et continué leur déni des changements climatiques (1,2) jusqu'à ce que le Canada devienne la risée de la communauté internationale.

Dans un même ordre d'idée, même s'il accuse un échec retentissant à protéger les espèces menacées, le gouvernement Harper a poussé le ridicule en refusant d'appliquer à peu près toutes les conventions internationales sur le sujet, préférant plutôt la dérèglementation, l'assouplissement ou l'abolition de lois environnementales.

Ils ont d'ailleurs fait du Canada le seul pays à se retirer d'une convention des Nations unies pour combattre la sécheresse dans le monde, probablement de peur qu'un lien quelconque soit fait avec les changements climatiques.

Poursuivant leur chasse aux environnementalistes, les conservateurs ont commandé à Revenu Canada une série de vérifications d'organismes environnementaux, prêts à octroyer huit millions de l'argent des contribuables pour y parvenir (des vérifications qui, en passant, n'ont rien trouvé).

Au comble de l'ironie, ils se sont permis plusieurs déclarations incendiaires sur les environnementalistes, estimant qu'ils représentent une menace à la sécurité nationale et sont aveuglés par des impératifs idéologiques.

Elle est bonne!

Mais ils ont raison sur une chose: c'est vraiment, mais vraiment stupide d'être aveuglé par des impératifs idéologiques (clin d'oeil).

La démocratie en jeu, rien de moins

Et maintenant, on fait quoi? Peut-être que les conservateurs semblent immunisés à la critique, mais à défaut d'avoir le temps de déconstruire le concept du darwinisme social, on peut peut-être se concentrer à leur montrer la porte le 19 octobre? Et verrouiller la porte. Et jeter la clef. Et se barricader comme dans des films de zombie. Quelque chose du genre.

La chute d'une démocratie, ce n'est pas du jour au lendemain. Et cette journée d'élections, c'est une étape parmi tant d'autres, mais une étape quand même déterminante. Ce jour-là, par pitié, occupez-vous des conservateurs!

Sinon je vous garantis, ils vont s'occuper de vous...

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