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Quelles solutions pour la Grèce?

Suite au référendum et au «non» du peuple grec face a de nouvelles mesures d'austérité, l'insécurité plane toujours.
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Suite au référendum et au «non» du peuple grec face a de nouvelles mesures d'austérité, l'insécurité plane toujours au-dessus de la Grèce. D'abord, parce que la Banque centrale européenne (BCE) a refusé d'augmenter le plafond des prêts d'urgence, ce qui a forcé le gouvernement grec à fermer les banques jusqu'à mercredi et contrôler les mouvements de capitaux. Or, cette décision de la BCE contribue à radicaliser la confrontation entre Athènes et ses créanciers, car elle accentue la pression et l'insécurité sur le système bancaire du pays. De plus, d'un point de vue théorique, la Grèce est présentement en défaut de paiement et elle attend la décision du Fonds monétaire international (FMI), qui dispose de trente jours pour renouveler ou pas les prêts de 1,6 milliard de dollars.

De ce fait, la situation demeure extrêmement délicate et la possibilité d'une sortie de la Grèce de la zone euro n'a jamais semblée aussi proche. Face à ce dilemme, quelles solutions dispose la Grèce?

Une première solution consisterait à effacer la dette grecque en partie ou en totalité. Cette mesure, prônée notamment par Joseph Stiglitz, a été évoquée de nombreuse fois par la Grèce. Toutefois, est-ce une option réaliste?

Thomas Piketty affirme que c'est une possibilité envisageable pour résoudre la crise de la dette publique grecque. D'ailleurs, il rappelle que l'Allemagne a connu un effacement de sa dette extérieure en 1953, et que cette mesure a joué un rôle non négligeable dans le fulgurant développement économique du pays. Cela dit, la situation est quelque peu différente aujourd'hui. En effet, en raison de la difficulté économique de nombreux pays du sud de la zone euro, l'annulation de la dette grecque pourrait causer une propagation d'un refus de payer un peu partout en Europe. Et ça, les créanciers n'en veulent surtout pas. Résultat, même si la Grèce ne peut s'acquitter de sa dette, la solution de l'effacement de celle-ci semble peu probable.

Une seconde possibilité, proposée notamment par le FMI, serait de geler la dette extérieure grecque durant une période d'environ 20 ans afin de permettre le redressement de l'économie du pays. Rappelons que le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 25% de son niveau en 2008. Ainsi, malgré des dépenses inférieures aux revenus, la dette grecque a augmenté, car l'activité économique a chuté.

Cette option, considérée comme pragmatique par Piketty, semble effectivement très plausible et permettrait au moins d'améliorer la situation catastrophique que vivent actuellement les Grecs. Notons que le chômage chez les jeunes atteint les 60%. Par conséquent, il serait souhaitable de chercher à réduire l'excédent budgétaire, imposé à 3,5% (hors des intérêts de la dette) par la troïka dans la précédente entente, à un niveau plus faible afin de permettre une relance économique.

Comme le mentionne Piketty, l'objectif vital ne devrait pas être de rembourser la dette, mais plutôt de permettre à la Grèce de retrouver la taille de son économie avant la crise. Comme le soulignait John Maynard Keynes, après la Première Guerre mondiale, vouloir faire payer une dette à un pays à «tout prix», en sachant qu'il ne peut la payer, peut avoir de graves conséquences sur la stabilité de l'Europe. D'ailleurs, le traité de Versailles sur l'Allemagne en est un bon exemple. Ainsi, cet option a, d'une part, l'avantage d'apaiser la souffrance du peuple, mais l'aspect négatif, c'est qu'elle ne permet pas de réduire l'énorme dette qui pèse lourd sur l'économie du pays.

La troisième option serait une sortie de la Grèce de la zone euro. Selon Piketty, Stiglitz et Krugman, cette option doit être écartée , car elle conduirait à une panique bancaire en Grèce qui pourrait se propager dans le reste de l'Europe.

Cette option, selon ces trois économistes, demeure toutefois moins dommageable qu'une nouvelle cure d'austérité qui se résumerait à beaucoup de souffrance humaine inutile. En effet, comme le souligne Paul Krugman, la cure qu'a fait subir la troïka à la Grèce semble tout droit sortie d'un bouquin de médecine médiévale. Résultat, la médecine tue le patient au lieu de le guérir.

Cela dit, s'il semble évident que l'austérité a échoué, prédire ce qui va se produire en cas d'une sortie de la Grèce de la zone euro est une tâche beaucoup plus difficile. On peut toutefois affirmer que le retour à la drachme offre la possibilité à la Grèce de dévaluer sa monnaie, ce qui permettrait d'être plus compétitif, et ainsi, stimuler les exportations pour financer la dette. Cette prédiction demeure toutefois très théorique et il est difficile de prédire l'ampleur de l'instabilité économique du pays.

Évidemment il ne s'agit pas d'une liste exhaustive des solutions pour résoudre la crise de la dette en Grèce. Cela dit, ces options seront des avenues possibles au courant des prochains jours, voire des semaines à venir, afin de sauver l'Europe. Comme le souligne Piketty, en raison de l'ampleur des conséquences des choix des dirigeants européens, ce n'est pas le moment de jouer aux «apprentis sorciers». Il faut être pragmatique et sauver l'Europe d'une future catastrophe.

Par la suite, lorsque cette crise sera résolue et si la Grèce est toujours au sein de la zone euro, il s'agira de déterminer si les malheurs de l'Union européenne sont la conséquence d'une monnaie unique entre des pays différents (ne correspond pas à une zone optimale), ou par un manque d'intégration politique entre les pays (gouvernance démocratique, intégration budgétaire). Quoi qu'il en soit, le défi est de taille pour l'Europe.

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