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Je suis attirée par les femmes et par les hommes, mais je ne suis pas bi pour autant

J'avais toujours pensé être hétéro, et j'avais eu quelques relations amoureuses et sexuelles avec des hommes mais, en vieillissant, il devenait indéniable que j'étais également attirée par les femmes.
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Quand j'avais environ 22 ans, j'ai dit à ma colocataire que je me demandais si je n'étais pas bisexuelle.

J'avais toujours pensé être hétéro, et j'avais eu quelques relations amoureuses et sexuelles avec des hommes mais, en vieillissant, il devenait indéniable que j'étais également attirée par les femmes.

Il m'arrive d'apprécier le visage ou la coiffure d'une femme, mais aussi de ressentir (parfois) une attirance physique à la vue de ses seins ou de ses fesses.

À ma grande surprise, ma coloc ressentait exactement la même chose. "Les femmes sont plus attirantes que les hommes", m'a-t-elle dit. "Mais ce n'est pas parce que tu ressens ça que tu es forcément bi."

Pourquoi? Parce qu'il y a une différence entre l'attirance physique et l'envie de passer à l'acte.

Je ne ressens pas l'envie de coucher avec une femme (qu'il s'agisse de rapports sexuels, de caresses ou de gestes tendres), alors qu'avec certains hommes, si.

Ça s'arrêtait là... jusqu'à aujourd'hui.

Selon une étude parue jeudi 5 novembre, les femmes qui se disent hétérosexuelles sont en fait bisexuelles ou lesbiennes, mais "jamais simplement hétéros".

Cette étude, menée à l'université d'Essex, a analysé les réactions sexuelles physiologiques de 345 femmes devant des photos d'hommes et de femmes nus. Les chercheurs ont analysé la dilatation des pupilles des sujets, facteur intimement lié à l'excitation sexuelle, comme l'a démontré une autre étude de cette même université voilà quelques mois.

L'étude a montré que les femmes qui se disaient hétérosexuelles ressentaient une excitation sexuelle en regardant des photos de femmes nues. Les résultats ont été comparés à ceux des femmes qui se disaient lesbiennes et des hommes hétérosexuels, deux groupes qui, selon les chercheurs, "montrent généralement des réactions sexuelles très marquées envers le sexe vers lequel va leur préférence".

La conclusion des auteurs de l'étude? Que les femmes hétérosexuelles sont un mythe.

Je pense que c'est du grand n'importe quoi. Je suis sûre que si j'avais participé à cette étude, mes pupilles se seraient également dilatées. Mais ça ne veut pas dire que je suis homosexuelle.

Je soutiens complètement l'idée qu'il existe tout un éventail d'identités sexuelles. Mais, en tant qu'hétérosexuelle, je n'accepte pas de m'entendre dire que les hétérosexuelles n'existent pas.

Je trouve insultant de laisser entendre que je ne connais peut-être pas réellement mon orientation sexuelle. Il y a encore peu de temps, les femmes n'avaient carrément pas le droit de prendre du plaisir. Il faudrait aujourd'hui que j'accepte l'idée que ma vie est un mensonge! Non merci, la science peut aller se rhabiller.

Si je suis attirée par les femmes, c'est pour une raison très simple.

Je suis confrontée quotidiennement à la sexualisation des femmes. Le corps féminin est une marchandise qu'on utilise pour vendre tout et n'importe quoi, du parfum jusqu'au lait.

Dans la pornographie traditionnelle, comme dans les clips ou les publicités, le corps des femmes correspond invariablement à l'"idéal masculin". Il est présenté dans un contexte sexuel, renvoyant l'image de "disponibilité sexuelle".

J'ai été adolescente pendant "l'âge d'or" des magazines masculins tels que Nuts, Loaded ou Playboy. Il n'est donc pas étonnant que je ressente une attirance d'ordre sexuel envers les femmes : on pourrait presque dire que j'ai été conditionnée pour cela.

La société apprend aux femmes qu'elles n'ont de valeur que dans la séduction, que cela leur plaise ou non.

Tout cela les influence, quand elles s'habillent et se maquillent tous les matins, que cela leur plaise ou non.

Elles sont donc particulièrement sensibles et attentives aux autres femmes, qu'il s'agisse de leur robe, de leur teinte de rouge à lèvres ou de leur silhouette.

Alors, même si je suis hétérosexuelle, la vision d'autres femmes excite mes sens, et mes pupilles doivent effectivement se dilater quand je les regarde. Mais ce n'est pas parce que j'ai envie de faire l'amour avec elles. C'est plus complexe et plus profond que ça.

Je ne me permettrais jamais de dire à quelqu'un que l'idée qu'il ou elle se fait de sa sexualité est fausse, même si j'étais une scientifique. La personne en question est la seule à vraiment savoir quelle identité sexuelle lui correspond, et cela vaut pour toutes les formes de sexualité, les hétéros comme les autres.

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Ce blogue initialement publié sur le Huffington Post Royaume-Uni a été traduit de l'anglais.

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