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Motiver les adolescents aujourd'hui: réveiller leur désir d'apprendre

Cap sur septembre! Avec, déjà, nos questions d'adultes inquiets, focalisées sur la motivation des adolescents... Et s'ils décrochaient, avant même d'accrocher? Comment réveiller leur désir d'apprendre?
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Cap sur septembre ! Avec, déjà, nos questions d'adultes inquiets, focalisées sur la motivation des adolescents... Et s'ils décrochaient, avant même d'accrocher ? Comment réveiller leur désir d'apprendre ?

Ces « mutants » sont les premiers à disposer d'une mémoire supérieure à la leur, qui leur ouvre tous les savoirs. Par ailleurs, leur est demandé tout et son contraire : hyperconsommer, vivre dans l'instant, apprendre et travailler en classe... Et, si possible, naître autonomes ! De quoi insécuriser, à l'âge où à la fois, ils nous disent : « Laissez-moi tranquille ! » et « Surtout, soyez là, j'ai besoin de vous ! ». Cela change la donne, quant à leur désir d'apprendre. Loin de la catastrophite ambiante, comment, aujourd'hui, « activer » leur appétence ? Clés pour ces adolescents du XXIe siècle.

DE LA SOLITUDE À L'AUTONOMIE

Ennemie n°1 de leur motivation, la solitude. Ce qui la génère ?

  • le syndrome de l'adulte miniature : envahis de sollicitations, inquiets de l'avenir, ils trouvent peu d'espace pour leurs apprentissages. « Au fait, à quoi ça sert ? », questionnait Alex...
  • le diktat de la performance qui ne laisse aucune place au « grain de sable » : « Quand est-ce qu'on vit ? », demandait Lofi, élève de 2e secondaire...
  • et le sentiment de dette vis-à-vis des adultes, avec l'impression de ne pouvoir répondre à leurs attentes : « Jamais j'y arriverai ! », affirmait Lara, découragée...

Les adolescents de 2014 crient en silence - pour ne pas nous déranger - leur besoin d'être emmenés quelque part. Sans guide, Mozart ne donne pas d'œuvre... À nous, adultes, de les autoriser à réaliser leur potentiel en les accompagnant. Et répondre à leur besoin de quitter la solitude qui enferme pour accéder à l'autonomie qui libère.

Loin de l'autoritarisme et du laxisme...

SE CO-MOTIVER

En permanence interconnectés, ces adolescents développent des compétences d'interaction avec les autres. Ainsi, au collège, le cours magistral de 55 minutes ne tient plus... Une seule voie : le « co-» ! Lisia exprime ses compétences à l'oral, en tant que porte-parole d'un groupe. Seule, elle se tait...

Or, je rencontre de plus en plus de « non classes », sommes d'individualités agglomérées, appelées 3e secondaire D ou 4e secondaire B, avec 26 nombrils... Difficile pour ces adolescents de construire leur motivation individuelle sans collectif ! Un impératif, donc : leur permettre de travailler ensemble. En classe et à la maison.

DE L'EXTIME À L'INTIME

Fini, le droit à l'oubli : dans dix ans, le blogue de Luc et la page Facebook d'Eva, en classe de 3e secondaire, seront consultables par leurs recruteurs, et ils ne le savent pas... L'intime est devenu extime. Les adolescents vivent ce passage sans le filtre nécessaire entre eux et le monde, au profit de stratégies marketing qui les surexposent. Cela pollue leur motivation qui relève de leur désir de grandir, donc de leur part d'intime. Beaucoup ont l'impression de mener cinq vies et demandent à s'alléger pour s'apaiser. « SOS, j'existe ! » alertait Ali, élève de 4ème.

Le défi pour nous, adultes, est de leur donner accès à eux-mêmes. Apprendre à se connaître, à valider leurs compétences et à exprimer leurs émotions leur permet de se responsabiliser et d'accéder, en sujets, à la vie numérique. Non à la passivité, que résumait Dilma, 16 ans : « I would prefer not to* » (« Je préfère ne pas »), qui invite à s'abstenir...

DE NOUVELLES COMPÉTENCES

Le rapport aux savoirs des adolescents d'aujourd'hui requiert de nouvelles compétences. Habitués aux informations atomisées et croisées à l'infini, ils développent des compétences de « jonglage » et de réactivité qui sollicitent leur créativité. Un besoin émerge alors pour eux, qui les sécurise : apprendre à se concentrer et à hiérarchiser les informations. Par ailleurs, voici des adolescents auxquels est reconnue une maturité de questionnement. En atteste le succès des ateliers philo. Aussi, solliciter leur réflexion et leur sens de l'effort leur permet, au-delà du plaisir immédiat, d'accéder à la joie d'apprendre. Ils différencient bien ces deux sensations.

STABILITÉ ET COHÉRENCE

L'horizontalité a remplacé la verticalité, entre les adolescents et les adultes qui découvrent le monde en même temps qu'eux. Négocier a pris la place de transmettre. Conséquence, à 15 ou 17 ans ? Une fatigue et un besoin de se sécuriser. Pour se motiver, collégiens et lycéens cherchent un cadre et du « non négociable ». L'illustre leur demande croissante d'internat ! Tout autour d'eux fluctue : seuls points fixes, « traits d'union » entre les adultes, ils recherchent stabilité et cohérence, essentielles à leur motivation.

DE L'ILLICO PRESTO À LA MISE EN PROJET

Les adolescents se vivent souvent comme des bulletins de notes ambulants, qui doivent assurer à leurs parents un « retour sur investissement » dans les quarante-huit heures, réussite oblige. Or, apprendre suppose la durée et les petits pas ! L' illico presto génère chez eux une impatience qui freine leur motivation. Aussi, ont-ils besoin d'apprendre à différencier le temps scolaire et celui de leur vie extérieure.

Par ailleurs, comment « se lancer » dans un avenir auquel les adultes ne croient pas ? En atteste l'habitude de procrastiner : « Je me remets à plus tard. », disait Bastien, en classe de 2e secondaire... Pour se motiver, encore faut-il avoir quelque chose à conquérir. Beaucoup d'adolescents l'ont compris, qui demandent à vivre de la frustration.

CONFIANCE(S) EN SOI !

Essentielle pour la motivation scolaire, la confiance en soi. Or, l'expression « manque de confiance » désigne des situations si diverses que son usage est devenu abusif... De quoi parle-t-on, exactement ? Je propose trois formes de confiance :

  • en son potentiel, vécue par l'adolescent comme sa capacité à comprendre et à mémoriser,
  • en ses compétences et connaissances, qui suppose une conscience de ses acquis,
  • et en sa capacité à terminer un travail ou un projet.

Selon les situations de (dé)motivation, une ou plusieurs formes se trouvent en jeu. À nous, adultes, de permettre aux adolescents de l'identifier.

DES ADULTES QUI AUTORISENT

« Motiver » les adolescents de 2014 signifie porter sur eux un regard qui émancipe, avec de vrais oui et de vrais non, en respectant leurs étapes d'apprentissage. Puis se rappeler qu'un déclic, ça se déclenche... Pour cela, ils demandent une « feuille de route » quant à nos attentes. L'implicite les noie, l'explicite les éclaire ! Identifier leurs points d'appui et leurs besoins conduit à valider progressivement leurs compétences. Les accompagner régulièrement permet de répondre au plus tôt à leurs questions et d'encourager leurs efforts. Avec un impératif : dédramatiser les apprentissages, afin qu'ils n'occultent jamais la vie !

Cela suppose, chez nous tous, parents et professionnels, une volonté de tenir les rênes en retenant trois clés : sécuriser, valoriser et stimuler.

Pour une confiance lucide, loin de nos nombrils... Ensemble, évidemment.

  • Le site de Brigitte Prot: www.brigitte-prot.fr
  • J'suis pas motivé, je fais pas exprès, (Éd. Albin Michel, 2003 - Rééd. chez L'Harmattan, septembre 2010)

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