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Le «déficit social» pourrait forcer les organismes de bienfaisance à réduire leurs offres de services essentiels

Dans l'état actuel des choses, les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif n'ont pratiquement aucune voix dans les politiques économiques.
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Le Canada fait actuellement face à une crise qui semble s'intensifier lentement. La demande pour les services essentiels fournis par les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif augmentera considérablement au cours de la prochaine décennie, mais les sources de revenus ne permettront pas de répondre à cette demande.

D'ici 2026, Imagine Canada, une organisation nationale travaillant pour le compte d'organismes de bienfaisance, prévoit que le secteur aura besoin de 25 milliards de dollars de plus pour répondre à la forte demande de services de la part de la population. Ce calcul est fondé sur les augmentations prévues découlant des tendances démographiques actuelles et de la croissance annuelle moyenne du PIB de 1,8 pour cent d'ici 2026 (selon les estimations du Bureau du directeur parlementaire du budget et du Conference Board).

Cela signifie que les organismes de bienfaisance et sans but lucratif auront besoin d'environ le double de ce qu'ils reçoivent en dons aujourd'hui, pour répondre à la demande croissante de leurs services.

C'est ce que nous appelons le «déficit social» émergent. Si aucune action est entreprise, ce déficit se manifestera par une croissance des besoins non satisfaits. Le coût de l'inaction pour les contribuables sera élevé, compte tenu de l'énorme pression financière à laquelle les gouvernements devront faire face dans une décennie pour maintenir les services sociaux que les Canadiens veulent et sur lesquels ils comptent.

Qu'est-ce qui devrait être fait?

Les réponses se trouvent dans la compréhension des tendances démographiques, culturelles et économiques qui alimentent la demande; la valeur sociale et économique de donner aux organismes de bienfaisance une voix dans la politique macroéconomique et la nécessité de réformer les règlements régissant les organismes de bienfaisance.

Les facteurs derrière cette demande croissante sont nombreux: le vieillissement de la population qui nécessite une augmentation importante des services de soutien, les besoins de transition croissants parmi une population plus diversifiée d'immigrants et de réfugiés, les impacts du changement climatique sur l'environnement et les communautés et la demande croissante de services liés à la pauvreté.

La résolution du déficit social dépend en grande partie du déploiement de politiques économiques inclusives, équitables et respectueuses de l'environnement. Le Canada a besoin d'une croissance des revenus qui profite à un plus grand nombre de personnes, en particulier aux groupes marginalisés qui sont plus susceptibles de compter sur les services offerts par des organismes de bienfaisance.

Du point de vue de la lutte contre le déficit social, les politiques économiques visant à augmenter les niveaux de revenu en général ralentiraient simultanément la demande pour les services de bienfaisance et augmenteraient la capacité des Canadiens à donner.

Des discussions sérieuses ont lieu sur l'avenir de notre économie. Les Canadiens veulent un niveau de vie plus élevé que peut leur apporter une croissance économique inclusive. Les organismes de bienfaisance sont dans la position idéale pour travailler avec les décideurs, afin de créer des politiques économiques qui affectent davantage de Canadiens.

Les 170 000 organismes caritatifs et sans but lucratif du Canada excellent dans l'inclusion et créent de la valeur sociale dans des domaines allant des soins de santé aux services sociaux, à l'éducation, au développement international et à l'environnement. Avec un siège à la table des décideurs politiques, les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif pourraient apporter une contribution créative au développement de politiques gouvernementales intelligentes, qui maximiseraient la relation synergique entre ce secteur et l'économie en général.

Notre secteur est également pertinent pour les décideurs, car il constitue un moteur important de l'emploi et de la croissance, représentant 8,1% du PIB et une main-d'œuvre dépassant les deux millions. Le secteur représente également 13 millions de bénévoles qui donnent de leur temps et de leur talent pour aider les autres.

Les organismes de bienfaisance offrent au gouvernement un réservoir d'idées et de capacités pour faire avancer le bien-être général de la société. Dans l'état actuel des choses, cependant, les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif n'ont pratiquement aucune voix dans les politiques économiques. Ceci doit changer si nous voulons remédier au déficit social et protéger notre qualité de vie, qui fait l'envie de tous et qui est l'un pilier de la compétitivité du Canada dans l'économie mondiale.

La lutte contre le déficit social exige également de réformer le cadre réglementaire régissant les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif. Ces changements visant à moderniser la relation entre le gouvernement et les organismes de bienfaisance sont attendus depuis longtemps et sont nécessaires pour stimuler l'innovation dont le secteur a besoin pour améliorer l'efficacité et la qualité du service.

Il est important de fournir aux organismes de bienfaisance et aux organismes sans but lucratif de nouvelles façons de financer leurs activités. La priorité devrait être donnée à la création de nouveaux instruments d'investissement social ou d'équité sociale qui allégeraient les restrictions sur le revenu gagné dans le but d'améliorer la capacité de service.

Des mesures pour lutter contre le déficit social profiteront à des millions de Canadiens. Une croissance économique inclusive associée à une réforme réglementaire est essentielle pour maintenir la position du Canada en tant qu'un des meilleurs pays au monde pour vivre et y élever une famille.

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