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À la recherche du vote majoritaire

Il est très important de départager le vote en fonction de la langue pour bien déterminer quel parti peut bénéficier d'une avance dans les intentions de vote.
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Nous sommes en septembre 2006. Le gouvernement de Jean Charest reprend l'avance dans les sondages d'opinion politique. Depuis son élection en novembre 2005, le chef du Parti québécois, André Boisclair, dominait outrageusement dans les intentions de vote. Mais bien que les libéraux soient devant le PQ, les stratèges du gouvernement ne pavoisent pas trop, car ils savent que l'avance de 3 point des libéraux, ne leur permet pas de prétendre à la victoire. Les libéraux se souviennent trop bien qu'en 1994, ils n'étaient qu'à 0,4% du PQ et que celui-ci avait facilement formé le gouvernement en faisant élire 77 candidats souverainistes contre 47 fédéralistes.

Jean Charest et ses conseillers se souvenaient encore plus de 1998, alors que les troupes de Lucien Bouchard conservaient le pouvoir (76 députés contre 48) même si les libéraux avaient plus de vote au total que les péquistes.

Le sondage Léger de la fin de semaine dernière en est un bon exemple, car même si les libéraux de Philippe Couillard détiennent une avance appréciable de 4 points, les péquistes de Pierre Karl Péladeau feraient élire plus de députés.

• Parti québécois: 59 sièges avec 32% d'appuis

• Parti libéral du Québec: 53 sièges avec 36% d'appuis

• Coalition avenir Québec: 10 sièges avec 20% d'appuis

• Québec solidaire: 3 sièges avec 10% d'appuis

Donc comment expliquer qu'avec une avance de 4 points, les libéraux ne conserveraient pas le pouvoir, et que même leur chef serait battu dans sa circonscription de Roberval? Tout tient au vote francophone. Sans de bons scores dans les circonscriptions à majorité francophone, les libéraux ne peuvent pas espérer l'emporter, même de façon minoritaire.

Des 125 circonscriptions québécoises, 73 comptent au moins 90% d'électorat francophone. Bien sûr, plusieurs ont un long historique libéral, mais cela crée un large éventail de possibilité pour les partis qui joue habilement la corde nationaliste.

D'un autre côté, des 37 circonscriptions qui comptent moins de 82% d'électeurs francophones, aucune n'est péquiste. Deux sont solidaires, sur l'île de Montréal évidemment, mais sinon, ça laisse un bon fond de commerce pour les libéraux. Descendre en bas de 40 députés est d'ailleurs pratiquement impossible pour le Parti libéral du Québec.

Il est donc très important de départager le vote en fonction de la langue pour bien déterminer quel parti peut bénéficier d'une avance dans les intentions de vote.

Par exemple, dans le dernier sondage Léger, le Parti québécois étaient en avance de 13 points (39 à 26) chez les électeurs francophones. Le parti souverainiste se retrouve à la portée d'une majorité de siège à l'Assemblée nationale (objectif de 42% d'électeurs francophones), même si dans l'électorat total, il est en net recul face aux libéraux.

Aussi, avec les résultats du sondage Léger, on ne peut vraiment prédire qui prendrait véritablement les rênes du Québec. Car bien que les péquistes de Pierre Karl Péledeau auraient fait élire plus de députés, c'est à la Coalition avenir Québec que reviendrait l'importante balance du pouvoir.

Scénario 1

Le Parti québécois de Pierre Karl Péladeau et le parti Québec solidaire de Françoise David s'unissent pour former un gouvernement de coalition souverainiste. Toutefois, même en s'alliant, ils ne peuvent être majoritaires, car avec 62 élus, il manque un député pour former une majorité... De plus, imaginer une alliance Péladeau et solidaires, ça relève plutôt du fantasme lointain. Les possibilités de réalisation sont alors assez faibles, pour ne pas dire impossible.

Scénario 2

Le PQ et la CAQ font coalition pour former un gouvernement majoritaire (69 élus sur 125 à l'Assemblée nationale). Pour la mathématique, le compte y est, mais pour les idées politiques rien n'est moins certain... Imaginer les Éric Caire, François Bonnardel et François Paradis devenir ministres sous un gouvernement péquiste est encore là assez fortement improbable. Quoique les caucus ministériels portant sur l'état de l'appareil gouvernemental seraient tout à fait divertissants, entre sociaux-démocrates et conservateurs à tendance adéquiste. Ou de débattre du budget du ministère de l'Indépendance entre souverainistes et ... fédéralistes.

C'est aussi surtout que les seuls élus que la CAQ réussirait à sauver sont ceux de l'ancienne ADQ et de la grande région de Québec. Rien pour rapprocher les péquistes du parti de François Legault... qui serait d'ailleurs battu dans L'Assomption!

Scénario 3

L'un des scénarios les plus probables est plutôt que les élus de la CAQ se lient avec les libéraux pour former un gouvernement majoritaire par la peau des fesses (63 sur 125). Idéologiquement, il serait facile pour les élus caquistes de se tourner vers le gouvernement déjà en place, en prétextant que les électeurs ont voté majoritairement pour les libéraux et caquistes, avec 63 élus et, surtout, 56% du vote populaire. Les Bonnardel, Caire et Paradis pourraient faire leur entrée dans les cabinets ministériels. À noter que les deux chefs de la coalition gouvernementale ne seraient pas élus, a priori, à l'Assemblée nationale.

Il faut aussi rappeler que des libéraux tapent déjà du pied pour tenter d'amadouer des élus caquistes afin de régler la question avant qu'elle ne se pose en octobre 2018!

Scénario 4

Un autre scénario tout à fait plausible, mais moins excitant: la CAQ décide de ne pas appuyer de parti et elle prend le virage pour revenir à ces racines adéquistes, plus à droite. Pierre Karl Péladeau devient premier ministre dans un gouvernement majoritaire. Il va alors chercher des appuis de la CAQ sporadiquement et cela dure à peu près 18 mois.

Bien sûr, malgré les nombreuses allusions à l'indépendance, Péladeau est incapable de tenir un référendum et l'élection du printemps 2020 porte sur la question nationale. PKP joue alors son va-tout.

D'ailleurs, il est à prévoir que les libéraux joueront la carte du référendum lors de la ronde électorale de 2018 afin de polariser le vote et ainsi espérer la trentaine de sièges de comtés francophones nécessaires à une victoire majoritaire. Vous me direz que la cassette a déjà été utilisée à maintes reprises, mais elle s'est révélée d'une redoutable efficacité depuis 40 ans!

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