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On mêle les cartes en Alberta

Le parallèle entre l'Alberta et le Québec est frappant: ce n'est pas payant de précipiter les citoyens dans une campagne électorale trop hâtive.
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Depuis 49 ans, les électeurs de l'Alberta élisent des gouvernements progressistes-conservateurs. L'alternance du pouvoir dans le royaume du pétrole canadien, on ne connaît pas trop. Et avant cela, les Albertains élisaient le Parti créditiste. Donc sur l'échiquier politique en Alberta, on est assurément plus à droite et conservateur. Je ne crois pas vous apprendre grand chose pour le moment...

Pendant que les électeurs québécois attendent le choix final des péquistes, je me permets de bifurquer vers l'élection de nos cousins albertains. Car, pour une fois, il y a vraiment une course!

Le nouveau premier ministre, Jim Prentice, voguait allégrement dans les sondages et il menait la barque sur les flots tranquilles de la politique albertaine. D'autant plus qu'à la fin de l'année 2014, Danielle Smith, chef de l'opposition officielle, a décidé avec 8 autres députés du Wildrose de traverser le parquet pour renforcer la majorité progressiste-conservatrice. L'opposition se retrouvait sans chef et, surtout, complètement marginalisée.

Pendant ce temps, le prix du baril de pétrole a commencé à en prendre pour son rhume. L'économie de l'Alberta étant basée en très grande partie sur cette industrie, cela engendra le premier déficit pour la province depuis des décennies.

Le premier ministre Prentice profita donc du climat économique et, surtout, de l'apparente faiblesse de l'opposition, pour déclencher des élections. Une loi sur des élections à date fixe est pourtant en vigueur dans la province... et il semble que les électeurs veulent faire payer au nouveau PM son choix d'envoyer l'Alberta en élections.

Dès les premiers jours de campagne, le gouvernement a perdu son momentum. Pire, Danielle Smith, qui se présentait cette fois avec les progressiste-conservateurs, a perdu l'investiture dans sa circonscription.

Dans la capitale, Edmonton, ce sont les néo-démocrates qui ont pris la pole, et par beaucoup. À Calgary, ce sont les morts-vivants du Wildrose qui ressuscitent!

Si l'on se fie aux derniers sondages publiés, le Wildrose de Brian Jean formerait un gouvernement minoritaire (avec une quarantaine d'élus) avec devant eux des néo-démocrates comme opposition officielle (30 candidats l'emporteraient). Le PCP de Prentice, lui, ferait élire entre 10 et 15 candidats. Oui ça brasse en Alberta!

Mais il faut tout de même mettre des bémols. Lors des dernières élections, en 2012, le Wildrose menait allégrement les sondages. Toutefois, la prime à l'urne était revenue aux progressistes-conservateurs qui l'avaient facilement emporté. Une fois dans l'isoloir, les Albertains s'étaient gardé une petite gêne et étaient allés vers le confort : ce sont des conservateurs tout de même!

Donc, même si le PCP périclite dans les récentes intentions de vote, il faut aussi éviter de prédire trop vite la fin de règne des forces progressistes-conservatrices. D'autant plus que plusieurs luttes seront très serrées entre le parti au pouvoir et le Wildrose à Calgary, dans la nord de la province, et face aux néo-démocrates dans la région d'Edmonton. Le NPD de l'Alberta est la machine la mieux préparée dans l'opposition, avec des candidats partout, une chef bien ancrée, des cibles claires, une bonne avance dans la capitale, tandis que le Wildrose est fragilisé depuis le départ de la chef à la fin 2014. Le parti au pouvoir devrait sûrement pouvoir sauver des comtés sur le terrain, au jour J.

Qui aurait pu prédire que Jim Prentice aurait autant de difficultés en élections ? Le parallèle est frappant avec le gouvernement québécois de Pauline Marois : c'est elle qui avait déclenché les élections en espérant aller chercher un gouvernement majoritaire. Autant les Québécois que les Albertains démontrent que ce n'est pas payant de précipiter les citoyens dans une campagne électorale trop hâtive. Mais surtout, ce n'est pas donné à tous les politiciens de bien percevoir s'ils sont en pente ascendante... ou descendante!

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Yves-François Blanchet

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