Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Allons-nous importer de la viande halal?

L'industrie du halal est très porteuse dans les pays où l'on dénombre une présence musulmane même minoritaire. Malheureusement et contrairement à ce que croient beaucoup de gens y compris des musulmans, les consommateurs du halal sont souvent laissés pour compte à cause d'une industrie qui cherche à se faire de l'argent dans des segments de marché moins contrôlés et mal structurés et en l'absence quasi-totale de textes réglementaires qui normalisent la certification halal.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
MIGUEL MEDINA / AFP

De la viande halal pour tous et Des repas halals et casher sont les titres de deux articles répertoriés au Journal de Montréal au cours de la dernière semaine de février et de la première de mars 2012. On mange tous cachère est le titre qu'a choisi Reynaldo Marquez pour son article dans le Huffington Post Québec afin de contribuer au débat.

Comme il s'agit d'un sujet lié, directement ou indirectement, à l'Islam, certains médias québécois se sont de suite emparés de la nouvelle pour alerter sinon alimenter la controverse populaire. L'affaire de la viande halal dans un CPE et dans les prisons a évidemment occupé une bonne place dans le champ médiatique sur ses différentes plateformes.

En France

La fièvre électorale qui s'est emparée de la France autour du halal témoigne encore une fois d'une incompréhension ou d'une compréhension erronée des différentes facettes de l'Islam (religion, économie, relations sociétales...). Madame Marine Le Pen, comme à l'accoutumée, a trouvé le thème de ralliement de sa campagne en s'en prenant aux steaks et aux merguez, croyant qu'en s'attaquant au halal, elle peut ainsi régler tous les problèmes des Français.

On voit bien que les fausses polémiques de la France trouvent souvent écho ici dans notre Belle Province. Mais pendant que certains médias continuent d'enflammer le grand public avec des symboles exotiques, regardons le sujet sous un angle plus économique.

Sans vouloir entrer dans le labyrinthe de la justification religieuse et le bien-fondé de la chose, chacun est libre de manger ce qu'il veut et a le droit d'y avoir accès, pourvu que les produits qu'il consomme respectent la loi en termes de qualité et de salubrité des aliments.

L'industrie du halal est très porteuse dans les pays où l'on dénombre une présence musulmane même minoritaire. Malheureusement et contrairement à ce que croient beaucoup de gens y compris des musulmans, les consommateurs du halal sont souvent laissés pour compte à cause d'une industrie qui cherche à se faire de l'argent dans des segments de marché moins contrôlés et mal structurés et en l'absence quasi-totale de textes réglementaires qui normalisent la certification halal.

Les données sur le commerce international démontrent qu'il y aurait un marché potentiel des produits alimentaires halal de plus de 650 milliards de dollars dans le monde en 2010. Toutefois, il ne faut pas oublier, quand on parle du halal, que cette notion ne se limite pas uniquement à la seule catégorie de viande, mais déborde vers d'autres produits, dont nous vous épargnons les détails. En ce qui concerne la viande halal en particulier, elle constitue le principal produit à forte demande dans des pays à présence musulmane comme ici au Québec.

On évalue le marché de la viande halal au Canada, selon une étude réalisée en 2005 en Alberta, à plus de 214 millions de dollars annuellement avec une dépense moyenne par ménage musulman de 1623 $ par an, presque le double de ce que dépense un ménage canadien moyen. D'autres études avancent un chiffre de 1,9 milliards de dollars comme valeur du marché potentiel des produits alimentaires halal au Canada. Bien que les chiffres sont à prendre avec précaution, la valeur du marché pourrait même dépasser largement l'estimation qu'on en fait.

L'Union des Producteurs Agricoles rapporte que, depuis 2008, le Québec a perdu 23 % de sa production de bouvillon d'abattage et 10 % de ses fermes ovines. Un repositionnement de la filière pourrait ouvrir les portes sur un marché très porteur non seulement au niveau local, mais aussi au niveau mondial. À condition, bien sûr, que le Canada normalise ce label. La demande pour une viande halal canadienne est réelle, en particulier, de la part des pays du Golfe et du Moyen-Orient.

Au-delà des débats stériles qui divisent plutôt que de rassembler, qui appauvrissent plutôt que d'enrichir, de la viande halal, nous ne pourrons pas empêcher les Canadiens musulmans d'en manger. Et si ce n'est pas le Québec qui en produit, ça sera un autre pays qui en profitera. Car la nature a horreur du vide!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.