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Hé oui! Tous les parents ont besoin d'un break à un moment donné

S'il y a une constance dans la vie du parent moderne, c'est de se faire reprocher quelque chose par un inconnu sur Internet. La mode par les temps qui courent, c'est : « Lâchez votre cellulaire! »
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S'il y a une constance dans la vie du parent moderne, c'est de se faire reprocher quelque chose par un inconnu sur Internet. Pas de télévision avant le dodo. Pas de jouets violents. Ne pas uriner dans les buissons au parc. Ne pas faire du co-dodo. Ne pas laisser pleurer votre enfant plus de deux minutes trente. Faire vos propres quiches avec le restant de placenta. And so on and so forth. La mode par les temps qui courent, c'est : « Lâchez votre cellulaire! »

Il y a toujours un article de ce genre qui se retrouve sur ton mur Facebook, révélant que, shocking news, le parent d'aujourd'hui passerait plus de temps sur son cellulaire qu'à jouer ou surveiller son enfant. On rapporte que les enfants sont obligés de tourner la tête de leur parent avec force ou encore d'avoir à arracher directement le téléphone de leurs mains afin d'avoir quelques secondes d'attention. On raconte aussi que certains parents repoussent leur enfant à coups de pied ou lancent un sac d'Oreo au loin pour faire diversion afin d'avoir trois minutes pour compléter leurs hashtags. Peut-être qu'ici, on ne parle pas de parent poche parce qu'il ne lâche pas son cellulaire, mais juste de parent poche tout court?

Un article explique même que la nouvelle tendance du parent qui pitonne sur son téléphone sans arrêt a pour conséquence un nombre plus élevé d'enfants qui se blessent au parc. Please... Mon p'tit passe sa vie à tomber par terre parce qu'il court tout croche et ne regarde pas où il va. Parfois, c'est même moi qui le pousse! Just kidding... or am I?

Je suis le premier à l'avouer: lorsque je vais au parc et que mon enfant finit par jouer par lui-même, ben j'aime bien m'effouarer sur le petit banc de bois et sortir mon téléphone.

Donc, si je comprends bien, il faudrait que je donne TOUTE mon attention à mon enfant, et ce à chaque fois qu'il la réclame? Et s'il joue tranquille dans son coin, je devrais également me poster derrière lui et l'encourager sans arrêt tout en créant des médailles de félicitations faites avec de la laine et des cannettes de Coke pour chaque petite auto qu'il a vaillamment fait rouler? Mais agir ainsi ne ferait-il pas de moi un parent-hélicoptère (un autre type de parentalité à proscrire selon la tendance Internet) si je suis constamment autour de mon enfant pour l'aider, lui dire quoi faire et surveiller à ce qu'il ne se blesse pas? Ne vais-je pas commettre des erreurs irréparables si je suis constamment autour de lui, du genre le rendre incapable de gérer lui-même ses problèmes, le transformer en dendrophile solitaire, lui créer une dépendance aux colles en bâton Pritt ou autres trucs terrifiants de ce genre?

Je suis le premier à l'avouer : lorsque je vais au parc et que mon enfant, après l'avoir poursuivi en riant dans les jeux, le faire glisser, le balancer, s'amuser avec lui, finit par jouer par lui-même, ben j'aime bien m'effouarer sur le petit banc de bois et sortir mon téléphone. Mon enfant a son plaisir et moi le mien; et je me DOIS d'aller voir combien j'ai eu de likes pour la photo que je viens de poster, montrant mon enfant et moi alors qu'on soufflait des bulles de façon ludique. Parce que, entre nous autres, c'est un peu plate d'aller au parc. Et là j'entends déjà les eux autres s'exciter le poil des jambes (inexistants parce qu'elles sont toujours fraîchement rasées elles, elles ont le temps).

« Moi j'adore glisser avec ma petite Arabella et lui faire découvrir les vingt millions d'espèces de papillons qui habitent notre parc. »

« Moi je cours tout l'après-midi avec mes enfants, on joue à chat perché puis à la marelle avec de la craie bio que j'ai faite avec des ossements de dindon et ensuite nous rentrons à la maison pour boire un jus de kalé frais et manger du fromage cottage en forme de Elsa et Olaf. »

« Moi, je ne comprends pas cette dépendance au téléphone! Dans le temps de nos parents, il n'y en avait pas et c'était bien mieux! »

Heu... Calme-toi la self-indulgence. Oui, je suis d'accord qu'il faut allouer du temps pour jouer avec nos enfants et oui, nos parents et grands-parents nous ont élevés d'une façon différente, mais là, ne viens pas me faire croire que ta mère et ton père passaient leur sainte journée à jouer avec vous autres sans arrêt, riant aux éclats lors d'une partie de Monopoly amicale pour ensuite faire du baba ghanouj maison. Je serais prêt à mettre ma main au feu qu'à un moment donné, vos chers et tendres parents en avaient leur voyage de vous endurer et qu'ils avaient juste le goût d'avoir la paix cinq minutes.

Vous ne me croyez pas? Bon, comme d'habitude, je vais piger dans mes horribles souvenirs d'enfance pour vous prouver mon point. Voilà le tableau : je suis tout jeune, genre cinq ou six ans. Je suis souple et agile comme Nadia Comaneci. Je fais de la gymnastique le samedi matin, vois-tu, et je suis capable de faire la roue sans main, la split à moitié et faire la chandelle, c'est-à-dire me tenir sur les mains, la tête en bas, les jambes drettes comme un pic. Je suis bien fier de ce dernier move. Je passe la journée avec ma housewife de mère. Comme c'est une femme accomplie qui ne fait pas juste le ménage, elle extériorise ses talents artistiques par toutes sortes de moyens. Sa dernière passion? La sculpture. Elle s'est installé un genre d'atelier dans la cave et elle est justement à la besogne, à travailler sur sa sculpture. J'arrive en haut de l'escalier et décide que ça serait l'endroit idéal pour démontrer mes talents de gymnaste à ma mère. Je me mets sur les mains, les jambes dans les airs bien écarquillés avec peu de grâce.

« R'garde-moi maman! »

« Mmmm... »

Maman est ben occupée à gosser son p'tit bout de bois pour en faire un canard. Elle marmonne une réponse.

« R'garde-moi maman! »

« Mmm... »

« R'garde-moi là! R'garde c'que je fais! Maman! Maman! R'garde-moi maman! MAMAN! »

« Ouain...wow... »

« Maman! Maman! R'garde-moi la! R'garde moi mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh! »

Je sacre le camp en bas des marches, prenant bien soin de les toutes les cogner une à une. Je finis sur le tapis gris de la cave avec un beau gros cri de douleur et d'amour propre blessé. Maman lâche son canard, vérifie que je n'ai aucune blessure grave, puis me sermonne sur le fait de faire attention voyons donc puis me dit que ce n'était peut-être pas la meilleure idée du siècle de faire la chandelle au-dessus des marches de la cave. Elle me fait un câlin, offre un p'tit pot de yogourt avec des fruits au fond avant de me suggérer d'aller m'asseoir devant la télévision.

La leçon de cette histoire? Les parents de toutes les générations ont besoin d'un break a un moment donné, que ce soit avec la sculpture, un livre, un magazine, jouer à Candy Crush ou aller espionner les personnes avec qui t'allais au secondaire pour voir s'ils ont mieux réussi que toi. À chaque génération son passe-temps, faut simplement ne pas en abuser.

Bon, asteure que j'ai écrit tout ça, j'me sens bien obligé d'aller jouer avec mon p'tit. Et par « jouer », j'entends sortir la boîte de Lego et m'asseoir à côté de lui tout en regardant furtivement mon téléphone pour aller voir des vidéos de chats. #millennialsgeneration

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