Lorsque j'ai rencontré le pape François à sa première audience, le 20 mars 2013, j'étais, comme beaucoup, frappé par la différence de style avec son prédécesseur. Déjà la veille, à la messe d'inauguration, on avait été témoin de son arrivée en avance de l'heure et sans protection blindée. Sa façon de se pencher en dehors de sa voiture pour serrer les mains, baiser les bébés, étreindre les handicapés, etc., m'avait inquiété pour lui, et j'ai éprouvé de nouveau le même sentiment en voyant les photos de Rio.
Un homme humble
L'audience était différente de celle de Benoît XVI en 2005, à laquelle j'eus aussi le privilège d'assister. Benoît XVI est aussi un homme qui s'intéresse aux autres, qui sait converser (il m'a dit qu'il connaissait bien notre paroisse de St Paul à Rome, par exemple). Comme l'actuel pontife, il est humble et ne se prend pas au sérieux.
La différence entre les deux audiences fut symbolique. En 2005, dans la salle Clément VIII, il se trouvait le petit trône habituel où siège le pape, alors qu'en mars il n'y avait que deux chaises ordinaires placées au même rang devant tout le monde. En dans l'une des chaises siégeait le Patriarche œcuménique, Bartholomée de Constantinople. Onze siècles se sont écoulés depuis la dernière assistance d'un chef des chrétiens orthodoxes à l'inauguration d'une papauté. Nous nous sommes mis debout à l'arrivée du pape, mais le Patriarche est resté debout pour donner le discours de bienvenue. Or la symbolique est extrêmement importante pour le Vatican, et la symbolique de cette rencontre est de bon augure après "l'hiver de l'œcuménisme". (Les médias n'en ont pas fait écho, que je sache.)
Un style qui plait et déplait, mais pas de changement sur le fond
Voilà le style François. Ses gestes extrovertis d'ouverture œcuménique, de contact humain, d'humour, et ses paroles et actes humbles, ont un grand impact. Comme les foules énormes de Rio, je l'ai ressenti personnellement. Et cette symbolique est opportune.
Par contre, lors de la fameuse conférence de presse après les JMJ, sous le style effervescent se trouvait la même substance de ses deux prédécesseurs. On ne peut plus parler de l'ordination de femmes. Roma locuta, causa finita est - Rome a parlé, la question est close. Il ne peut juger les gays, et le pape donne bien sûr le bon exemple: "Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés" (Mt. 7.1). On pourrait faire mieux pour accueillir les catholiques divorcés, dit-il, mais comme pour l'homosexualité, point de changement de doctrine.
Ce qui froisse les catholiques conservateurs c'est apparemment le style de François, alors que Benoît XVI les réconfortait. Mais il faut toujours prêter attention à la substance. Quant aux "frères séparés", comme moi-même, je ne souhaite que du bien au pape François. Son nouveau style est le bienvenu, car si l'Église catholique romaine se portait mieux, toutes les églises en bénéficieraient. Des véritables progrès œcuméniques seraient mieux encore. Symboliquement, du moins, ça commence.
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