Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Du courage œcuménique

Nous devons saluer la décision courageuse de Sa Sainteté le pape Benoît XVI de prendre sa retraite et laisser le siège de Pierre à un autre. Alors qu'il commençait à montrer des signes de son âge, beaucoup craignaient de revivre les dernières années de son prédécesseur.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Pope Benedict XVI takes place for his weekly general audience on February 13, 2013 at the Paul VI hall at the Vatican. Pope Benedict XVI made his first public appearance Wednesday since the shock announcement of his resignation, sticking with his schedule by presiding over his weekly general audience. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE (Photo credit should read FILIPPO MONTEFORTE,FILIPPO MONTEFORTE/AFP/Getty Images)
Getty Images
Pope Benedict XVI takes place for his weekly general audience on February 13, 2013 at the Paul VI hall at the Vatican. Pope Benedict XVI made his first public appearance Wednesday since the shock announcement of his resignation, sticking with his schedule by presiding over his weekly general audience. AFP PHOTO / FILIPPO MONTEFORTE (Photo credit should read FILIPPO MONTEFORTE,FILIPPO MONTEFORTE/AFP/Getty Images)

Nous devons saluer la décision courageuse de Sa Sainteté le pape Benoît XVI de prendre sa retraite et laisser le siège de Pierre à un autre.

Alors qu'il commençait à montrer des signes de son âge, beaucoup craignaient de revivre les dernières années de son prédécesseur.

Il est évident que Benoît XVI n'a pas voulu qu'il en soit ainsi. Sa démission est un soulagement pour nous tous, et pour lui aussi.

De ce geste bien moderne, il donne à ses successeurs l'exemple à suivre.

Le jour de son inauguration, le 24 avril 2005, j'étais avec d'autres invités œcuméniques à sa première audience. Il entra dans la salle et nous nous levâmes. Immédiatement il nous fit signe de nous asseoir, avec un petit air embarrassé. Après son discours de bienvenue, il salua longuement chacun d'entre nous, avec une chaleur et informalité (à l'opposé du style de son prédécesseur ).

Je le revis à Notre-Dame de Paris, où encore le Pape fut simple, heureux semblait-il de saluer chaque représentant œcuménique. Il rit lorsque je lui souhaitais la bienvenue à Paris en allemand.

À LIRE AUSSI SUR LES BLOGUES DU HUFF POST

»

Marc Ouellet, l'héritage québécois d'un papabile, par Philippe Vaillancourt.

»

Réactions (imaginaires, mais presque réelles) à l'annonce de la démission du pape, par Serge Buy

» Les conservateurs ne sont pas ceux que l'on croit, par André Paul

» Le pape est-il victime d'un complot?, par Yanick Barrette

» Saint-Siège: encore une démission (après celle de 1294)! par Sophie Gherardi

» Qu'attendre après la démission du pape?, par Anne Soupa

» Joseph, au revoir et merci, par Christine Pedotti

La dernière fois que j'ai vu Benoît XVI c'était aux vêpres solennelles le 10 mars 2012, célébrées avec Monseigneur Rowan Williams, l'Archevêque de Cantorbéry qui vient lui-même de démissionner il y a six semaines. On aurait dit un autre homme. Il avait les traits tirés, malgré le plaisir évident qu'il éprouvait de retrouver son ami et consacrer avec lui la Basilique de Saint-Grégoire al cielo comme lieu commun de pèlerinage pour les catholiques et les anglicans. C'est de cette église qu'est parti en mission pour l'Angleterre devenue païenne saint Augustin, le premier Archevêque de Cantorbéry, envoyé par le pape Grégoire I en 597.

Alors que nos relations avaient pâti après l'introduction d'un "ordinariat anglican" ouvrant la voie au catholicisme romain à certaines personnes de tradition anglicane, ce geste important (qui inclut la permission aux anglicans de célébrer l'Eucharistie dans ce lieu qui nous est précieux) a marqué les esprits.

Chaque fois que j'ai eu l'honneur de le rencontrer, ce qui m'a frappé le plus, en outre de la puissance de son intellect qui n'a pas faibli, c'est l'humilité et la simplicité de Benoît XVI, qui ne manquait jamais de s'intéresser aux autres, les petits autant que les grands. Je salue cet homme courageux, et je prie que le Seigneur lui accorde une retraite paisible, et peut-être le loisir d'écrire encore d'autres livres importants qui embelliront une œuvre déjà imposante

Le prochain pape

Que pouvons-nous espérer du prochain pape? D'abord, il faut constater que l'Évêque de Rome est le premier des chrétiens, même si l'on ne reconnaît pas son autorité juridique ni sa"juridiction universelle". Par exemple, tout le monde se rappelle de l'unanimité des chrétiens derrière les efforts de feu le Pape Jean Paul II d'empêcher la guerre en Iraq en 2003. Pour les anglicans, le Pontife est le "premier parmi ses pairs" - primus inter pares. Il existe néanmoins entre nous une "communion imparfaite" établie par le baptême, c'est-à-dire, par Dieu. Donc, malgré tout, nous sommes ensemble, tous les chrétiens, et ce par l'action divine, qu'on le veuille ou non.

Voyons ensemble l'état du monde actuel, et la situation des Églises. Chacune est minée par des scandales et des schismes. Il y a une forte persécution de chrétiens dans certains pays, à laquelle les médias font la sourde oreille. Le Proche-Orient, terre de Moïse et Jésus, terroir des écrits bibliques, risque d'être vidé de ses chrétiens. Et des guerres, sans arrêt des guerres, des plus meurtrières, font des millions de morts et de blessés, et envoient des flots de réfugiés partout dans le monde. Et ce monde, la Terre, se dégrade sous nos yeux, victime des pollutions d'une population humaine toujours croissante.

Le billet de Pierre Whalon se poursuit après la galerie

5. Marc Ouellet (Canada)

Les favoris pour succéder au pape Benoît XVI

À ces grands défis, le christianisme a certainement son mot à dire, car nous croyons que c'est précisément dans ce monde incertain, violent, et obnubilé que le Verbe s'est fait chair. Nous autres chrétiens avons tous devant nous les questions posées par notre époque: le rôle des femmes dans l'Église et la société, les questions de sexualité, le pluralisme des religions, les changements radicaux engendrés par la technologie pour ceux qui y ont accès et le reste du monde qui veulent en avoir l'usage, les nouvelles questions soulevées par les recherches scientifiques, la montée des intégrismes chrétiens et autres, et j'en passe...

Certains, se faisant une certaine idée de la laïcité, veulent nous faire taire en excluant "la religion" des débats publics. D'où la nécessité de courage œcuménique, commençant par le nouveau pape à venir, car les chrétiens n'ont plus le loisir d'entretenir les divisions qui nous empêchent d'affronter les défis actuels. C'est en puisant dans notre tradition commune, le mandat qui nous vient du Christ, et aussi en saisissant les leçons de l'histoire unique de chaque confession, que nous trouverons les ressources nouvelles ou rénovées afin de faire face aux problèmes actuels avec compassion et amour.

Le nouveau pape aura du pain sur la planche. Il sied mal pour un évêque anglican de faire la leçon: il suffit de dire que les défis administratifs du Vatican sont bien connus. Nous autres accueillerons toute nouvelle ouverture, tout aggiornamento, que ferait le pontife, car lorsque Rome change, tout change.

C'est arrivé il y a cinquante ans après Vatican II. On l'a bien vu: le pape peut agir comme chef de tous les chrétiens lorsqu'il s'agit de questions qui nous préoccupent tous, et qu'il prend soin d'inviter tous les autres chrétiens à le joindre dans l'effort. Même la plus grande Église n'a pas les moyens pour faire face aux questions actuelles, et offrir une parole transformatrice. Mais il faudra du courage, un énorme courage. Celui qui osera trouvera à ses côtés non seulement une multitude de catholiques romains, mais une multitude encore plus grande de chrétiens et même d'autres personnes de bonne volonté.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.