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Twitter et Facebook sont de gros salons

Qu'on soit animateur de radio ou pas, on devrait réfléchir un peu plus avant de publier nos statuts et nos tweets, et s'assurer qu'on dirait la même chose en chair et en os.
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J'ai l'impression que les médias sociaux sont comme un salon.

Un gros salon Twitter où tout le monde qui te suit est ben effouéré sur le sofa et écoute ce que t'as à dire. Quand t'as fini, tout le monde se permet de te répondre, avec plus ou moins de gêne, parce que t'sé, on est dans le salon, entre nous autres.

On peut aussi écouter la TV en gang, dans le salon. On zappe pis on dit ce qu'on pense, sans filtre, sur ce qui joue dans la boîte à images.

«Maudit qu'elle est mal maquillée!»

«Estifi que c'est plate cette émission-là»

«Y'é ben cave l'invité»

Et je suis la première coupable. Je l'ai tweeté aussi ce genre de choses. Jusqu'à ce que je me rende compte que Twitter, c'est pas un salon. Si c'était un salon, l'animatrice mal maquillée de l'émission serait aussi présente, comme ses admirateurs et ses amies.

On se croit dans un salon, mais on ne l'est pas. Même si tu n'es pas animateur radio, vedette ou chanteuse, ce que tu écris sur Twitter, tout le monde peut le lire. Tu es donc assis sur ton sofa, ton cellulaire dans les mains, et tu as la possibilité de te faire lire par des centaines de milliers de personnes. Oui oui, même en bobettes dans ton lazy-boy, quand tu donnes ton opinion sur la cravate douteuse d'un animateur de gala, des milliers de personnes peuvent te lire. Pire, l'animateur à la cravate laide va surement te lire. Dur à croire, mais c'est ça. Toi, le no-name, tu vas pouvoir insulter un animateur connu, directement de ton lazy boy de Valleyfield.

Je le sais, l'ai appris à mes dépens.

Par contre, toi, le no-name, tu vas aussi pouvoir dénoncer, faire rire et avoir le pouvoir de faire changer les choses avec cette même tribune. Tu peux entrer en contact avec des politiciens, des artistes, des sportifs. Ce n'est pas rien quand même.

Mais le risque de dérapage est présent. En tant que parfait inconnu, en se croyant dans son salon et en ayant une telle tribune, on peut en dire des niaiseries. Encore là, je parle par expérience.

Pensez à tout ce que vous pouvez dire dans votre salon, t'sé quand vous êtes entre amis, une petite bière à la main. Pas toujours élégant et politically correct, hein ? Et bien c'est ce qui se passe avec les médias sociaux. On se croit entre amis, on se croit tout permis sous prétexte de la libârté d'expression. Pourtant, être libre de s'exprimer ne veut pas dire être complètement sans filtre, ça ne veut pas dire devenir un moron qui dit tout ce qui lui passe par la tête.

Oseriez-vous dire en pleine face à une animatrice qu'elle semble maquillée au gun à peinture? Oseriez-vous dire à un chanteur que sa voix sonne comme une vieille cacanne? Diriez-vous à une personne qu'elle vous donne le goût de lui vomir dessus? Non seulement oseriez-vous le dire, mais le feriez-vous face à cette personne, alors que 1 000 autres vous regardent et vous écoutent?

Sûrement pas. Peu de gens sont si méchants en personne. Les gens sont plus respectueux en chair et en os que sur le web, cachés derrière un écran qui leur sert de bouclier.

Même si vous le pensez, diriez-vous à votre entourage, à vos collègues, tout ce que vous dites à votre meilleur chum dans l'intimité de votre salon? Non.

Pourquoi le publiez-vous sur Facebook? Un statut Facebook, ça se partage, ça se prend en photo, ça se cite et ça peut faire le tour du Québec. Ça peut se rendre à votre boss, à vos beaux-parents, à la personne concernée et à vos enfants.

Il y a des centaines d'exemples. Des centaines de statuts et de tweets qui n'existeraient pas si l'auteur devait le dire face au destinataire, devant un public, micro à la main.

J'en ai sorti quelques-uns.

«Quelle conne, jamais vu une ignorante de même être élue!»

«Je n'ai jamais vu une telle platitude. Comment X peut-il faire une émission aussi merdique»

«Y mérite la mort !»

En s'adressant directement à la personne: «T'es juste une vache, ce que tu écris c'est de la marde»

Les médias sociaux peuvent blesser, passer des messages haineux et démolir des gens. Qu'on soit connu ou pas, on ne devrait pas se sentir dans son salon, derrière son écran.

Les médias sociaux, c'est aussi la vraie vie.

Qu'on soit animateur de radio ou pas, on devrait réfléchir un peu plus avant de publier nos statuts et nos tweets, et s'assurer qu'on dirait la même chose en chair et en os.

S'assurer qu'on est prêt à assumer nos opinions et les conséquences...

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Mai 2017

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