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Mon mea culpa, je suis raciste (VIDEO)

J'ai trois enfants noirs et je suis raciste.
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C'est tellement facile de dire que l'on n'est pas raciste tant que l'on n'est pas dans une situation précise qui «teste» notre seuil de racisme.

Tu dis que tu n'es pas raciste, mais tu n'as jamais eu à embaucher un candidat d'une autre couleur, à faire des accommodements raisonnables pour une autre religion, ton enfant n'est pas en couple avec une personne d'une autre ethnie et au travail ton entourage est plus blanc que blanc, ben je ne te crois pas.

Pour pouvoir dire qu'on est ouvert, qu'on ne juge pas, qu'on n'est pas raciste, il faut avoir été un minimum de fois testé.

Ce que je vais dire aujourd'hui et avouer est assez gênant. Je l'avoue, j'ai honte.

Après avoir discuté avec des amis sur le racisme, après y avoir réfléchi, après avoir lu le livre «Sommes-nous tous racistes?» j'en suis venu à la conclusion que je suis raciste.

J'ai trois enfants noirs et je suis raciste.

Ne me lancez pas tout de suite des roches, laissez-moi vous expliquer.

Pourquoi suis-je raciste?

Premièrement parce que je suis intolérante face aux autres religions. Je me suis rendu compte qu'en souhaitant que tous les signes religieux disparaissent de la fonction publique par exemple, je suis raciste. Renier les signes religieux et vouloir une uniformité, c'est être raciste. Je n'ai pas besoin de signes religieux, je n'ai pas de religion, donc je veux que tout le monde soit comme moi et vive sa religion chez soi, sans qu'elle soit présente au travail.

Je croyais que je ne l'étais pas, mais ce genre de pensée l'est.

Je suis aussi raciste parce que je n'interviens pas quand les autres ont des propos racistes. Voici un exemple, que plusieurs d'entre vous ont surement déjà vécu:

«C'était encore un gars qu'on ne pouvait même pas prononcer le nom. Eux autres, je ne suis pas capable.»

ou

«Ben oui, mais c'était un Indien, t'sé les Indiens...»

Vous pouvez remplacer «Indiens» par n'importe quelle autre nationalité ou groupe de personnes.

En laissant les gens avoir des propos comme ça autour de moi, en les écoutant et en ne les arrêtant pas je leur donne raison.

C'est difficile à s'avouer, mais je voulais le faire.

Et parfois, je pense moi aussi ce genre de choses.

J'ai des jugements gratuits, dans ma tête, sur des nationalités différentes de la mienne ou des religions. Je ne les dis pas, mais je les pense. Et à cause de ça, je suis raciste.

Avec mes préjugés, même si je ne les dis pas, je suis raciste.

Et c'est aussi ça le racisme, se dire «vraiment pas raciste» en public, mais avoir des propos qui le sont dans son salon ou entre amis.

C'est vraiment facile dire que l'on n'est pas raciste. Faire la réflexion et avouer que l'on a des propos discriminatoires, c'est plus difficile.

Et quand j'ai posé la question à des amis et à des connaissances, elles m'ont toutes dit qu'elles n'étaient pas racistes. Pourtant, de leur bouche, j'avais entendu des propos racistes ou des préjugés.

Un ami, qui ne l'est plus, m'a déjà dit, au sujet de l'adoption de mon premier enfant : «Un enfant noir? Y'avait pas d'enfant blanc de disponible? Je veux dire, pourquoi un enfant noir?»

Et quelqu'un de la famille a déjà dit: «Tu adoptes un gars noir, mais t'sé, à l'adolescence, as-tu pensé qu'il va être dans les gangs de rue et la drogue?»

Ouais, on m'a dit ça.

Le racisme et les préjugés, c'est pour tout le monde.

Et ne croyez pas que parce que vous êtes vous-même une minorité visible que vous n'êtes pas raciste. C'est faux. Le racisme et les préjugés, c'est pour tout le monde.

Peu de Québécois blancs, comme moi, ont déjà été victimes de racisme dans leur propre «pays». Pourtant, moi je l'ai vécu. Et quand on le vit, on s'imagine bien ce que les minorités visibles doivent «endurer» comme racisme au cours de leur vie.

Mon exemple:

Je vais dans une boutique africaine pour acheter des produits pour cheveux crépus. Je demande le prix pour un produit. On me donne un prix. Une femme noire achète le même produit, à la caisse le produit lui coute 35% moins cher que moi. Je demande pourquoi, on me dit que c'est assez «clair» en riant.

Il n'y a pas de couleur pour faire du racisme ou de la discrimination.

Et là, si vous avez envie de me traiter de tous les noms, je vous mets au défi de faire une petite introspection.

Parce que c'est cette introspection qui permet de se remettre en question. Ce n'est pas en clamant haut et fort qu'on n'est pas raciste, qu'on ne l'est pas. C'est en examinant ses propres comportements, sa propre pensée.

Demandez-vous si vous embaucheriez une personne étrangère, qui porte un signe religieux, si elle est autant, même plus qualifiée qu'une personne de «votre» couleur et nationalité.

Soyez franc avec vous-même.

Pensez à tout ce que vous dites, à vos propos, à vos préjugés.

Croyez-vous que certaines personnes sont moins intelligentes que vous? Que les habitants de pays pauvres sont moins intelligents parce qu'«ils se mettent eux-mêmes dans le trouble»?

Croyez-vous que les gens qui sont religieux sont moins intelligents que ceux qui ne le sont pas?

Accepteriez-vous que votre enfant soit en couple avec un musulman? Accepteriez-vous que votre fille se marie dans une autre religion? Accepteriez-vous que votre garçon soit en couple avec une femme qui est d'une autre nationalité et qui ne parle pas la même langue que vous?

Posez-vous les questions et réfléchissez.

Parce que c'est quand on se rend compte qu'on a des préjugés et que l'on a des propos racistes que l'on peut changer.

Et c'est mon cas.

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