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Le frette, la neige pis le verglas, je haïssais ça. De décembre à mars, je restais dans la maison à chialer et à sacrer contre ce maudit hiver sans fin. Aucun sport d'hiver ne m'avait séduite.
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J'ai toujours haï l'hiver.

Le frette, la neige pis le verglas, je haïssais ça. De décembre à mars, je restais dans la maison à chialer et à sacrer contre ce maudit hiver sans fin.

Aucun sport d'hiver ne m'avait séduite.

La raquette: c'est trop difficile. Trois quarts du temps je calle dans la neige. J'ai soit trop chaud, soit trop frette.

Le ski de fond: trop plate.

Glisser: trop bébé.

Ski alpin: trop cher.

Et finalement, il fait toujours trop frette pour marcher.

J'étais toujours mal habillée. Les tuques abîmaient mon brushing. Les mitaines et les manteaux chauds abîmaient mon look. Finalement, je gelais pendant 4 mois.

Quatre mois à chialer. Quatre mois à m'emmerder. Quatre mois à geler. Quatre mois à ne pas bouger. Quatre mois à me moucher. Quatre mois, c'est long.

Et puis, je suis devenue mère.

Quand tu es mère, peux-tu vraiment te permettre d'être quatre mois comme un ours grognon? Quatre mois à dire «Crisse j'ai frette» ; «Maudite neige» ; «Encore une calvaire de tempête». Non. Je ne voulais pas que ma fille haïsse l'hiver comme moi. Je ne voulais pas la voir devenir comme j'avais été pendant plus de 25 ans.

J'ai lu des textes destinés aux immigrants du genre «comment survivre aux hivers québécois» ou « comment aimer l'hiver». Ça a l'air niaiseux, mais quand tu es décidé, il faut ce qu'il faut.

Ma réconciliation avec le froid a commencé par l'achat d'une combinaison de neige. Oui oui, un pantalon de neige pour adulte. Ça faisait plus de 15 ans que je n'avais pas porté ça. J'étais surprise de voir qu'il se faisait maintenant autre chose que des one piece fluo. Je me suis ensuite affublée du kit complet de la parfaite «amoureuse de l'hiver» c'est-à-dire : manteau «Monsieur Michelin», cache-cou, tuque ultra chaude et pas si laide, bottes du même genre et mitaines assorties. Dans mes recherches on disait que plus on était au chaud, plus on risquait de se lier d'amitié avec l'hiver. Je n'ai pas pris de chance et je me suis acheté un magnifique ensemble de combines à trappe comme celui que j'avais à 3 ans.

Comble du positivisme, j'ai acheté deux crazy carpets rouges. Jamais je ne pouvais me douter que cet investissement de 8$ allait changer ma vie, à coup de descentes, 4 mois par année.

J'étais prête à briser des décennies de mauvaise entente entre moi et la pire saison de l'année.

Un midi j'ai habillé ma fille, j'ai enfilé mes vingt-trois morceaux, j'ai pris mon courage pis ma bonne humeur et je suis sorti. Hiver, watch out!

L'air était frais. Même après 5 minutes de marche il n'était pas froid comme d'habitude. Il était même doux. Pourtant, il faisait moins quinze.

PAF. Après même pas 6 minutes dehors j'ai glissé sur une plaque de glace. Assise le cul par terre, je m'attendais à sacrer. Silence. Ma fille rit. Je n'ai ni mal ni frette. Mes 3 épaisseurs de vêtements aidant à absorber le tout. J'accroche ma fille pour la faire tomber elle aussi. On est deux par terre sur le trottoir à rire comme des folles.

On se relève. On repart direction le parc, le crazy carpet dans les mains, sourire aux lèvres.

Je me rends compte que je fais de la fumée et je trouve ça cool. D'habitude je suis crispée et j'ai froid, là je profite du froid. Même le bruit de mes bottes sur la neige qui craque me semble une mélodie.

Au parc, plus je bouge moins j'ai froid. Je grimpe la côte. J'embarque sur le crazy carpet. À vos marques, prêts, partez!

Arrivée en bas j'ai les yeux pleins d'eau.

Maudits souvenirs. Je me revois avec mes frères au parc Renaud. Les sacs de plastique dans les bottes. Les cartons de boîte et les crazy carpet. Le vent d'en face. La noirceur qui arrive trop tôt. La bouche gelée. Les mitaines trempées, les joues rouges, le menton qui ne bouge presque plus. Ma mère qui nous oblige à rentrer. Les mains et les pieds qui dégèlent et picotent. Le bain chaud. Passe-Partout pis une soupe Lipton.

On remonte. On glisse. Le vent dans face. On remonte, on glisse jusqu'à épuisement. Le soleil part trop tôt. Il faut rentrer. Maudit.

Sur le chemin du retour, j'ai la goutte au nez. Je m'essuie avec ma mitaine. J'essuie le nez de ma fille. J'ai envie d'une soupe.

«C'était le fun maman»

On va avoir un bel hiver ma fille!

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