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On ne se connaît pas. Je n'ai même pas voté pour toi, en fait je n'ai voté pour personne. Je suis une citoyenne ordinaire. J'ai 36 ans (bientôt 37), trois, j'ai une petite compagnie, je gagne ma vie, je suis des cours de piano et de littérature puis j'écoute des vidéos de chats sur Facebook. Puis il y a eu le 19. On a présenté des images de toi avec ta femme et tes enfants. J'ai lâché mon biberon. Le petit a chigné, mais sans plus.
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Cher Justin, excuse-moi, Cher Monsieur le Premier ministre,

On ne se connaît pas. Je n'ai même pas voté pour toi, en fait je n'ai voté pour personne. Blasée de la politique trop souvent corrompue, et ne trouvant aucun parti qui répondait à mes valeurs, j'ai laissé toutes les cases du petit carton électoral vides.

Je suis une citoyenne ordinaire. J'ai 36 ans (bientôt 37), trois kids, j'ai une petite compagnie, je gagne ma vie, je suis des cours de piano et de littérature puis j'écoute des vidéos de chats sur Facebook et comme passe-temps, j'écris un peu. Comme là.

Je suis une Québécoise comme des milliers d'autres.

Le soir du 19 octobre, je donnais un biberon et j'ai décidé d'écouter la soirée électorale. Pour le fun, parce que de toute façon, je n'écoute pas Yamaska.

Je savais que c'était toi qui allait gagner. Tout le monde le disait. Tout le monde, comme tous les médias, tous mes amis qui travaillent dans ces médias-là. Même ma mère bloquiste le disait. Ce qui fait que je le savais. Majoritaire non, mais je savais anyway que tu allais finir assis sur le sofa du 24 Sussex.

Je ne te connais pas vraiment. J'ai bien vu quelques trucs passer sur toi dans les journaux et sur le net, mais sans plus. J'ai lu une partie de ton programme et de tes promesses. Quand même bon. Mais sans plus. Il y a l'histoire du pot avec laquelle je ne suis pas vraiment d'accord. Puis là, un membre de ton parti s'est fait pogner avec cette histoire de lobbyisme. Je ne me suis pas plus interessée que ça à toi. Je pense que si je t'avais croisé dans la rue, je ne t'aurais même pas reconnu.

Puis il y a eu le 19. On a présenté des images de toi avec ta femme et tes enfants. J'ai lâché mon biberon. Le petit a chigné, mais sans plus.

J'ai remarqué ta superbe femme avec ses grands cheveux longs bouclés qui te regardait avec des étoiles dans les yeux. J'ai vu ta marmaille. Des petits habillés comme des kids. Pas des petits qui serrent la main de leur père avant d'aller à l'école là. Non non, des vrais kids qui embrassent leur père et qui sont bien capables de morver sur sa chemise de premier ministre avant une grosse rencontre.

Puis je t'ai vu toi. T'étais beau. Je veux dire, tu parais bien. T'es pas mon genre, là. T'sé, je suis mariée. Mais tes cheveux étaient impecs, ta chemise aussi. T'avais un look de catalogue Harry Rosen sans l'attitude déplaisante du mannequin. Assis au milieu de ta famille, t'avais l'air cool.

T'avais l'air de ma famille, en plus belle, en mieux habillé. Ta femme était mieux peignée que moi, mais en gros, tu nous ressemblais.

Si on me redonnait le bulletin de vote ce matin, crois-moi Justin, je voterais pour toi.

Le soir même, dans mon lit, j'ai regardé les photos de ta victoire. J'étais obsédée. Pour une fois, la politique me ressemblait physiquement. Ce n'était plus une affaire de vieux mononcles qui prennent des décisions du siècle passé.

Comme je suis quand même réaliste, je me suis dis que je m'étais faite prendre par ta campagne d'image. J'étais tombée dans le piège. Après les élections, mais quand même tombée dedans. À cause des yeux brillants de ta femme, des chandails de tes kids et de tes beaux cheveux, je suis devenue libérale. Terrible, non?

Puis là, le lendemain, en me levant en tant que nouvelle libérale, je t'ai vu en train de serrer des mains au Metro Jarrry. Après, j'ai su pour ton appel à Barack. Pire, après j'ai vu le vidéo où tu parles à un partisan au sujet des journalistes.

Crisse Justin, tu veux vraiment que je regrette de ne pas avoir voté pour toi? C'est beau, je regrette. J'ai quasiment honte.

En fait tout ça est un méchant détour pour te demander une chose : voudrais-tu continuer à me faire regretter, ce matin-là, de ne pas avoir mis mon petit X à côté du Parti libéral?

S'il vous plait.

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