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Bernard «Rambo» Gauthier et le monde ordinaire écœuré

Si on ne veut pas qu'un Rambo-Trump-gars-frustré finisse par nous gouverner, il faudrait que les gens de tous les partis politiques, y compris celui au pouvoir, commencent à prendre en considération le monde ordinaire. T'sais, le monde ordinaire qui peut mal choisir qui le représente quand il est à boutte.
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Je suis une femme ordinaire. J'ai trois enfants. Un diplôme du cégep. Une maison en banlieue. Des amis ordinaires, eux aussi. Des connaissances politiques que je qualifierais d'ordinaire. J'ai un vocabulaire ordinaire. Je suis une citoyenne ordinaire. Je suis une femme ordinaire comme des millions de femmes québécoises le sont.

J'ai longtemps pensé que l'opinion des gens ordinaires comme moi valait moins que celles des intellos, des gens plus éduqués et des politiciens.

Puis un jour, je me suis rendu compte, en bloguant, que mon opinion de personne ordinaire valait autant que celle des autres. Que l'opinion et la façon de voir les choses ne valent pas plus ou moins selon qui on est. Chacun, à notre façon, nous formons notre société et ce ne sont pas seulement les intellos et les politiciens qui détiennent la vérité absolue.

Et puis dimanche, j'ai vu Bernard «Rambo» Gauthier à Tout le monde en parle. J'ai vu sa manière d'être méprisant envers les femmes et sa façon d'être grossier. J'ai vu un gars qui parle comme n'importe qui. Un gars qui me donne l'impression de sortir tout droit des années 60 où les femmes n'avaient pas leur place dans la société. J'ai vu un gars tanné des façons de faire en politique et du gouvernement. Je me suis demandé pourquoi un gars ordinaire et frustré comme ça participait à une émission de grande écoute.

Puis j'y ai pensé. J'ai réfléchi. Bernard Gauthier, c'est un peu tout le monde.

C'est un gars ordinaire, à boutte. Ça aurait pu être Karl de Chibougamau qui est écoeuré d'être sur le chômage la moitié de l'année; ou Chantal, de Boisbriand, qui en a plein son casque de ne pas avoir de services pour son enfant handicapé

Rambo, ça aurait pu être moi. Moi, qui suis écœurée de payer une fortune en impôts, mais de ne pas avoir de médecin de famille. Moi, qui suis dégoutée par les paradis fiscaux alors que je dois payer au privé pour avoir du soutien pour mon enfant TDAH. Moi qui ai le gout de vomir à voir les conditions de vie des personnes âgées en CHSLD alors que le gouvernement gère mal notre argent collectif.

Rambo m'énerve, mais Rambo, c'est chacun d'entre nous, les citoyens ordinaires. Ça ne veut pas dire qu'il nous représente, très loin de là, mais ça veut dire que nous, les gens ordinaires, on veut se faire entendre. On en a assez de ne rien dire. On est tanné de se faire fourrer par le gouvernement. On a envie de prendre les moyens pour que notre réalité se reflète dans le choix de notre gouvernement.

On ne veut pas se faire entendre avec un Bernard Gauthier, un représentant misogyne ou raciste, mais par un parti qui entend le vrai monde. Qui connaît la réalité du vrai monde. Du petit peuple que nous sommes.

Les hommes et les femmes ordinaires sont la société. C'est plate pour tous ceux qui trouvent qu'on n'est pas intellos, qu'on n'a pas l'air super intelligent avec notre vocabulaire de cégépiens, qu'on manque d'études, qu'on a des jobs ordinaires et qu'on ne vit pas à Montréal. Mais une grosse partie de la société québécoise, c'est ça. En 2012, les gens sans diplôme, avec un diplôme d'étude secondaire ou un DEP représentaient 50,4% de la population au Québec. Si on y ajoute les diplômés du cégep, on représente 70,6% de la population. Je dis «on», parce que je suis de ceux-là.

La majorité des Québécois sont donc du monde ordinaire, qui gagne en moyenne plus ou moins 49 51 0 $ par année; 25 % d'entre nous n'ont pas de médecin de famille, dans la province la plus imposée de leur pays, et en ont assez de la corruption, des paradis fiscaux et du gouvernement qui revient toujours du pareil au même. Chaque élection, on sent qu'on doit choisir pour le moins pire de la gang. Que personne ne nous représente vraiment. Qu'aucun parti ne comprend notre frustration à être si imposés et si mal servis au niveau des services.

Les mères ordinaires d'enfants ayant des défis particuliers sont tannées de se battre pour quelques heures de service de répit. Les parents ordinaires sont à boutte qu'on coupe dans leur école publique. Il sont découragés de devoir aller au privé parce que l'école secondaire de quartier est délaissée et que la moitié des élèves décrochent.

Les parents qui attendent de puis plus de deux ans pour avoir un médecin de famille ou un pédiatre pour leurs enfants et qui doivent aller au privé, sans quoi leurs enfants écopent, sont écoeurés de payer des impôts. Les travailleurs imposés sans bon sens, qui paient leur dû annuellement à la société et qui voient aux nouvelles qu'une fortune part chaque année dans les paradis fiscaux deviennent impatients et avides de changement.

La société, majoritairement composée de monde ordinaire, veut se faire écouter. Parce que non, la société québécoise, ce n'est pas que Montréal. Parce que non, la société n'est pas composée que de riches et d'intellos du Plateau.

Depuis l'élection de Trump, on a la preuve que les citoyens à boutte, le monde ordinaire, ça peut changer la donne. Que les citoyens à boutte ça peut faire changer bien des affaires. Et pas toujours pour le mieux.

Je pense que le monde ordinaire doit être entendu et écouté. Les écoeurements collectifs, la réalité du monde ordinaire, leurs peurs et leurs demandes, devraient être la priorité du gouvernement.

Si on ne veut pas qu'un Rambo-Trump-gars-frustré finisse par nous gouverner, il faudrait que les gens de tous les partis politiques, y compris celui au pouvoir, commencent à prendre en considération le monde ordinaire. T'sais, le monde ordinaire qui peut mal choisir qui le représente quand il est à boutte.

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