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Justin Trudeau au secours de la classe moyenne

Il est remarquable que le chef libéral ait choisi de justifier la création d'une nouvelle tranche d'imposition en demandant aux Canadiens «qui ont réussi» de redonner davantage.
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L'annonce par Justin Trudeau de son programme fiscal pour la classe moyenne semble avoir marqué les esprits. Il s'agissait de la première déclaration programmatique du chef libéral, laissant entrevoir l'existence d'une plateforme électorale substantielle, capable d'alimenter le débat politique lors de la prochaine campagne fédérale. À ceux qui en doutaient: il faudra compter avec les idées et les propositions des libéraux.

L'annonce libérale s'articule autour de deux propositions fortes.

Premièrement, en créant une nouvelle tranche d'imposition pour les revenus supérieurs à 200 000$, un gouvernement Trudeau espérerait générer 3 milliards de dollars de revenus supplémentaires et les redistribueraient à la classe moyenne en baissant directement le taux d'imposition pour les tranches de revenus comprises entre 44 000$ et 89 000$.

Deuxièmement, en fusionnant l'ensemble des allocations familiales et en annulant les mesures de fractionnement du revenu votées par les conservateurs, les libéraux augmenteraient de façon significative les mesures d'aide aux familles dont le revenu annuel serait inférieur à 150 000$.

L'élaboration d'une politique fiscale est toujours un exercice périlleux. Elle implique des prévisions conjoncturelles relativement imprévisibles et une anticipation des comportements qui reposent davantage sur la psychologie que sur la science économique. Le plan fiscal des libéraux n'y fait pas exception. Il a néanmoins le mérite de la simplicité et de la clarté : simplicité des mécanismes mis en œuvre, et clarté de son objectif, c'est-à-dire servir la classe moyenne.

Indépendamment des chiffres que l'on peut brandir à tour de bras sans qu'il ne soit jamais vraiment possible de les vérifier, une politique fiscale doit surtout être évaluée en fonction de la vision des rapports sociaux qu'elle encourage. De ce côté, le plan libéral signale un choix audacieux. En décidant de redonner de l'argent à la classe moyenne par le biais de baisses d'impôts et d'allocations directes, sans créer de nouveaux programmes sociaux ni augmenter la bureaucratie gouvernementale, les libéraux reviennent (enfin) aux principes fondamentaux... du libéralisme : confiance dans la capacité des individus et des familles à prendre en main les décisions qui leurs conviennent.

En augmentant les taxes pour les plus riches et en redonnant directement à la classe moyenne, les libéraux se distinguent ainsi à la fois des conservateurs et de leurs longues listes de cadeaux fiscaux offerts aux plus nantis, et du NPD, qui semble ne jamais pouvoir concevoir la moindre politique sans qu'elle nécessite toujours l'embauche supplémentaire de fonctionnaires, l'accroissement incontrôlé des dépenses ou la création d'un ministère.

Le choix des mots est également important pour apprécier une politique fiscale. Il est remarquable que le chef libéral ait choisi de justifier la création d'une nouvelle tranche d'imposition en demandant aux Canadiens «qui ont réussi» de redonner davantage à la société.

Loin de l'idéologie égalitariste qui ne voit dans l'existence de hauts revenus qu'une forme d'injustice, Justin Trudeau reconnait que l'immense majorité du fameux «1%» n'a pas obtenu son salaire dans une pochette surprise ou en «profitant» du système, mais plutôt, pour la plupart d'entre eux, en prenant des risques professionnels, en travaillant fort ou en poursuivant de longues études.

S'il est certain que la réussite d'une vie ne se mesure pas simplement à la taille de son portefeuille, il est tout de même nécessaire de promouvoir une politique fiscale qui ne décourage pas l'initiative entrepreneuriale et l'enrichissement individuel. Au lieu d'opposer les classes sociales les unes aux autres, comme le font trop facilement les conservateurs et les néo-démocrates, le plan libéral a donc le mérite de ne pas stigmatiser le 1%, qui contribue déjà à 20% de l'impôt sur le revenu.

Naturellement, le plan des libéraux n'est pas sans faille. Les «plus riches des plus riches» n'auront sans doute pas de peine à échapper à ce nouvel impôt en optant pour de nouveaux stratagèmes fiscaux. Par ailleurs, il est plus facile de redistribuer la richesse que de la créer... On attend donc avec impatience le volet économique du programme libéral qui devra convaincre les Canadiens qu'une croissance forte pour tous sera également à la portée d'un éventuel gouvernement Trudeau.

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