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Cégeps: pour en finir avec le débat entre utilitarisme et humanisme

Le cégep peut, en arrimant son développement aux besoins d’aujourd’hui et de demain et en évoluant constamment, nous mener encore plus loin comme société.
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Précisons la pensée qui sous-tend notre plateforme «Miser sur le cégep», dont il me faut d’abord souligner qu’elle ne reflète pas l’ensemble des préoccupations de la Fédération, mais plutôt un nombre limité d’enjeux.
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Précisons la pensée qui sous-tend notre plateforme «Miser sur le cégep», dont il me faut d’abord souligner qu’elle ne reflète pas l’ensemble des préoccupations de la Fédération, mais plutôt un nombre limité d’enjeux.

Ce texte a été écrit en réaction au blogue: Cégep: d'institution publique à organisation para-privée?

Dans un texte publié ce matin, des enseignants en philosophie du réseau collégial et membres de la Nouvelle Alliance pour la philosophie au collège (NAPAC) font une lecture de la plateforme que nous avons présentée aux partis politiques actuellement engagés dans la campagne électorale.

Elle semble prêter à la Fédération des cégeps des intentions qui contredisent sa vision du développement des établissements de son réseau. Il est dans l'ADN des cégeps de favoriser la réflexion, le débat et la prise de position des individus, c'est donc avec ouverture que nous accueillons cette opinion des enseignants de philosophie. Et c'est au nom de cette même liberté d'expression que je me permets aujourd'hui de préciser la pensée qui sous-tend notre plateforme «Miser sur le cégep», dont il me faut d'abord souligner qu'elle ne reflète pas l'ensemble des préoccupations de la Fédération, mais plutôt un nombre limité d'enjeux.

Circonscrire, sur cette seule base, la vision de la Fédération serait donc quelque peu réducteur.

La volonté de la Fédération n'est pas d'opposer la formation spécifique à la formation humaniste, en privilégiant la première au détriment de la seconde. Nous sommes toujours mus par la conviction que nous devons former, au collégial, des humains capables de pensée critique, de réflexion, de créativité et d'évolution. Le modèle du cégep, qui associe une formation générale à la formation spécifique, au préuniversitaire comme au technique, nous semble, plus que jamais, d'une grande richesse, d'autant plus que tout indique que, lorsqu'il est question de «compétences du futur», il s'agit en fait de compétences qui se développent dans le cadre de la formation générale.

Cette cohabitation de la formation générale et de la formation spécifique, la Fédération la fait valoir constamment, dans ses interventions publiques, dans ses publicités et même, à l'international où le modèle québécois est hautement valorisé.

C'est dans une perspective connexe que notre plateforme invite le prochain gouvernement à favoriser l'actualisation des compétences des travailleurs à travers des formations qualifiantes et transférables, données par les cégeps. Pour faire en sorte que les travailleurs n'acquièrent pas qu'une formation utilitaire dont la finalité serait limitée, mais bien un réel savoir sur lequel ils pourront bâtir tout au long de leur vie.

Peut-on ne pas inciter les entreprises à prendre en charge la formation de leur personnel en misant sur le cégep, de manière à assurer notre avenir collectif?

Il nous semble bien avisé d'insister pour que cette formation soit donnée par de véritables pédagogues, comme on en trouve dans les établissements de notre réseau. Le Québec accuse un retard certain en matière de formation de la main-d'œuvre, dans un contexte de vieillissement de la population et de baisse démographique. Peut-on réalistement ne pas inciter les entreprises à prendre en charge la formation de leur personnel en misant sur le cégep, de manière à assurer notre avenir collectif qui, faut-il le rappeler, dépend aussi de notre santé économique?

Le rapport Parent prévoyait déjà la nécessité de faire évoluer les compétences enseignées au cégep en fonction de la réalité socioéconomique du Québec. C'est ce principe qui guide les interventions et les prises de position de la Fédération, avec l'adhésion de toutes les directions des cégeps. Ce que nous disons vraiment aux partis politiques, c'est qu'il faut remettre l'enseignement supérieur — donc les cégeps et l'enseignement collégial dans toutes ses composantes — au cœur de la vie des Québécois et des Québécoises, comme l'a fait il y a 50 ans le rapport Parent.

Depuis plusieurs mois, à travers une déclaration commune avec le réseau de l'Université du Québec, et encore dans le cadre de notre tournée récente des équipes éditoriales des quotidiens, nous réclamons la mise en œuvre d'une stratégie nationale en enseignement supérieur.

Parce que nous croyons que le cégep a fait faire des pas de géant au Québec depuis les années 60 et qu'il peut, en arrimant son développement aux besoins d'aujourd'hui et de demain, en évoluant sans jamais y sacrifier son essence ou son âme, nous mener encore plus loin comme société. Et, pour y arriver, il nous faudra l'appui et les actions concertées des gouvernements, de la population, des entreprises, mais aussi de tous les membres de la communauté collégiale.

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