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Combat contre l'État islamique: Canada vs France, deux visions

Lors du dernier trimestre 2015, nous avons assisté des deux côtés de l'Atlantique à deux prises de position totalement différentes, décisions qui pour les citoyens canadiens et français paraissent sensées. Que peut-on en déduire ?
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Lors du dernier trimestre 2015, nous avons assisté des deux côtés de l'Atlantique à deux prises de position totalement différentes, décisions qui pour les citoyens canadiens et français paraissent sensées. Que peut-on en déduire ?

En décembre 2015, le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, affirmait que les avions de combat quitteraient l'Irak dans les six mois. Le 17 février 2016, la dernière mission était conduite ! Précédemment, 2.5% des frappes aériennes de la coalition avaient été menés par les avions canadiens, dont 98 % en Irak, et 2% en Syrie.

Un budget de 1,6 milliard de dollars était enfin alloué, dont 264 millions pour l'action militaire jusqu'à fin mars, 145 millions pour des missions de contre-terrorisme, 840 millions pour l'assistance humanitaire, 270 millions pour les réfugiés au Liban et en Jordanie, et 42 millions pour réorganiser la présence canadienne dans la région.

Le 27 septembre 2015, en France, c'est une position inverse qui était prise, alors que jusque-là l'armée française ne combattait les djihadistes du groupe État islamique qu'en Irak. Ce jour-là, la France décidait de frapper en Syrie, et cela sur la base de renseignements collectés au cours des opérations aériennes. Paris confirmait ainsi son engagement résolu à lutter contre la menace terroriste que constitue l'EI.

Alors que pour le Canada, le budget de ces opérations était assez clair, pour la France, qui consacre chaque année un peu plus de 32 milliards d'euros à son armée, le seul chiffre qu'on connaisse, c'est l'augmentation nécessaire de ce budget de 1 à 1,5 milliard d'euros par an.

Comment expliquer ces divergences ? Si on simplifie, le monde a besoin de gendarmes pour faire respecter une certaine loi économique, et surtout pour protéger les intérêts et la paix publique des pays créateurs des institutions internationales. Ces gendarmes forment en général une coalition afin d'arriver à leurs fins !

Pour le continent nord-américain, il est clair que le gendarme principal, ce sont les États-Unis. Pour l'Europe, c'est d'abord la France. Mais il est aussi clair qu'afin d'éviter des représailles ces gendarmes se doivent d'être épaulés par leurs voisins proches: le Canada pour les États unis, ses pays frontaliers et la Grande-Bretagne pour la France.

Et les voisins sont un élément clef. Il est évident que, pour la France, les attentats de 2015 sont en partie dus à une absence de prise de participation de la Belgique dans la guerre contre le groupe État islamique. Belgique qui était devenue le refuge des djihadistes, les élites politiques belges refusant de regarder la réalité en face ! En 1995, la France avait déjà connu les mêmes déboires avec un voisin dans sa lutte contre les terroristes algériens du FIS, ceux-ci trouvaient alors refuge en Grande-Bretagne.

Après les attentats du 22 mars à Bruxelles, les Belges sont bien sûr revenus à la réalité. Leurs avions de combat engagés en Irak dans la coalition anti-État islamique devraient participer, à partir de juillet prochain, à des frappes aériennes en Syrie.

Le premier ministre Justin Trudeau et son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, auront beau affirmer que nous ne sommes pas face à une véritable une guerre, et, qu'il n'y a en fait « aucune voie par laquelle l'État islamique peut gagner contre l'Occident », les Français, a contrario, ne cesseront de penser que l'objectif de l'État islamique n'est pas de gagner contre l'occident , mais de créer un État califat sur une zone relativement grande au Moyen-Orient, un territoire d'où il sera difficile de les déloger. Et c'est pour cela que l'EI a besoin de mener une guerre asymétrique chez nous !

Souvenons-nous que les Belges sont revenus à la réalité après avoir été frappés sur leur sol !

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