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Cyberattaque: tous coupables et victimes?

Une cyberattaque a perturbé pendant près de douze heures, le vendredi 21 octobre, de nombreux sites, dont Amazon, Twitter, Airbnb, Spotify, PayPal, le New York Times, etc. Les pirates n'ont en effet pas attaqué directement les sites des dites sociétés, mais ils ont manipulé et inondé les DNS, ces sociétés qui assurent la transmission des requêtes !
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Une cyberattaque a perturbé pendant près de douze heures, le vendredi 21 octobre, de nombreux sites, dont Amazon, Twitter, Airbnb, Spotify, PayPal, le New York Times, etc. Cette cyberattaque s'est attaquée à des prestataires de services. Les pirates n'ont en effet pas attaqué directement les sites des dites sociétés, mais ils ont manipulé et inondé, ce qui est stratégiquement intelligent, les DNS, ces sociétés qui assurent la transmission des requêtes !

En effet, en surchargeant les serveurs de requêtes, ils les ont saturés et les ont rendus indisponibles. Mais, ce qui est le plus inquiétant, c'est qu'ils y sont arrivés en prenant le contrôle d'objets connectés. Objets connectés dont nous raffolons tous !

Il est assez clair que nous sommes tous naïvement coupables, car aujourd'hui dans le monde, nous avons malheureusement tendance à réduire notre bonheur, à notre vitesse de connexion. Le plus souvent, ces échanges gratuits inconscients et permanents ont un prix énorme à payer, en avons-nous vraiment conscience ?

Nous sommes en effet entrés avec plaisir, et sans nous en rendre compte dans l'hyper numérisation du monde, dans l'infosphère ou l'imperio-numérique, et nous nous entourons de plus en plus d'objets connectés. Cette nouvelle vie algorithmique a pris subtilement la commande de nos vies. Nous sommes entourés de capteurs, et nous adorons tellement cela, que nous sommes tous devenus des collaborateurs actifs de cet « Imperio numérique ».

Demain, le système va nous suggérer à longueur de journée des décisions, des actions et bien sûr des consommations. Le système gérera aussi bien sûr nos dépenses et recettes, nos vies personnelles et nos économies.

Le système nous propose déjà, des films, des restaurants, des voyages. Nos véhicules, nos réfrigérateurs, nos baby phones, nos caméras de surveillance et nos compteurs électriques seront bientôt associés à nos décisions. N'en doutons pas, c'est eux qui conduiront bientôt nos vies ! Nos cellulaires n'étaient que le début !

Mais, ne vous trompez pas, les cyberattaques seront de plus en plus fréquentes, elles viseront bientôt les nerfs de la guerre, c'est-à-dire le système financier, les banques centrales, les systèmes de transports, les organismes sociaux et les fournisseurs d'énergies.

Nous sommes en effet entré dans cette puissance mutante «l'infosphère» ou l'imperio-numérique, un peu un septième continent hors-sol. Puissance mutante, gérée par des mégaentreprises supranationales, sans hommes politiques pour établir des règlements ou lois. L'info sphère (bases de données, datas brokers et corrélation des datas) a déjà pris le contrôle de la plupart des citoyens et de leurs empreintes numériques, cela sans contrainte, une guerre économique a été gagnée sans qu'aucune bataille n'ait été menée. Si cela n'était pas inquiétant, on pourrait dire bravo !

Enfin, il faut savoir que depuis 2010, l'humanité produit autant d'informations en deux jours qu'elle ne l'a fait depuis la palette de Narmer, 3200 av. J.-C. soit il y a 5216 ans.

Nous assistons donc sans sourciller à notre mise en données numériques et à celles du monde. 90 % des données ont été créées ces dernières années, et chaque jour nous continuons à télécharger entre 800 millions et 1,3 milliard de photos rien que sur Facebook.

Bien sûr, nous avons le sentiment d'être de plus en plus « heureux », car nous n'avons jamais eu accès à une telle production de contenus et d'informations, mais cela est disponible seulement à cause de notre volonté effrénée de mise à nue de nous-mêmes et de nos familles.

Ce nouvel individu, un homme augmenté de sa «mémoire numérique», vit déjà sous le regard de ceux qui collectent, corrèlent et analysent sans fin des données collectées sur lui. Données qui seront ensuite louées à des entreprises, des états, par des data brokers !

C'est certain, les « big datas » connaissent déjà aujourd'hui beaucoup mieux votre comportement que vous même !

Bien évidemment, depuis sa création dans les laboratoires de l'armée américaine dans les années 80 ce système de communication mondial et tentaculaire, lié à l'industrie du numérique est relativement sous tutelle des agences de renseignement, et de certains gouvernements. Lorsqu'on évoque la légende de la création dans un garage de telle société du numérique, on oublie de préciser que ce garage se situait peut-être sur un porte-avions américain.

Vous me direz que si on n'a rien à cacher, on a rien à perdre, bien sûr, mais cela n'est pas totalement vrai, pensez tout simplement à votre profil génétique, il est clair qu'il pourrait éventuellement vous nuire dans l'obtention d'un job, ou d'une promotion, ou auprès de votre prochain conjoint, car c'est clair, l'achat de tels médicaments, préservatifs, ou cigarettes ou bouteilles d'alcool, et la fréquence de ces achats, vos consultations sur internet, sont déjà dans les « big datas ».

Le seul défi aujourd'hui c'est de créer une machine dotée du sens commun et assez intelligente pour réaliser à peu près n'importe quelle tâche. Mais qu'adviendra-t-il si lorsque cette machine existera, on la dote de pulsions, comme la jalousie, l'envie, l'instinct de survie, ou le contrôle de son environnement ?

Il faut aussi savoir que la recherche de « connexions » entre le numérique et les neurosciences ne date pas d'hier : en 1950, le Perceptron était déjà capable d'apprentissage et s'inspirait du fonctionnement du cerveau. On en est aujourd'hui à « l'apprentissage profond » des algorithmes qui cherchent à reproduire le fonctionnement du cerveau humain que l'on peut résumer simplement à un réseau de cellules nerveuses, les neurones, qui sont connectés par des synapses. De surcroît plus le cerveau apprend, plus les synapses sont efficaces.

Un conseil pour avoir une idée de ce futur-là, lire « Super triste histoire d'amour» de Gary Shteyngart ainsi que «L'homme nu» de Marc Dugain et Christophe Labbé, dont je me suis aussi inspiré !

Conclusion

Un continent a vraiment besoin du numérique pour son développement; l'Afrique ! La téléphonie et Internet vont révolutionner les économies locales. Sur ce continent manquant cruellement d'infrastructures et de lignes téléphoniques, le numérique va permettre une croissance très significative de l'e-commerce et de l'e-administration. La téléphonie mobile omniprésente en Afrique (deuxième marché mondial en nombre d'abonnés) va multiplier les services, et les méthodes de paiements.

En occident, on peut et on doit accepter d'être sous surveillance dans notre vie professionnelle, l'utilisation des TI étant souvent indispensable à la réussite de votre entreprise. Mais il ne dépend que de nous de préserver notre vie privée. Pensez-y à chaque instant, et posez-vous toujours la question, avant de cliquer sur « entrée » : ai-je vraiment besoin de mettre cette information privée en ligne ?

Enfin, il est déjà trop tard pour ralentir la révolution numérique, l'être humain s'est déjà laissé contrôlé sans contrainte par les « big datas ». Bientôt la politique n'aura peut-être plus aucun pouvoir ou intérêt, car comme le dit déjà le président chinois, l'homme le plus important du monde, n'est pas le président des États-Unis, mais le président de Google, à cela il faudrait y ajouter les datas brokers ! Et, cela est confirmé par les paroles du patron de Microsoft qui a récemment affirmé, « le défi de l'homme sera de reprendre le pouvoir sur les données ».

Nous n'avons pas pris garde que la gratuité d'accès aux nombreux services du web fût largement conditionnée par l'échange inconscient, des données personnelles des utilisateurs. Il est déjà trop tard, les frontières de la sphère privée ont déjà disparu ou ont été déplacé, la transparence absolue est devenue maintenant la règle. Enfin, l'extension croissante des domaines de la vie connectée amène une parfaite prévisibilité, une certaine sécurité, mais aussi une diminution des libertés et de l'esprit critique. Si nous n'y prenons garde, nous serons tous demain des néo-robots humains intelligents, mais sans aucune liberté d'action ! Espérons que tout cela soit encadré, alors le méganumérique deviendra un vrai progrès.

Enfin, à mon humble avis, cette cyberattaque n'a peut-être pas été menée par les pirates « officiels » russes ou chinois, mais par des pirates de Wikileaks, ou de Snowden, tentant de monnayer l'impunité de leurs chefs !

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