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La question fondamentale qui devrait, selon moi, fonder toute notre action jusqu'à l'atteinte de notre objectif est donc celle-ci : le Québec doit-il demeurer une province du Canada ou devenir un pays indépendant?
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D'abord, réglons la question de la course au leadership. Je suis intervenu ici et , cet été, à propos de l'avenir du Parti Québécois et du mouvement souverainiste et, à chaque occasion, on me demande si j'interviens comme candidat dans la course à la chefferie. Je n'ai pas l'intention de faire semblant, donc je vous le dis ouvertement : oui, j'y pense et je m'y prépare. Mais ma décision n'est pas encore prise.

Ce dont je suis certain, par contre, c'est de ma volonté de continuer à travailler pour le Québec et pour sa liberté, de participer au débat d'idées qui se prépare au sein de notre formation politique. Avec bien d'autres, je réfléchis sur différents enjeux, allant de la réforme inachevée de notre système démocratique, à la fiscalité et jusqu'aux moyens concrets d'aider les familles de la classe moyenne à boucler leurs fins de mois.

C'est essentiel de mettre de l'avant des idées et des propositions claires pour répondre aux besoins immédiats des Québécois et des générations futures. On doit continuer à le faire et on va s'y atteler dans les prochains mois. Mais on devra, d'abord et avant tout, s'assumer pleinement comme indépendantistes.

Notre première tâche, c'est de définir clairement notre plan de match en ce qui concerne l'avenir du Québec. Bien sûr, nos adversaires vont nous taxer de « déconnectés » parce que nous parlons d'indépendance. Il faut les ignorer. Si nous voulons être entendus des Québécois sur tous les autres enjeux, réglons d'abord la question fondamentale de notre raison d'être comme parti.

Un plan

La franchise nous oblige à admettre que la route pourrait être longue, ne serait-ce que parce que nous sommes assurés d'être pour au moins quatre ans dans l'opposition. On peut s'en désoler et baisser les bras, on pourrait être tentés par la fuite en avant ou, au contraire, on peut saisir l'occasion de nous renouveler et de nous donner un plan de longue haleine pour réaliser notre objectif. Avec une course à la direction et la définition d'un nouveau programme, l'occasion ne sera jamais aussi belle.

Le point de départ de ce plan devra aussi en être le point d'arrivée, c'est-à-dire, la question que nous voudrons poser aux Québécois à l'occasion du prochain référendum. J'ai abordé le sujet à mon retour d'Écosse, en mentionnant que la question écossaise était claire. Au-delà de la tentative pathétique de Stéphane Dion de tout ramener à son absurde loi fédérale sur la clarté (Jean-François Lisée lui a d'ailleurs rivé son clou ici), ce qui doit nous intéresser, c'est de jeter les bases intellectuelles de ce plan pour réaliser l'indépendance.

Quel est le choix fondamental qui se pose au peuple québécois en ce qui a trait à son avenir politique? Comme le Canada a rejeté très clairement toute possibilité de réformer le statut politique du Québec, le choix se résume à deux possibilités : demeurer une province du Canada ou devenir un pays indépendant.

Le provincialisme

Dans le débat sur l'avenir du Québec, on oppose depuis longtemps les souverainistes aux fédéralistes. Je préfère, pour ma part, le terme indépendance à celui de souveraineté. D'abord, parce que le mot indépendance ramène à une notion courante de la vie de tous les jours. L'indépendance, c'est le contraire de la dépendance. Ça signifie la liberté de faire nos propres choix et la responsabilité de les assumer complètement.

Ensuite, parce que le mot indépendance est reconnu partout dans le monde. On réfère à l'indépendance américaine, par exemple. Finalement, parce que le terme de souveraineté sert en quelque sorte à atténuer la portée de notre projet, une timidité qui n'a plus sa raison d'être. Notre objectif, c'est que le Québec prenne lui-même ses propres décisions, donc qu'il devienne un pays indépendant.

Face à nous, il y a ceux et celles qui veulent que le Québec demeure une province canadienne. Une province canadienne comme les autres. Une province qui se fait imposer une Constitution et une Charte. Une province qui subit les décisions unilatérales d'Ottawa en matière de contrôle des armes à feu, de valeurs mobilières ou de nomination des juges. Une province qui se fait imposer le passage sur son territoire du pétrole bitumineux sans son consentement et au détriment de ses intérêts nationaux. Face à nous, il y a ceux et celles qui défendent le maintien du statu quo pour le Québec, ceux et celles qui voudraient qu'on se contente de subir ces décisions sans réagir, ceux et celles qui souhaitent que le Québec demeure un sujet de la Couronne britannique. Bref, il y a ceux et celles qui souhaitent que le Québec demeure une province canadienne soumise aux décisions d'Ottawa, soumise aux décisions d'une autre nation. Des provincialistes.

La question

La question fondamentale qui devrait, selon moi, fonder toute notre action jusqu'à l'atteinte de notre objectif est donc celle-ci : le Québec doit-il demeurer une province du Canada ou devenir un pays indépendant?

C'est en répondant à cette question que nous arriverons à convaincre une majorité de Québécois d'embarquer avec nous. C'est là notre tâche principale des prochaines années et, peut-être même, de la prochaine décennie. Nous devons faire la démonstration systématique de ce que sera l'avenir du Québec, des Québécois, de toutes les régions, de toutes les générations et de toutes les origines, selon que le Québec demeure une province ou qu'il devienne un pays indépendant.

Comme province, que seront les lois qui vont nous régir, qui vont encadrer notre vie en société? Quel code criminel, quels soins de fin de vie, quelles valeurs communes, quelle langue et même, quelle histoire nationale? Qu'est-ce qui sera différent dans un pays québécois? Quelle constitution, quel régime juridique, quelle démocratie pour la république québécoise ?

Comme province, de quoi sera composé notre avenir économique et financier? Va-t-on continuer dans cette obligation que nous avons de quémander plus de transferts à Ottawa, de nous adapter à la fiscalité fédérale, de financer deux bureaucraties et la monarchie, de financer l'industrie de l'auto en Ontario, de faire avec une politique industrielle toute tournée vers le pétrole, de financer la construction de navires sans aucune retombée pour nos chantiers maritimes? Qu'en sera-t-il dans un Québec indépendant? Quel type d'économie, quels types d'industries, comment nous donner un État plus efficace, plus juste, plus riche?

Comme province, comment pourrons-nous éviter l'affaiblissement politique qui découle de la réduction de notre poids démographique dans le Canada? Le Canada dans lequel la place du français ne cesse de diminuer, par ailleurs... Sur la scène internationale, comment se résoudre à accepter que le Canada parle en notre nom, négocie en notre nom, selon son bon vouloir, avec une vision qui n'est clairement pas la nôtre?

L'indépendance nous permettra de débattre de notre vision du monde, selon ce que nous sommes et ce que nous souhaitons. Comme province, on est liés par les décisions d'Ottawa. Comme pays, on devra se poser de sérieuses questions: quels seront les fondements d'une politique étrangère québécoise? Quelle sera notre contribution à l'ONU, à l'OMC, à l'UNESCO ? Notre rôle à l'OTAN ? Quels gestes poserons-nous pour appuyer la coopération internationale, notamment pour l'avancement des droits des femmes et le développement économique coopératif? Quel rôle jouerons-nous en matière de lutte aux changements climatiques? Quelles actions poserons-nous pour renforcer la place du français dans le monde? Quelle contribution le Québec peut-il apporter au débat mondial sur l'eau potable, enjeu stratégique et vital de notre siècle? Et ce ne sont là que quelques-unes des questions sur lesquelles un Québec indépendant sera appelé à se prononcer. Avec nos mots, notre vision, en fonction de ce que nous sommes et de ce que pouvons, ce que nous devons, apporter au monde.

Répondre à ces questions et à toutes les autres, c'est un immense chantier qui nous prendra des années. Et il y a là un changement de paradigme important. Car, depuis des années et des années, nous avons accepté de porter tout le fardeau de la preuve dans le débat sur l'avenir du Québec. Nous devions faire la preuve que l'indépendance serait bénéfique pour le Québec. On doit continuer à définir les grandes lignes de ce que pourra être un Québec indépendant. On doit répondre à ces questions. Mais nous devons également obliger les provincialistes à défendre leur option, à décrire ce que sera l'avenir du Québec en tant que province. Le fardeau de la preuve incombe aussi aux provincialistes et franchement, il me semble beaucoup plus lourd à porter que le nôtre.

Voilà la tâche qui nous attend. Elle sera longue, elle sera ardue, mais elle sera aussi exaltante. Elle nous mènera à un grand moment démocratique où nous pourrions poser la question suivante aux Québécois.

Voulez-vous que le Québec :

  • demeure une province du Canada?
  • devienne un pays indépendant?

Provincialiste ou indépendantiste?

L'ouverture et la fierté

En juin dernier, j'appelais les indépendantistes de tous les horizons à se joindre en masse au Parti Québécois, à prendre leur carte de membre pour participer aux grands débats d'idées des prochains mois et des prochaines années. Il faut le redire à tous les indépendantistes, blasés, pressés, moins pressés, déçus, lucides, solidaires, verts, impatients, nationalistes, internationalistes : investissez le PQ. Que tous ceux et celles qui ont voté pour un autre parti, qui sont restés à la maison, qui ont laissé tomber, prennent ou reprennent leur carte de membre et viennent brasser la cabane. Ensemble, on va bâtir le nouveau PQ.

Quand je dis nouveau, je pense à ce que nous devons faire pour transformer notre parti, le mettre en phase avec notre époque. Mais je pense aussi aux débuts de notre mouvement qui carburait à la fierté. On doit retrouver cette force de conviction en assumant fièrement ce que nous sommes avant tout : des femmes et des hommes qui veulent réaliser l'indépendance. Les prochains mois et les prochaines années offrent une occasion en or de renouveler nos idées, mais, aussi, notre état d'esprit en présentant l'indépendance de façon beaucoup plus positive et en nous donnant un plan pour la réaliser.

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