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Plus on coupera en santé, plus nos infrastructures seront sales et contaminées

Faut-il vraiment passer au bistouri jusqu'au budget des soins directs aux patients, leur disponibilité et leur qualité? En d'autres termes, faut-il aller jusqu'à couper dans la salubrité et l'entretien des installations et dans le personnel soignant et d'entretien qui sont à la base d'une bonne qualité des soins?
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Il y a quelques jours, une patiente de l'hôpital Fleurimont, une composante du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, a contracté la légionellose. Elle était hospitalisée au 7e étage pour traiter son cancer. À la suite de son infection, elle a été admise d'urgence aux soins intensifs de l'établissement pour stabiliser son état.

La bactérie legionella pneumophilia a été détectée dans la salle de bain de sa chambre. La cause du problème était le chauffe-eau ou la tuyauterie. Naturellement, on n'a guère tardé à désinfecter sa chambre, sa toilette et le réseau d'eau de l'hôpital.

Cette histoire ressemble à une autre vécue à l'été 2012 dans la capitale québécoise. La Maladie du légionnaire a contaminé 180 personnes. Treize en sont mortes. Le bassin d'incubation microbien n'était nul autre qu'une tour de refroidissement du Complexe Place Jacques-Cartier.

Techniquement, une tour a pour mission « d'évacuer vers le milieu extérieur la chaleur issue de systèmes de refroidissement (climatisation ou procédé industriel) en faisant circuler de l'eau chaude dans un flux d'air. C'est un échangeur de chaleur entre l'eau et l'air ambiant», pour reprendre la description de Wikipédia. En termes plus simples, elle est à la base du système d'aération des édifices publics.

La légionellose ne se transmet pas d'une personne à une autre.

La fameuse bactérie se retrouve naturellement dans l'eau douce des lacs et des rivières ainsi que dans le sol. Elle se multiplie en période de beau temps, soit à une température variant entre 25 et 42 degrés Celcius. Ce n'est cependant pas cela qui est à l'origine des problèmes vécus à Sherbrooke et Québec et qui pourraient surgir de nouveau ailleurs au Québec.

Les principaux lieux d'infection sont, de manière particulière, les installations de production et de distribution d'eau chaude - comme les chauffe-eau, les robinets et les douches -, les tours de refroidissement et les appareils de thérapie(s) respiratoire(s) qui génèrent des aérosols.

Ainsi donc, la contamination de l'humain par la sournoise «bibitte invisible à l'œil» prend sa source dans l'eau ou les vapeurs qu'elle produit. Elle se fait par inhalation de gouttelettes d'eau infectées en suspension dans l'air.

En France, la legionella pneumophilia est présente dans 30 à 60 % des prélèvements d'eau chaude sanitaire réalisés, notamment, dans les hôpitaux.

Pour limiter le développement des légionelles, il est nécessaire d'assurer une bonne hygiène des équipements. Et pour cela, il faut du personnel disponible et compétent pour le faire.

Les coupes budgétaires du gouvernement Couillard se font déjà sentir dans le réseau de la santé publique du Québec. Le premier ministre dit à tous qu'aucun service aux citoyens ne sera amputé, mais il n'a pas parlé de la qualité de ceux-ci et de leur disponibilité.

Dans le cas de la qualité, l'entretien des infrastructures des centres de santé, incluant les hôpitaux, CHSLD et CLSC, laisse à désirer. Et pourtant, elle devrait être exemplaire dans ces lieux qui accueillent des personnes malades et vulnérables.

On n'a qu'à entrer dans un centre d'accueil ou à l'urgence d'un hôpital et regarder les bouches d'aération pour se rendre compte qu'elles ne sont pas souvent nettoyées. Pourtant, la majorité des gouttelettes de poussière et d'humidité passe par là.

Combien de fontaines à eau et glace sont encrassées? Il suffit parfois de scruter les appareils pour en avoir la nausée.

À ce que j'entends, la population est en général assez d'accord avec l'idée gouvernementale de rationalisation des dépenses. Chacun comprend que la situation financière de l'État québécois est précaire avec sa dette de 181G$. Ce n'est plus un secret de polichinelle, la belle province est la plus endettée au Canada.

Pour le système public de la de santé, les Québécoises et Québécois ne disent pas non à une diminution du nombre de cadres, à la disparition des agences régionales de la santé et des CSSS qui sont des modèles administratifs coûteux et peu performants.

Ils le sont beaucoup moins avec la coupure du nombre de soignants dans le réseau public de la santé, comme les médecins, les spécialistes, les infirmiers, les préposés aux bénéficiaires et le personnel d'entretien, et la fermeture de lits dans les hôpitaux et CHSLD. Quand on se retrouve en première ligne avec un proche malade ou pour soi, on veut être soigné. Quand on entre à l'hôpital, on craint de plus en plus d'être contaminés par diverses bactéries, notamment des maladies nosocomiales.

Faut-il vraiment passer au bistouri jusqu'au budget des soins directs aux patients, leur disponibilité et leur qualité? En d'autres termes, faut-il aller jusqu'à couper dans la salubrité et l'entretien des installations et dans le personnel soignant et d'entretien qui sont à la base d'une bonne qualité des soins? Poser la question c'est déjà un peu y répondre.

Et l'avenir ne s'annonce pas rose. Le gouvernement de Stephen Harper a spécifié, à la suite de l'expiration de l'accord fédéral-provincial sur la santé, en 2011, que les transferts vont croître de 6% par année jusqu'en 2017 et que, par la suite, ils seront liés à la croissance économique et à l'inflation. Selon l'ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, cela amènera des transferts autour de 4%. Ce sera insuffisant pour combler les besoins.

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