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Pour contrer sa crise démographique, le Canada a un urgent besoin des victimes de conflits armés

La société canadienne manquera de plus en plus de travailleurs après le départ à la retraite de sa population en âge de se retirer de la vie active.
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Tout comme l'Allemagne et plusieurs autres contrées d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord, la société canadienne manque de plus en plus de travailleurs pour combler de nombreux emplois vacants - ou qui le seront - suite au départ à la retraite de sa population en âge de se retirer de la vie active. Année après année, la crise démographique canadienne s'accentue.

Près de nous, l'Institut de la statistique du Québec publiait, il y a peu de temps, des données alarmantes.

Si rien ne change, en 2023 on comptera dans la Belle Province autant de citoyens de 65 ans et plus que de jeunes de moins de 20 ans.

En 2036, l'âge moyen en Gaspésie sera de 52 ans, et de presque 50 ans en Mauricie. Cette année-là, plus de la moitié des Québécois vivront dans la grande région de Montréal.

En ce moment, l'agglomération à l'âge médian le plus élevé au Canada est Québec, la capitale québécoise, berceau de notre patrie.

Enfin, même si elle augmente d'une année à l'autre, on reste au pays avec une population de plus en plus vieillissante.

Le problème n'est point isolé à notre immense territoire.

Pour contrer son problème démographique, l'Allemagne espère accueillir 800 000 nouveaux arrivants cette année. Là-bas, le taux de chômage est à son plus bas depuis sa réunification (6,4%), le 3 octobre 1990. En ce moment, on a un urgent besoin de 140 000 ingénieurs, programmeurs et techniciens, d'artisans, d'employés pour le secteur de la santé et l'hôtellerie. 400 000 places d'apprentissage pourraient rester libres en 2015. Selon l'Institut Prognos, la pénurie pourrait être de 1,8 million d'individus en 2020 et atteindre un sommet de 3,9 millions en 2040, si rien ne bouge.

Les migrants en fuite, notamment ceux de Syrie et d'Irak, sont une ressource précieuse pour nos entreprises en manque de relève: ces gens sont assez jeunes et possèdent pour la plupart de bonnes qualifications.

Comme le spécifiait le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, en poste depuis le 1er novembre 2003, l'arrivée de réfugiés pourrait être «à moyen terme un élément de renforcement de potentiel de croissance» économique.

Et puis, pour reprendre les propos d'Ulrich Grillo, président de BDI (Bundesverband der deutschen Industrie), la fédération allemande de l'industrie: «Si nous arrivons à les intégrer rapidement dans le marché du travail, nous aiderons les réfugiés, et nous nous aiderons nous-mêmes».

Le Canada a tout intérêt à accueillir les victimes de la guerre et tous les jeunes de la planète qui rêvent de s'établir chez nous. Aider de manière humanitaire les réfugiés et ouvrir nos frontières plus facilement à la jeunesse mondiale, c'est aussi contribuer à régler en partie notre crise démographique. Il faut savoir profiter de l'opportunité qui se présente à nous.

Pour cela, le gouvernement canadien doit budgéter davantage d'argent pour accueillir et préparer ce flot humain à se lancer dans l'économie et l'ordinaire de la vie du nord de l'Amérique. Ces gens devront apprendre une des langues officielles du pays - souhaitons que ce soit le français - et s'adapter aux normes professionnelles d'ici.

L'actuel gouvernement fédéral, dirigé par Stephen Harper, a annoncé une aide humanitaire pour les victimes du conflit en Syrie. Le ministre du Développement international du Canada, Christian Paradis, a créé un fonds d'urgence pour venir en aide aux Syriens qui fuient les bombes et les mitraillettes. L'argent promis sera certainement utile, mais c'est surtout sur un accueil beaucoup plus rapide des immigrants qu'il faut miser.

Le Parti libéral de Justin Trudeau l'a compris. Pour lui, il faut accélérer le pas. S'il est élu le 19 octobre, il s'est engagé à investir 100 millions de dollars en 2015-2016 afin de traiter de manière plus expéditive les demandes des migrants des régions troubles.

Comme le disait, il y a quelques jours, le Français Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, au magazine Le Point: «La situation de ces Syriens est sans ambiguïté: ils n'ont d'autres choix que de mourir sous les coups d'el-Assad ou de Daesh [NDLR: le nom donné en France à l'État islamique].» Il sait qu'il existe dans nos milieux des gens pauvres, mais «il ne faut pas faire d'amalgame. Nous avons des concitoyens en situation difficile, mais en l'occurrence il s'agit de vie ou de mort. (...) Il faut sortir des postures politiques. Il faut agir maintenant et non pas attendre de se positionner en fonction de l'un ou de l'autre. (...) Nous sommes dans une situation d'urgence humanitaire. C'est une dimension humaine et politique qui nous amène à tendre la main».

Les migrants

Depuis 2005, il y a eu une augmentation dithyrambique du nombre de migrants sur la planète. Cette année-là, on en comptait 19,4 millions - sans compter les rapatriés, de retour chez eux après une période d'exil. Début 2015, ils étaient 52,9 millions.

Cette très forte montée vers le haut est causée par la multiplication des conflits armés. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies en a compté 14 au cours des cinq dernières années: huit en Afrique (Côte d'Ivoire, République centrafricaine, Libye, Mali, nord du Nigeria, République démocratique du Congo, Soudan du Sud et, cette année, Burundi), trois au Moyen-Orient (Syrie, Irak et Yémen), un en Europe (Ukraine) et trois en Asie (Kirghizistan, plusieurs régions de Birmanie et du Pakistan). Les suites de conflits passés, comme des guerres civiles en Colombie ou au Népal, y ont aussi contribué.

Selon les statistiques de l'Organisation internationale des migrations (OIM), plus de 350 000 migrants ont traversé dans des conditions dangereuses la Méditerranée à direction de l'Europe depuis le début de l'année. Au moins 2 600 y ont perdu la vie. Aussi, plus de 230 000 de ceux-ci sont arrivés en Grèce, pour plupart des réfugiés syriens qui fuient, via la Turquie, la guerre civile qui ensanglante leur pays depuis plus de quatre ans.

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