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Le terrible drame syrien

Le Canada doit accueillir le plus possible de Syriens. Ils ont sérieusement besoin de l'aide et de la sécurité du Canada.
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Un terrible drame humain secoue la Syrie en guerre depuis 2011. Le groupe armé État islamique sème la terreur en faisant fuir la population syrienne vers l'Europe. La guerre civile est devenue une guerre totale. Ils sont des millions sur la route espérant retrouver leur dignité et la sécurité.

Le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies dénombrait en début d'année 11,7 millions de déplacés syriens, sur une population initiale de 23 millions de personnes. La situation est tellement catastrophique pour cette nation que le HCR reconnaît désormais automatiquement comme «réfugié» toute personne fuyant la Syrie.

On ne quitte jamais sa patrie en direction de l'inconnu avec plaisir. Il n'y a aucun bonheur à devenir réfugié. Partir veut dire tout quitter. On n'a plus rien à perdre, sauf la vie. Et parfois, même cela ne fait plus peur.

En ce moment, l'Allemagne se voit être une des terres des plus accueillantes de cette crise migratoire, la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La chancelière allemande Angela Merkel estime que son pays accueillera 800 000 immigrants en 2015.

Mais il n'y a pas que ce territoire qui ouvre ses portes à ce flot migratoire. La Turquie a accueilli à elle seule près de 2 millions de Syriens. Et cela sans compter tous ceux qui ont trouvé refuge en Jordanie, en Autriche, en Espagne, en Irak, en Grèce, en Italie, et plusieurs autres régions.

L'Europe est divisée. Les Allemands sont heureux de l'arrivée des Syriens. Malgré quelques rassemblements citoyens en faveur des réfugiés, les Français n'en veulent pas trop. De son côté, la Hongrie dit «pas dans ma cour».

Même le pape François se préoccupe de leur sort. Lors de l'angélus du 6 septembre, il a déclaré que «face à la tragédie des dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la mort, liée à la guerre et à la faim, et sont en chemin vers une espérance de vie, (...) nous ne pouvons pas seulement dire: "Courage, patience!"» Il a invité tous les catholiques à mettre la main à la pâte dans l'accueil des migrants.

Malgré l'opposition de Mgr Laszlo Kiss-Rigo, un évêque du sud de la Hongrie, qui a lancé que le pape ne sait pas de quoi il parle et que cette crise est «une invasion» musulmane de l'Europe chrétienne, l'appel du pape a eu des échos jusqu'au Canada. Ici, Mgr Paul-André Durocher, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, a adressé le 8 septembre une lettre à tous les catholiques du pays les invitant à s'intéresser aux migrants. De son côté, l'archevêque de Toronto a lancé le «Projet Espérance», une grande campagne de financement de 3 millions de dollars en vue d'aider à l'accueil des migrants syriens dans la métropole canadienne.

Nous n'avons pas fini d'entendre parler de la Syrie.

À la mi-novembre, la crise migratoire qui frappe l'Europe sera au menu du sommet annuel des chefs d'État et de gouvernement, le G20, qui aura lieu à Antalya, dans le sud de la Turquie.

La crise syrienne a trouvé écho jusque dans la campagne électorale canadienne, provoquant même un abaissement significatif de la popularité du premier ministre Stephen Harper dans les sondages. Celui du 9 septembre le plaçait troisième.

C'est immédiatement qu'il faut agir! Justin Trudeau, le chef libéral, semble l'avoir compris. Il y a quelques jours, il suppliait Harper d'intervenir sans tarder: «J'implore le gouvernement actuel d'en faire plus dans l'immédiat». Comme on devait s'y attendre, le premier ministre a fait la sourde oreille.

Les libéraux disent depuis mars qu'il faut accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici le 1er janvier 2016.

Pourquoi pas davantage? Ce n'est qu'un chiffre, disent-ils. Un gouvernement libéral pourrait donc faire beaucoup plus: «En tant que Canadiens, nous pouvons et devons faire plus pour aider les réfugiés syriens qui recherchent désespérément la sécurité», disait le député Marc Garneau, il y a quelques jours. Le 6 septembre, Trudeau renchérissait: «Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement en fasse plus dans ce dossier».

Depuis 2013, le Canada a à peine accueilli 2 400 réfugiés syriens. Le gouvernement Harper c'était pourtant engagé à en accueillit plus de 11 000. Il ne semble pas vouloir faire davantage: s'il est reporté au pouvoir le 19 octobre, il prévoit accueillir 10 000 réfugiés syriens sur trois ans. C'est bien peu.

Harper préfèrerait envoyer notre armée sur le terrain afin de combattre le groupe armé État islamique. Ce choix ferait aussi des milliers de victimes de citoyens syriens. Cela demande une sérieuse réflexion... Est-il possible à la fois d'accueillir et d'intervenir avec sagesse sur le terrain? Le chef conservateur semble davantage pencher, comme un gamin, du côté de ses chars de guerre.

Pour ce qui est de Thomas Mulcair, il ne semble pas plus voir l'urgence de la situation. Son objectif à moyen terme est beaucoup trop long. Il faut faire beaucoup plus que le quota d'accueil fixé par les Nations unies aux pays occidentaux.

Les libéraux vont plus loin que les autres formations politiques. Ils promettent même de verser sans tarder une nouvelle contribution de 100 M$ au HCR.

Le HCR aide notamment le Liban à assurer l'éducation des jeunes syriens de 6 à 14 ans en exil sur son territoire. Il collabore à payer la facture éducative de 140 000 places en collaboration avec le ministère de l'Éducation libanais et l'Unicef.

Même le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, voit l'urgence d'agir: «On peut, avec les outils que l'on possède maintenant, répéter ce que l'on a fait avec succès dans le cas du Kosovo» (en 1990). À l'époque, le Canada «a accueilli 6 000 réfugiés en six mois, en collaboration avec la Croix-Rouge et l'armée canadienne». Il faut aller «chercher ces gens en Turquie et dans l'Union européenne, et faire en sorte de les accueillir ici en réunissant tous les responsables de chacune des provinces, ce qui a été fait lors du conflit au Kosovo».

Le Canada doit accueillir le plus possible de Syriens. Ils ont sérieusement besoin de l'aide et de la sécurité du Canada et, surtout, de retrouver leur dignité et de cesser d'avoir peur.

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