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Obama au Proche-Orient: un petit tour et puis s'en va

À l'aube de son second mandat, le président américain s'est rendu du 20 au 22 mars en Israël et en Palestine: une première depuis sa prise de fonction. Cette visite est symbolique à plus d'un titre. Mais elle ne dépasse pas ce stade du symbole.
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US President Barack Obama, left, shakes hands with Palestinian President Mahmoud Abbas during a joint press conference in the West Bank city of Ramallah, Thursday, March. 21, 2013. Obama on Thursday urged Israelis and Palestinians to get back to peace talks but offered no new ideas on how they might do so, essentially abandoning his previous support of the Palestinian demand for Israel to halt settlement activity before negotiations resume. (AP Photo/Majdi Mohammed)
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US President Barack Obama, left, shakes hands with Palestinian President Mahmoud Abbas during a joint press conference in the West Bank city of Ramallah, Thursday, March. 21, 2013. Obama on Thursday urged Israelis and Palestinians to get back to peace talks but offered no new ideas on how they might do so, essentially abandoning his previous support of the Palestinian demand for Israel to halt settlement activity before negotiations resume. (AP Photo/Majdi Mohammed)

À l'aube de son second mandat, le président américain s'est rendu du 20 au 22 mars en Israël et en Palestine: une première depuis sa prise de fonction. Cette visite est symbolique à plus d'un titre. Mais elle ne dépasse pas ce stade du symbole.

Pourquoi Obama n'est-il pas venu durant son premier mandat?

Il ne s'entend pas avec Benyamin Netanyahu, élu premier ministre d'Israël peu après son arrivée à la Maison-Blanche. De son côté, le chef du parti de droite Likoud juge le président américain trop laxiste vis-à-vis des adversaires désignés de l'État hébreu, en particulier l'Iran.

Les Israéliens considèrent qu'en quatre ans, l'allié américain s'est contenté du service minimum avec eux. Et encore: Obama n'était même pas venu les voir...

Pourtant, le locataire de la Maison Blanche a toujours couvert Israël à l'international, comme lors de l'attaque de la flottille vers Gaza en 2010. Après l'adhésion de la Palestine à l'Unesco, l'organisation culturelle s'est vue couper les vivres par Washington. Même son de cloche l'année dernière après le vote qui a fait de la Palestine un État-observateur à l'Assemblée générale de l'ONU.

Le billet de Benoît Margo se poursuit après la galerie réalisée par le HuffPost américain

Obama Visits The Middle East

Le premier président noir des États-Unis avait pourtant suscité beaucoup d'espoir en juin 2009 lors de son discours du Caire. Il y avait fermement appelé Israël à arrêter la colonisation en Cisjordanie. Mais dès 2010, cette exigence a sombré corps et bien sur l'écueil de la realpolitik.

La passivité d'Obama l'a finalement décrédibilisé, tant aux yeux des Palestiniens qu'à ceux des Israéliens. Le président n'a pas jugé utile de s'exposer dans ce dossier hyper-sensible durant son premier mandat, afin qu'il n'entrave pas sa réélection.

Israël dispose en effet d'un lobby très puissant aux États-Unis, et particulièrement auprès du Congrès et du parti républicain. Rappelons que Netanyahu avait accueilli à bras ouvert Mitt Romney durant la campagne présidentielle de 2012.

Libéré des échéances, Obama pourrait maintenant lancer une nouvelle initiative pour la paix, comme c'est un peu la coutume américaine depuis le deuxième mandat de Bill Clinton. Mais les "printemps arabes", en particulier la crise syrienne, ont bouleversé les priorités dans l'agenda international.

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Où en est le processus de paix?

On n'a sans doute jamais été aussi loin d'un accord depuis les négociations d'Oslo il y a vingt ans. À l'époque, l'affirmation de la superpuissance américaine et la fin de la guerre au Liban avaient insufflé une dynamique pragmatique aux acteurs du conflit.

Mais la décennie 1990 a été celle des occasions perdues. Ensuite, le processus de paix a commencé à pourrir sur pied.

Depuis la seconde intifada en 2000, les esprits se sont radicalisés sur fond de lutte internationale contre le terrorisme islamiste. Le premier ministre Ariel Sharon (2001-06) a désigné Yasser Arafat (mort dans des circonstances douteuses en 2004) et le mouvement islamiste Hamas comme terroristes pour justifier son rejet des négociations.

Sharon appliquait la politique du fait accompli. Ainsi, le retrait unilatéral de Gaza en 2005 devait permettre à l'Etat hébreu de se concentrer sur la colonisation en Cisjordanie. Initiée en 2002, la construction du fameux mur de sécurité allait, elle, transformer les territoires palestiniens en "peau de léopard", très difficilement convertible en Etat souverain.

Dans ce contexte, le successeur d'Arafat n'a pas su s'imposer. Mahmoud Abbas n'est pas parvenu à endiguer la corruption qui entache une Autorité palestinienne en déliquescence. Il n'a pas empêché non plus le creusement du fossé entre son parti, le Fatah, et le Hamas.

Le mouvement islamiste, émanation armée des Frères musulmans, a par contre gagné en influence en se présentant comme le premier résistant à l'État hébreu. Il a gagné les élections législatives de 2006, puis a pris le contrôle de la bande de Gaza l'année suivante, consacrant de la sorte la division territoriale de la Palestine.

Aujourd'hui, la seule réouverture de négociations semble hélas une fin en soi. La paix elle-même est paradoxalement secondaire, car peu envisageable. Le président Obama l'a bien illustré quand il a parlé de sa grande ambition avant sa visite en Terre Sainte: être à l'écoute de chacun...

Alors que peuvent faire les Américains?

Pour certains, ils ne peuvent plus faire grand-chose, car ils apparaissent désormais beaucoup trop pro-israéliens pour se faire l'arbitre du conflit.

Cela dit, aucune autre puissance n'est encore en mesure, individuellement ou collectivement, de prendre leur relais. La Chine, la Russie ou le Brésil savent qu'ils ne gagneraient rien à s'investir dans le guêpier du Proche-Orient. Quant à l'Europe, elle a déjà suffisamment de problèmes...

Par ailleurs, l'Amérique d'Obama s'affiche en retrait au Moyen-Orient. Depuis la mésaventure irakienne, le pays ne veut plus d'engagements lourds. D'une certaine manière, il sous-traite même la protection d'une partie de ses intérêts dans la région, en particulier à la Turquie et au Qatar.

Longtemps, les États-Unis ont fait l'erreur de ne pas accepter la légitimité populaire du Hamas. Ils avaient pourtant appelé eux-mêmes le mouvement à participer aux élections en 2005-06, mais leur avaient refusé la victoire, pourtant prévisible.

Or Washington est désormais prêt à jouer le "retournement" du Hamas, qui est déjà sorti de l'orbite iranienne avec l'éclatement du conflit en Syrie. Les Américains comptent sur la diplomatie qatarie pour amener le mouvement islamiste à reconnaître Israël et abandonner la lutte armée, en échange d'une place d'interlocuteur privilégié de la communauté internationale.

Mais ce scénario est encore hypothétique

Netanyahu n'y croit pas. Il ne croit sans doute pas non plus à la solution à deux États, à laquelle il ne se réfère que du bout des lèvres. Et il va probablement rester en place le temps du second mandat d'Obama.

De plus, longtemps en bons termes avec Doha, Tel-Aviv redoute aujourd'hui les manœuvres qataries, notamment chez les islamistes syriens. Et malgré un accord de réconciliation parrainé par l'émirat en 2011, Fatah et Hamas ne sont toujours pas parvenus à un accord de gouvernement commun pour une transition politique.

Surtout, la colère gronde en Cisjordanie. Des manifestants ont été tués par l'armée israélienne ces dernières semaines. Début mars, la mise en place de bus séparés pour les colons et les palestiniens a ému la communauté internationale en rappelant le précédent sud-africain.

De fait, la colonisation est devenue le principal point de focalisation du conflit, succédant ainsi au retour des réfugiés, à l'accès à l'eau et au statut de Jérusalem. Elle est absolument contradictoire avec les principes démocratiques dont se revendique l'Etat hébreu. Elle s'oppose aussi à toute logique de paix.

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