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Quand le système de santé s'engorge lui-même

Cela fait plusieurs années que l'on nous répètequ'il faut désengorger les urgences. Nombreux sont les intervenants qui soulignent que les urgences ne sont pas l'endroit où l'on devrait se présenter pour des problèmes mineurs ou pour obtenir un diagnostic pour un malaise quelconque. Cela devrait se faire en clinique médicale, en CLSC, auprès d'un médecin de famille, bref AILLEURS qu'à l'urgence.
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close up of a woman patient in...
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Cela fait plusieurs années que l'on nous répète ad nauseam qu'il faut désengorger les urgences. Nombreux sont les intervenants qui soulignent que les urgences ne sont pas l'endroit où l'on devrait se présenter pour des problèmes mineurs ou pour obtenir un diagnostic pour un malaise quelconque. Cela devrait se faire en clinique médicale, en CLSC, auprès d'un médecin de famille, bref AILLEURS qu'à l'urgence.

Ce serait effectivement une façon intelligente de procéder, mais encore faut-il que tous les échelons du système médical soient au même diapason et que l'on ne tente pas de pelleter le problème dans la cour du service voisin! En tant que patient atteint d'un cancer du rein, diagnostiqué en 2006, je considère être «rentré» dans le système et en faire partie: j'ai obtenu un diagnostic suite à une visite à l'urgence de l'hôpital Notre-Dame; une fois qu'il a été établi que mon cancer était métastasé et de stade IV, je suis suivi par un excellent uro-oncologue; pour toute évolution de mon cancer, j'ai eu droit à des références rapides à des radio-oncologues pour les traitements de métastases aux os et au cerveau. Si j'avais la chance de n'avoir que des problèmes relatifs à mon cancer en phase terminale, je pourrais dire que j'ai obtenu, au cours des six dernières années, un traitement presque impeccable.

Le hic, c'est qu'en cours de route, j'ai, à l'occasion, d'autres problèmes de santé qui, s'ils découlent de mon cancer, ne sont pas de nature cancéreuse. Et, chaque fois, c'est un véritable parcours du combattant pour obtenir des soins appropriés, qu'il s'agisse d'un cas grave (multiples embolies pulmonaires aux deux poumons, infarctus pulmonaire au poumon droit et, pour compléter le tout, épanchement pleural au poumon droit l'an dernier) ou de problèmes de santé «mineurs» (vertiges persistants il y a deux ans, acné dévorante lors de ma première chimiothérapie il y a six ans, problèmes respiratoires aujourd'hui).

Chaque fois, l'infirmière-pivot de mon uro-oncologue explique: «S'il va vraiment mal, qu'il se présente à l'urgence». Je ne blâme aucunement l'infirmière: elle fait ce qui est faisable dans la lourdeur de la structure bureaucratique qu'on lui impose.

Que donnerait une visite à l'urgence? Laissez-moi vous raconter: attente pour passer au triage et déterminer le niveau de priorité de mon problème; éventuellement, je me retrouverais sur une civière, possiblement sous soluté et j'aurais à passer différents tests dont des radiographies et/ou des prises de sang. Ensuite, attente pendant x nombre d'heures, le temps que le spécialiste de service puisse passer me voir, c'est-à-dire après avoir fini ses rondes sur les étages et, possiblement, vu des cas plus urgents. Après la rencontre avec le spécialiste, et avec un peu de chance - s'il a en main tous les résultats d'examens dont il a besoin pour émettre un diagnostic - j'obtiendrais probablement une prescription ainsi qu'un rendez-vous de suivi une ou deux semaines plus tard.

Lorsqu'un patient est atteint d'un cancer en phase terminale, tout comme lorsqu'un patient est atteint de n'importe quelle maladie chronique nécessitant des soins de longue durée d'ailleurs, ne serait-il pas normal qu'il soit pris en charge par une équipe multidisciplinaire? À quoi bon faire constamment repasser le patient par une case départ complètement illogique dans bien des cas: l'urgence.

En attendant que les formulaires fassent leur petit bout de chemin, que les pièces du casse-tête s'emboîtent bien les unes dans les autres et que ma demande de rendez-vous avec un pneumologue soit agréée, je passe actuellement la majeure partie de mes journées au lit, aux prises avec des problèmes respiratoires. N'en déplaise aux autorités médicales, cela demeure plus confortable qu'une étroite civière dans une urgence bruyante et bondée. Mon infirmier est passé ce matin, comme toutes les semaines. Je suis à bout de souffle dès que j'essaie d'effectuer les gestes les plus simples, comme de faire quelques pas. Mon taux d'oxygénation n'est pas considéré comme vraiment problématique. Quant à ma qualité de vie, qui s'en soucie?

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