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Dis-moi ce que tu offres, je te dirai qui tu es

Cet article m'a été inspiré par cette jeune fille qui partageait son désarroi avec tout le bus alors que la conversation avec son petit ami aurait dû avoir lieu en privé : «Mais pourquoi est-ce que tu me rappelles toujours le prix des cadeaux que tu me fais?»
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Qui n'a jamais reçu un cadeau empoisonné? Qui n'a jamais été perplexe face à un cadeau qui résonne comme une vengeance ou qui prouve que l'autre ne vous connait pas, même si c'est un proche? Les cadeaux sont des messages inconscients que nous offrons aux autres en attendant une réponse subtilement (ou pas) de circonstance.

Cet article m'a été inspiré par cette jeune fille qui partageait son désarroi avec tout le bus alors que la conversation avec son petit ami aurait dû avoir lieu en privé : "Mais pourquoi est-ce que tu me rappelles toujours le prix des cadeaux que tu me fais?"

Car oui, le cadeau n'est pas toujours désintéressé. Il est une manière de s'attacher à l'autre voire de l'acheter. Le chantage (anodin de prime abord) commence dès l'enfance : "Tu auras cette sucette si tu es sage." Je ne jette la pierre à personne, moi-même ayant usé de ce principe fallacieux. Plus tard, cela continue, parfois jusqu'à l'âge adulte. Les cadeaux familiaux, quand ils mettent en jeu le patrimoine, peuvent être à double tranchant. Les cadeaux ne sont pas toujours désintéressés, loin de là.

Le cadeau miroir

Offrir est avant tout un acte onaniste. On offre pour se faire un plaisir personnel. Inutile de vous emporter dans les commentaires, même si vous pensez à l'autre, il y a de vous dans les cadeaux que vous offrez. Le cadeau parle avant tout de soi. On offre ce que l'on aurait aimé recevoir, on offre ce que l'on n'a pas reçu dans notre enfance, on offre ce que l'on pense que l'autre aimera, on offre ce que l'autre aimera pour qu'il nous aime en retour. Il montre aussi ce que nous sommes prêts à faire pour l'autre : "Si tu savais combien ça m'a couté." Et cette seule phrase a le pouvoir de gâcher le plaisir en faisant entrer la notion de sacrifice et de culpabilité.

Si vous n'avez pas les moyens de faire un cadeau, ne le faites pas et si vous le faites, que cela soit avec cœur, même si vous mangez des pâtes jusqu'à la fin du mois.

Non, je ne veux pas de cadeau

Combien de personnes disent «non, pour Noël, ne m'offrez rien, je n'ai besoin de rien» sachant pertinemment qu'un cadeau leur sera fait malgré tout. Ce faux désintéressement sera suivi d'indignation lorsque l'on n'apporte effectivement rien. Au mieux, la personne souhaite être comprise sans mot dire (= tu me portes de l'attention, tu me comprends) au pire c'est parce qu'elle n'a aucunement envie de vous faire un cadeau en retour. Si vous en faites un, elle se sentira redevable.

Il y a aussi les personnes qui ont une si faible estime d'elles-mêmes qu'elles ne s'autorisent pas à recevoir.

Recevoir c'est accepter l'image que l'autre a de nous

Si offrir s'apprend, recevoir aussi. Nous devons avoir la capacité d'accepter le message de l'autre à travers le cadeau. Si la grand-mère qui vous offre systématiquement une eau de Cologne avec des savons en forme de cœur ne vous a pas vu grandir, elle suscitera un sourire bienveillant, car au fond elle vous porte beaucoup d'amour. Par contre accepter d'un proche un cadeau qui est un échantillon gratuit de l'entreprise où il travaille demande plus d'abnégation.

L'échange de cadeaux est l'occasion de voir si l'autre a compris qui nous étions. Quel stress, quelle angoisse, des deux côtés.

Bienheureux le temps où nous rédigions notre lettre au Père Noël, celui qui savait percer nos moindres désirs...

Pourquoi serait-ce impoli de demander ce que l'on veut?

Faire un cadeau est tellement simple quand on sait ce qui fera plaisir à l'autre s'il a eu la bonne idée de l'évoquer. Les listes de mariages sont de plus en plus éloignées du trousseau du couple idéal. Simplement parce que les mœurs ont changé et que l'on a déjà vécu ensemble avant de se marier. La ménagère de 200 pièces n'a plus vraiment sa place dans les cadeaux. Les couples préférant souvent une enveloppe pour s'offrir le voyage de leurs rêves. Mais certains résistent et offrent malgré tout ce qu'ils ont en tête en dépit des désirs du couple. Le cadeau est un miroir reflétant l'égoïsme derrière de fausses bonnes manières.

Les listes (naissance, anniversaire, mariage...) permettent aux deux parties d'être heureuses.

Existe-t-il un cadeau idéal?

Le succès du cadeau réside dans l'émotion qui est ressentie par celui qui le reçoit.

Ma préférence va vers les cadeaux que l'on peut partager, ceux qui créent un moment de complicité, ceux dont on se souviendra non pas parce qu'ils trônent sur la cheminée, mais parce que l'on a vu le plaisir et la joie dans le regard de l'autre. J'aime les cadeaux qui se consomment : des pâtisseries, une bonne bouteille, un resto... ou lorsque la demande a été clairement formulée.

Et pour moi, les meilleurs cadeaux sont les spontanés. Offrir un livre, un objet à la personne à qui il nous a fait penser ou parce qu'il évoque une conversation récente... C'est une jolie manière de prouver à l'autre qu'il est important pour nous, en dehors de toutes les convenances sociales.

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