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Comment aborder l’échec en sport?

Pour l’athlète, le retour réflexif sur l’erreur est une voie propice pour accéder à une meilleure compréhension de la notion étudiée. Par ce travail, il découvre aussi son propre fonctionnement intellectuel et gagne en autonomie.
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Le traitement des erreurs dans l'évaluation sommative donne à l'échec une valeur et un statut différents modifiant le rapport que l’on entretient avec elle.
Thomas Barwick via Getty Images
Le traitement des erreurs dans l'évaluation sommative donne à l'échec une valeur et un statut différents modifiant le rapport que l’on entretient avec elle.

Pourquoi avons-nous autant d'athlètes qui abandonnent leur pratique sportive ou d'autres qui déclarent manquer de confiance? Ou encore qui affirme ne plus prendre «autant» de plaisir qu'auparavant?

Autant de questions pour lesquelles je propose aujourd'hui d'apporter notre autre regard sur ce que beaucoup nomment encore un «échec».

Pour commencer, disons qu'il s'agit d'un domaine grandement étudié. Boisché et Sarrazin, deux chercheurs ayant effectué des études sur la thématique de l'abandon sportif, ont illustré en 2006 et 2008 les deux principaux déterminants du processus de l'abandon sportif chez les adolescents, soit:

  • 1) La notion de compétence représente un élément majeur. Plus précisément, les contre-performances répétées sont à l'origine de plusieurs abandons sportifs, car les jeunes tendent à se décourager plus facilement à force de constater leurs échecs.

  • 2) Le niveau de satisfaction de l'athlète influence ce dernier quant à son maintien de l'activité sportive qu'il pratique. De ce fait, vivre trop d'échecs rend la pratique insatisfaisante, le rapprochant de l'abandon.

Ces principaux déterminants trouveraient leur hypothétique origine dans notre système scolaire...

Pouvons-nous modifier cela en travaillant sur le rapport à l'échec/erreur?

À l'heure où l'évaluation sommative (qui atteste et/ou reconnait les apprentissages de l'étudiant) par l'école est encore bel et bien présente dans le développement des jeunes, nous pouvons imaginer que cette dernière joue un rôle prépondérant dans ce rapport que l'on entretient avec l'«échec».

Le traitement des erreurs dans l'évaluation sommative donne à l'échec une valeur et un statut différents modifiant le rapport que l'on entretient avec elle.

Cependant, l'objectif de n'importe quelle pratique éducative n'est-il pas celui de se focaliser sur le développement du jeune? Mesurer et évaluer les performances prend tout son sens lorsque le but est de définir de nouveaux axes de progression.

À nuancer au contraire, lorsque la finalité repose sur une comparaison/notation/un classement amenant un complexe d'infériorité ou supériorité chez les uns et les autres.

Résultat versus Processus?

Devons-nous définir l'apprentissage uniquement au travers d'un résultat composé de facteurs de réussite ou d'échecs prédéfinis? Le processus est le chemin que l'apprentissage prend avant d'atteindre un résultat et l'apprentissage n'en est pas un qui est linéaire.

Le travail sur le processus permet d'instaurer un climat de confiance dans lequel l'erreur n'est plus stigmatisée, mais devient un matériau collectif pour la construction du savoir.

Le résultat peut être associé à une victoire en sport ou l'atteinte d'un niveau prédéfini lors d'une compétition, d'un évènement ou d'une saison (par exemple se qualifier au championnat national). On peut remarquer que ce dernier est dépendant de nombreux facteurs comme les adversaires, partenaires, l'environnement... qui entourent la performance.

A contrario, j'entends par processus ce qui est basé sur l'exécution et la forme d'un mouvement, d'une habileté́, d'un geste technique, d'une stratégie ou d'une habileté́ mentale. La beauté́ de celui-ci, c'est qu'il est entièrement sous votre contrôle et ne dépend donc que de vous.

Comment pourrions-nous interagir avec l'athlète?

Pour l'athlète, le retour réflexif sur l'erreur est une voie propice pour accéder à une meilleure compréhension de la notion étudiée. Par ce travail, il découvre aussi son propre fonctionnement intellectuel et gagne en autonomie.

Pour l'éducateur, l'exploitation de l'erreur est un instrument de régulation pédagogique. Elle permet de découvrir les démarches d'apprentissage des athlètes, d'identifier leurs besoins, de différencier les approches pédagogiques, de les évaluer avec pertinence.

Par conséquent, le résultat peut être considéré comme la conséquence et l'interaction d'un ou plusieurs processus? (Comme au football/soccer où le résultat d'un match dépend des joueurs qui s'affrontent...)

Individualiser l'entraînement?

En sport de manière générale la performance sportive s'articule autour de composantes et facteurs spécifiques à l'activité, la rendant complexe à atteindre.

Comment est-il possible d'aider l'athlète à dépasser ses erreurs/échecs pour qu'il continue de se développer?

Nous proposons ici la solution de l'individualisation de l'enseignement/entraînement (comme c'est le cas de deux intervenants reconnus: les préparateurs physiques et mentaux).

L'apprentissage est un phénomène individuel, il ne peut avoir lieu sans que l'expérience éducative soit médiatisée par un individu.

Si toute idéologie éducative doit se traduire en termes d'apprentissage et si l'apprentissage est un processus phénoménologique individuel, il en découle qu'un système éducatif ne pourra être efficace que s'il peut individualiser le processus d'apprentissage.

Je tiens aussi à préciser que l'individualisation de l'apprentissage n'implique pas nécessairement un mode individualisé d'enseignement comme peut l'être le travail individuel ou le tutorat. L'individualisation signifie le fait que chaque apprenant puisse individuellement bénéficier au maximum de l'expérience éducative.

Opérationnellement, l'enseignement est individualisé si l'objectif est approprié à l'individu et si l'activité d'apprentissage permet à l'individu de maîtriser l'apprentissage visé selon les critères d'évaluation fixés.

Même une activité d'apprentissage collective peut être individualisée. Ce qui importe n'est pas la stratégie ou le mode d'instruction, mais le fait de répondre pleinement aux besoins éducatifs de chaque apprenant.

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