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Non, Come Together des Beatles n'est pas un appel à jouir tous ensemble

Le rock, c'est aussi des histoires politiques, des anecdotes montées en épingle, de la littérature pour les nuls, des éloges du plaisir solitaire, des déclarations d'amour, des coming outs déguisés... Il suffit de se pencher sur les mots et de tenir compte du contexte...
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Les amateurs de rock, où qu'ils soient, connaissent la musique. Mais ils connaissent rarement les paroles. Même quand elles sont écrites dans leur langue. Il suffit de se pencher sur l'histoire édifiante de "Born In The USA", qui a fait de Bruce Springsteen une star mondiale en 1984. Ce tube fut utilisé par les grands communicants de Ronald Reagan lors de sa seconde campagne présidentielle. Dès que le gipper (l'escroc, l'arnaqueur, le surnom de Reagan provenant de l'un de ses rôles dans une énième série D) apparaissait sur la scène, retentissaient les premières notes et les premières paroles de la chanson. Born In The USA, né aux États-Unis, un slogan parfait pour des millions d'électeurs fiers d'être américains.

Mouais. S'ils avaient écouté un peu plus que les 20 premières secondes de la chanson, s'ils avaient vraiment prêté attention aux paroles, ils se seraient rendu compte que c'est la dernière chose qu'ils auraient dû chanter à tue-tête. Car ce titre est tout sauf un hymne à l'Amérique triomphante chère à Reagan. Born In The USA raconte la détresse d'un des nombreux laissés pour compte de l'Amérique, un ancien du Vietnam qui a bossé pour son pays, mais dont son pays ne veut plus. Il a déjà de la chance d'être revenu vivant, pour le reste, qu'il se débrouille...

La plupart des Américains, dans un aveuglement collectif qui force l'admiration, n'ont pas entendu ou voulu entendre Born In the USA de cette oreille. C'est l'une des plus grandes méprises de l'histoire du rock. Mais des méprises ou des incompréhensions, il y en a des tas ! C'est le sens de mon ouvrage 100 Classiques Rock et leurs sens caché, paru cette année aux éditions La Boîte à Pandore.

La deuxième chanson la plus reprise dans l'histoire du rock, après Yesterday des Beatles, est Louie Louie. Son histoire est totalement hilarante. En 1957, le chanteur Richard Berry (qui n'a rien à voir avec l'acteur français, même s'il a lui aussi commis quelques sorties chantées fort réjouissantes) sort Louie Louie, un disque cha cha cha qui ne casse pas trois pattes à un serpent et qui raconte la complainte d'un marin séparé de sa belle par l'océan. Le titre est repris en 1963 par les Kingsmen. Très vite la rumeur enfle : Louie Louie est une apologie diabolique du sexe débridé ! Deux coupables : le jargon écrit par Richard Berry... Et la pathétique prise de son de l'enregistrement des Kingsmen : la veille de l'enregistrement, le groupe a effectué un vrai marathon en concert, la chanteuse est quasiment aphone. Lors de l'enregistrement, le micro est placé trop haut, ce qui l'oblige à chanter sur la pointe des pieds. De plus, il porte un appareil dentaire assez encombrant. Et cerise sur le gâteau, la prise qui se retrouve sur le disque est la toute première, alors que le groupe pensait qu'il ne s'agissait que d'une mise en place.

Curieusement, malgré tous ses défauts, le titre devient un succès. Mais le FBI est déjà sur le coup! Le bruit court qu'il faudrait passer le 45 tours à la vitesse du 33 tours. Imaginez la crème des agents du FBI penchés sur des Teppaz à écouter encore et encore le disque. Chou blanc bien sûr! Mais la rumeur ne fléchit pas. Le disque est interdit dans l'Indiana, les plaintes affluent : parents indignés, professeurs, curés (Dieu merci, que serait devenu le rock sans tous ces gens...). Le FBI travaille un an sur le cas! Ils interrogent tout le monde qui a participé de près ou de loin à l'élaboration de la chanson. Tout le monde... sauf le principal intéressé, Jack Ely, qui a été viré du groupe sans que personne d'autre ne soit prévenu... Après un an d'enquête, les fins limiers abandonnent. Entretemps, Louie Louie atteint la 2e place des charts...

Des histoires comme ça, le rock en raffole. J'en ai rassemblé une centaine dans mon livre, qui ne parle que de grands classiques connus de tous. De Louie Louie en 1963 à Beautiful Days en 2003, du groupe Venus (vous savez, cette magnifique mélodie utilisée pour des pubs Lancôme, Peugeot ou Le Figaro... encore des grands communicants qui n'ont pas lu les paroles !), je me suis penché sur ces titres qu'on adore, mais dont on ignore le contenu.

Évidemment, nous sommes dans l'univers du rock, donc un titre sur deux parle de sexe ou de drogue, souvent même des deux à la fois, comme Golden Brown, des Stranglers ou A Whiter Shade of Pale des Procol Harum. Mais il n'y a pas que ça ! Le rock, c'est des prénoms, la Suzanne de Leonard Cohen, le Denis de Blondie, le Luka de Suzanne Vega, parmi bien d'autres. L'identité ou l'histoire de ces personnes sont dans le livre!

Mais le rock, c'est aussi des histoires politiques (Buffalo Soldier de Bob Marley, London Calling des Clash, Shipbuilding d'Elvis Costello, Fortunate Son de Creedence Clearwater Revival...), des anecdotes montées en épingle (For What It's Worth du Buffalo Springfield, La Grange de ZZ Top, Cars de Gary Numan), de la littérature pour les nuls (Sympathy For The Devil des Stones, Killing An Arab de The Cure), des éloges du plaisir solitaire (Pictures Of Lily des Who, Dancing With Myself de Billy Idol), des déclarations d'amour (Layla de Derek and the Dominos, Jolene de Dolly Parton), des coming outs déguisés (Losing My Religion de R.E.M., Once In A Lifetime des Talking Heads)... Il suffit de se pencher sur les mots et de tenir compte du contexte...

C'est le but de cet ouvrage: inciter l'auditeur à plus de curiosité, l'aider à pousser la porte et voir ce qui se cache derrière. Où l'on découvre au fil des pages que One de U2, l'une des chansons les plus jouées aux mariages partout dans le monde, est de l'aveu même de Bono une chanson de séparation. Que la Lola des Kinks ne porte pas bien son nom, elle aurait dû s'appeler Lolo. Que le Come Together des Beatles n'est pas un appel à jouir tous ensemble. Ou encore que non, le Turn! Turn! Turn! des Byrds n'est pas le cri désespéré d'un moniteur d'auto-école à son élève, mais bien les premières lignes du livre de l'Ecclésiaste...

Des Beatles à Radiohead, des Rolling Stones à Rage Against The Machine, de David Bowie à Blur, des Who à Prince, 100 Classiques Rock et leur sens caché rend justice à ces grands (et petits) textes.

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100 Classiques du rock et leur sens caché est là pour rétablir la vérité. Il vous propose de faire un petit voyage amusant et instructif parmi quelques uns des grands classiques du rock afin d'en analyser le vrai contenu, des Beatles à Radiohead, des Kinks aux Specials, des Stones à Blur ou de Jimi Hendrix à U2...

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