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Pushkar, une ville sacrément culottée

Jolie Pushkar, ville «sainte» entourée de montagnes. «Cette ville réconcilie les touristes avec l'Inde», nous avait-on dit.
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Pushkar. Une de ces «villes saintes» du Rajasthan, comme on appelle les lieux de pèlerinage sacrés des hindous en quête incessante de bon karma, et destination phare des touristes qui recherchent des sensations fortes obtenues par la méthode douce : stages de yoga, méditation, danse ou musique. Le tout généreusement arrosé de bang lassi, boisson laiteuse locale au chanvre.

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La face paisible de Pushkar à la tombée du jour. (© Jérôme Decoster)

Business is business

On se croirait sur la «route des hippies» telle que la décrit Charles Duchaussois dans son livre Flash datant des années 1970. Si le phénomène post-soixante-huitard a pas mal dégonflé quarante ans après, les looks stéréotypés de son livre surgissent encore sur le marché de Pushkar. Il y a ces longs dreadlocks à côté des crânes semi-rasés, les vêtements amples et les tatouages psychédéliques. Et puis ces jeunes femmes en culottes courtes, rigole une Canadienne installée depuis 8 ans ici. Elles défilent dans l'allée principale du marché, mini-short en jean, petite jupe, décolleté... et représentent une nouvelle source de revenus pour les vendeurs qui font leur beurre grâce à des bouts de tissus taille XS. Si des panneaux dans les guesthouses et la ville exigent de «s'habiller décemment» dans cette ville sacrée, on ferme les yeux. Après tout, le business, c'est le business.

«On voit beaucoup d'Israéliennes s'habiller comme ça», remarque la Canadienne. «Après des années d'oppression dans leur pays et un service militaire subi, elles font enfin ce qu'elles veulent!»

À chacun sa révolution. Le hic, c'est que ces culottes courtes ont choisi l'une des pires destinations pour balancer leurs atouts en pleine rue, aux côtés des femmes en sari et des hommes aux regards baladeurs.

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La petite tenue des grands voyages... (© Jérôme Decoster)

«Quand ils voient ça, je les entends, les Indiens, critiquer les filles», raconte la Canadienne qui maîtrise un peu l'hindi. Ici, les marques d'affection dans la rue sont interdites. Ni avant, ni après le mariage.

Elia, la gérante de notre guesthouse, ne cache pas son amertume : «En Inde, l'essentiel est de se marier. Un grand mariage qui coûte souvent une fortune. Et puis tu fais des enfants au plus vite, des garçons c'est mieux».

Elle-même s'est mariée à 18 ans seulement. «Crazy country» («ce pays est fou»), se plaît à dire cette femme autoritaire. Son cri du cœur passé, elle fait signer un document aux touristes. Ils s'engagent, entre autres, à ne pas manger de viande ou boire de l'alcool, deux interdictions de la religion hindoue. Et les autorités locales ne plaisantent pas avec ça : on tombe sur un article dans le journal à propos d'un homme arrêté par la police pour avoir vendu de la viande dans la «ville sainte».

«Si j'enfreins les règles, mois aussi je peux me faire embarquer», insiste le mari d'Elia. Pourtant, un soir, nous retrouvons un groupe de jeunes autour de plusieurs bières... Elia parvient on ne sait trop comment à s'en procurer. Le business, c'est le business.

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Des débris de bouteilles d'alcool pour effrayer les singes sur les balcons des guesthouses... dans la ville où l'alcool est interdit. (© Jérôme Decoster)

Holy, hypocrisie et escroquerie

Pour faire de l'argent, tout est permis. Même de se cacher derrière la religion. Dans la rue, des hommes attrapent à la volée les passants pour leur fourrer des fleurs «sacrées» dans la main. Puis ils les obligent presque, contre argent, à porter le «holy passport», un bracelet coloré que tout individu devrait porter à moins de quinze mètres du lac, zone interdite aux pieds chaussés.

Plus loin, au temple brahma, où se recueillent les pèlerins en priant leurs dieux, un homme aimable et attentionné se dirige vers nous pour nous expliquer quel rituel adopter. Le sourire aux lèvres, il nous souhaite «beaucoup de chance dans la vie», ainsi qu'à nos proches. Puis, ce sourire toujours aux lèvres, il nous impose un montant minimum d'argent à lui donner. Oui, la chance, ça se mérite! Quand on refuse de se plier à cette escroquerie, un regard noir et un méprisant revers de main balaient soudain son air avenant. On a envie de lui dire que son karma est mal barré.

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Entrée du temple brahma ou holy rime avec escroquerie. (© Aurélie Bacheley)

Jolie Pushkar entourée de montagnes, de gens sympas... «Cette ville réconcilie les touristes avec l'Inde», nous avait-on dit. Mais nous, on n'était pas fâchés contre ce pays avant de la rencontrer, cette chère «ville sainte».

Ce billet a initialement été publié sur le blogue voyage des deux auteurs, Libres en quête, ainsi que sur le Huffington Post France.

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