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Cette expression m'est venue ce week-end, lors d'un réveil nocturne difficile animé par ma Petite. Nous, les parents, nous sommes des jongleurs de vie. Nous alternons et mêlons nos différents rôles dans un équilibre parfois fragile. Alors, bien sûr que tout le monde jongle un peu au final, pas besoin d'avoir des enfants pour cela. Mais quelque chose change prodigieusement à partir du jour où on en a...
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Cette expression m'est venue ce week-end, lors d'un réveil nocturne animé par Petite I et particulièrement difficile. Nous, les parents, nous sommes des jongleurs de vie. Nous passons d'une casquette à une autre en un claquement de doigts, nous alternons et mêlons nos différents rôles dans un équilibre parfois fragile. Alors, bien sûr que tout le monde jongle un peu au final, pas besoin d'avoir des enfants pour cela, mais ce qui change prodigieusement à partir du jour où on en a, c'est l'intensité des différents numéros, et l'omniprésence - émotionnelle surtout - de celui de maman (ou papa! mais peut-être sur un autre plan...).

À vrai dire, cela fait plusieurs mois que j'ai vraiment l'impression d'avoir plusieurs vies en une, et que je m'amuse à le répéter à qui veut bien l'entendre. Je précise, ce n'est pas une plainte, mais juste un constat (et beaucoup de fatigue, certes!). Il faut dire que je ne me suis pas facilité la tâche en voulant me reconvertir, m'associer et monter ma boîte tout en apportant ma contribution et toute mon énergie à développer une activité déjà existante, et alors que je venais d'avoir mon premier enfant. Mais pour rien au monde je n'aurais aimé une autre voie professionnelle - ou personnelle -, donc je sais que je suis là où je dois être. Reste juste à ne pas se perdre dans toutes ces «vies»!

Une vie de maman : inutile d'épiloguer, c'est le sujet de ce billet et vous en connaissez déjà une bonne partie! Une vie trépidante, qui ne s'arrête jamais, ni le jour, ni la nuit, ni les jours fériés ou pendant les vacances scolaires. Une vie pour laquelle j'étais résolument faite. Une vie passionnante, riche, belle, insouciante, riante, mais aussi épuisante et préoccupante. J'ai l'habitude de dire que, depuis la naissance de ma fille, j'ai une préoccupation à l'esprit 24 heures sur 24. Que ce soit en bonheur intense ou en inquiétudes, elle se traduit par un espace de cerveau continuellement occupé. Quand vous avez un enfant, vous n'avez plus jamais la tête totalement vide (si tant est que vous l'aviez avant :-) ). C'est un peu la balle de jonglage immuable, celle qui sera toujours en mouvement, coûte que coûte, peu importe ce que vous rajoutiez dans l'équation. Et c'est aussi probablement la plus extraordinaire.

Une vie de femme : prenez-le dans le sens d'épouse. Cette balle-là peut être périlleuse à maintenir en équilibre, car c'est celle qu'on a tendance à oublier ou à laisser de côté un peu trop souvent. Comme si elle était acquise. Détrompons-nous, c'est celle qu'il faut le plus choyer. Pour se retrouver, se ressourcer, se soutenir, prendre soin de soi et de l'autre. C'est sûrement pour moi le plus gros apprentissage de la maternité : réussir à s'adapter à sa nouvelle vie, à ses nouvelles préoccupations, en laissant la place à l'origine de notre famille, notre couple, «en poste» depuis si longtemps. Faire le deuil d'«avant», réinventer son quotidien pour créer une nouvelle dynamique et rester solide(s). J'aime la métaphore de la barque; vous êtes deux (ou seul) sur une barque, depuis des mois, des années, et l'équilibre est atteint, durable, stable... Rajoutez-y une tierce personne, aussi petite soit-elle, aussi fragile soit-elle. La barque tangue, parfois manque de se renverser. Il faut alors que chacun retrouve sa propre place et une nouvelle répartition des poids, pour que l'équilibre se restaure. Cela peut prendre des mois, plus longtemps parfois (souvent). Et même si ce n'est pas le numéro de jonglage le plus évident, je me répète souvent de ne jamais laisser de côté cette balle-là, tant le résultat est merveilleux quand on y arrive, et la force des sentiments exacerbée.

Une vie de femme (bis) : prenez-le dans le sens de «ma vie pour moi». Ahahahah, celle-ci vous fait sourire, n'est-ce pas? Et pourtant! C'est primordial. S'accorder des moments seule, de ressourcement, même le temps d'un bain, d'une course ou d'une balade. Cette balle-là est compliquée à faire tourner parce qu'elle appelle tout de suite son pendant maléfique : la culpabilité. Eh oui, car pour une fois, on ne pense qu'à SOI. Cela peut être des petits moments très succincts, du sport, un loisir, un blogue, n'importe quoi pourvu qu'il ne soit qu'à vous. Personnellement, j'ai mis beaucoup de temps à mettre en rotation cette balle (et ce n'est pas encore la chose que je fais de premier abord) et il m'a fallu 3 jours au vert, seule, après un «trop plein», pour me rendre compte que non, je n'abandonnais personne, je rechargeais juste mes batteries pour être encore meilleure jongleuse après. Et ne serait-ce qu'une heure prise pour soi regonfle pour des jours entiers. Vous voyez cet article? C'est ma respiration rien qu'à moi du jour!

Une vie professionnelle : devenir chef d'entreprise alors que votre enfant n'a pas un an, c'est un gros défi. Sur papier, monter une boîte, c'est super : pas de hiérarchie, on travaille quand on veut, les projets foisonnent, on est flexible, on gère son temps et ses états. Mais il ne faut pas occulter le revers de la médaille : très peu de revenus les premières années, des questionnements permanents, un manque de cadre, et parfois l'impression qu'on se perd dans tout ce bouillonnement. Sans compter que je travaille pour des clientes, enceintes ou jeunes mamans, qu'il me tient évidemment à cœur de contenter et de rassurer. Cela demande une grande disponibilité d'esprit. Heureusement, j'ai la chance d'avoir à mes côtés LA bonne personne, avec qui nous sommes extrêmement complémentaires. Je n'aurais pas pu faire ça seule c'est sûr. Et puis, fait non négligeable, je suis passionnée par ce que je fais et des idées de développement plein la tête! Cette balle-là est excitante et galvanisante, demande une bonne dose d'organisation et de concentration et peut rapidement être pressurisante; je sais que je vais devoir mettre des limites un peu plus prononcées si je veux faire en sorte que toutes mes balles continuent de tourner. On touche là à un concept qui me tient beaucoup à cœur; celui de la conciliation vie familiale / vie professionnelle. Et pour l'expérimenter depuis quelque temps, je peux d'ores et déjà affirmer que :

1) non, il n'est pas possible de travailler de chez soi avec un enfant à garder

2) oui, je travaille même si c'est de chez moi

3) non, je ne fais pas «rien» quand je m'occupe de ma fille

3) et non, on n'a pas le temps de faire autre chose quand on s'occupe d'un enfant!

Une vie d'amie : j'ai cette chance d'avoir des amis très proches, que je connais depuis mon adolescence, voire plus. Ce sont des piliers indispensables à ma vie, des forces vives. On a grandi ensemble, on sait tout les uns des autres et on partage beaucoup. Mais nous (mon mari et moi) avons toujours eu un train d'avance; les premiers à emménager ensemble, les premiers à se marier, puis les premiers à avoir un bébé. C'est génial et nous sommes encore une fois très chanceux d'ouvrir la voie comme ça et de voir tout ce joli monde nous entourer avec la même fidélité depuis des années. Mais ce qui n'est pas toujours facile à gérer, c'est le décalage qui existe quand même et qui peut se faire sentir. Aujourd'hui, la plupart de nos amis ne sont pas parents ni sur le point de le devenir, et cela change des choses, les rythmes, les sorties, les vies quotidiennes. Et puis je tente de rester la plus disponible possible, mais ce n'est pas toujours simple. Alors parfois on ne se sent pas très bien comprise ou un peu à l'écart (très souvent involontairement, d'ailleurs); parfois, on a du mal à cacher son irritabilité ou ses coups de mou dus au manque de sommeil, et on a tendance à se renfermer, on ne sait plus trop à qui parler; d'autres fois, en revanche, on est impressionnée par la perspicacité et la bienveillance de nos amis; et souvent on compose pour faire en sorte que cette balle-là non plus ne passe pas trop à la trappe, on profite des moments de respiration et de rires - et on bénit nos téléphones intelligents qui nous permettent de rester proches même si on manque de temps...!

Depuis peu, une de mes amies les plus proches et les plus importantes m'a rejointe dans le numéro de maman équilibriste, et j'avoue que c'est un bonheur de partager ça avec elle (même si, comme on se le disait cette semaine, nos Starbucks et séances de magasinage/papotes à n'en plus finir - sans être interrompues - nous manquent :-) ) !

Et puis, devenir maman, c'est aussi un super moyen de se faire de nouvelles amitiés solides et qui deviennent vite indispensables; mes copines - que dis-je, mes amies - jongleuses rencontrées depuis que j'ai ma Petite I se reconnaîtront facilement -je mets un petit indice quand même ;)

Ma vie de fille / sœur / familiale au sens large : nos rôles originels, là d'où l'on vient. Ce n'est pas pour cela que ce sont les plus aisés à gérer. Chez moi, en fonction des périodes, c'est un peu la torche que l'on rajoute; parfois elle est en flammes, parfois elle est en fleurs et légère comme une plume ;) imprévisible, mais toujours intense. J'essaie à présent de n'en prendre que le meilleur!

Mais alors, comment on manie au mieux les balles quand on est une jongleuse de vies? Je fais comme vous toutes et tous je crois, c'est à dire ce que je peux :-) parfois je suis fière de moi, parfois je suis désespérée. Parfois, je jongle avec 2 balles (trop facile!), parfois on (je?) me rajoute 2 cerceaux et 3 torches en flammes et je ne sais plus où donner de la tête. Parfois je voudrais remonter le temps (d'ailleurs, qu'est-ce que j'en faisais de tout ce temps, AVANT?) et me dire que je peux juste rentrer m'avachir sur mon canapé après une longue journée, couper de ma vie pro et passer à ma vie de femme sans passer par la case - omniprésente - «maman». Mais soyons honnêtes, la grande majorité du temps, ce jonglage est une source d'énergie dont je ne pourrais plus me passer, et offre des satisfactions inégalables. On me paierait tout l'or du monde que je ne retournerais pas en arrière. Et mieux encore : j'ai hâte des nouveaux numéros à inventer!

La vie quotidienne est alors le résultat d'un jeu d'adaptation et d'un juste équilibre qu'il faut trouver, et qui est surtout en perpétuel mouvement. Je sais que certaines périodes font la part belle à certaines balles au détriment d'autres, et vice et versa. Il faut juste l'accepter... oui, je sais, c'est plus simple à dire qu'à faire... mais quel enchaînement on est capable d'interpréter ensuite!

Et vous, comment jonglez-vous dans votre vie de tous les jours? Je suis curieuse de connaître vos petits trucs...

Très belle semaine à toutes et à tous!

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Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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