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Parti québécois: prendre le problème à l'envers

Une personne qui souhaite que des changements en profondeur s’opèrent devrait être en mesure de nommer la cause du problème et non seulement ses effets.
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On pourrait penser que le temps est venu de prendre acte de la réalité: le Parti québécois est en chute libre depuis qu’il a abandonné sa raison d’être.
HuffPost Québec/Olivier Robichaud
On pourrait penser que le temps est venu de prendre acte de la réalité: le Parti québécois est en chute libre depuis qu’il a abandonné sa raison d’être.

Prendre le problème à l'envers. Voilà ce qu'a fait la députée de Marie-Victorin, Catherine Fournier, lors de la conférence de presse annonçant son retrait du caucus du Parti québécois lundi dernier. Portant essentiellement — pour ne pas dire exclusivement — sur la marque de commerce péquiste, sur une question de marketing politique, son propos écartait, volontairement ou non, la substance, le nœud du problème, la raison pour laquelle on peut aujourd'hui s'interroger sur l'image de cette formation politique.

Certes, il n'est probablement pas faux de dire qu'une partie de l'électorat ne porte plus réellement attention aux propositions du Parti québécois. On peut aisément partager le constat que fait Catherine Fournier: à force de tergiversations, de calculs, de contradictions, d'électoralisme maladif, ce que l'on présente souvent comme le vaisseau amiral de l'indépendantisme québécois a perdu la confiance d'une large partie de nos concitoyens, qui ne voient plus l'intérêt de voter pour lui ou, pour certains, de voter tout court. Il a perdu son essence. Comme jeune militante indépendantiste, je ne peux démentir cette affirmation: je n'ai jamais eu de bonnes raisons d'appuyer ce parti, de lui accorder mon vote.

Peut-être doit-on changer le nom de ce parti, bâtir autre chose, se doter d'un nouveau logo, de nouveaux visages. Peut-être qu'après une vingtaine d'années d'errance, il est temps de faire peau neuve. Toutefois, cela ne peut être la première étape de la réflexion qui s'impose depuis l'échec référendaire de 1995 et que l'élite indépendantiste a inlassablement et maladroitement tenté d'envoyer sous le tapis au point de se retrouver où elle est aujourd'hui, au point d'échapper une génération.

Je peine à m'expliquer comment on peut rejeter la marque, la qualifier de «perdante», sans du même souffle dénoncer la démission indépendantiste qui caractérise le Parti québécois, et ce, depuis aussi longtemps que je me souvienne.

Après tout, qu'est-ce qui distinguait à l'origine le Parti québécois des autres partis si ce n'est pas cet objectif? Comment peut-on parler d'unir les indépendantistes de divers horizons, sans énoncer ce qui les a séparés en premier lieu? Qu'y a-t-il de plus perdant que de renier sa raison d'être?

Une personne qui souhaite que des changements en profondeur s'opèrent devrait être en mesure de nommer la cause du problème et non seulement ses effets.

D'ailleurs, pendant ce temps, le Parti québécois ne fait guère mieux en promettant — pour une millième fois — une réflexion où «tout est sur la table» et en réitérant une fois de plus que l'indépendance est sa «priorité», ce qui ne s'est jamais traduit de façon concrète depuis près d'un quart de siècle.

On pourrait penser que le temps est venu de prendre acte de la réalité: le Parti québécois est en chute libre depuis qu'il a abandonné sa raison d'être.

Les chiffres sont clairs. Pourquoi tarde-t-on encore à le dire? Pourquoi est-ce si difficile de le reconnaître? De poser des gestes conséquents? De quoi a-t-on peur au juste? D'une défaite plus cuisante que celle du 1er octobre dernier?

On a beaucoup parlé ces dernières années de l'incapacité du Parti québécois à susciter l'intérêt des jeunes. N'en déplaise à certains, les jeunes ne sont pas bien différents du reste de l'électorat: ils ont soif d'idées qui se tiennent, de projets porteurs, de démarches honnêtes, franches, claires. À ce chapitre, le Parti québécois avait tout dans son offre initiale pour leur plaire. À une certaine époque, il suscitait d'ailleurs l'engouement de la jeune génération. Il me semble qu'il serait réducteur d'expliquer aujourd'hui leur manque d'intérêt par une simple question d'image.

S'il faut vraiment parler de «marque», soyons francs: une marque n'est pas une fin en soi.

Il est vain de décréter sa mort sans être capable d'en énoncer les causes. Une marque doit représenter une vision et susciter l'engagement pour celle-ci. Elle est d'abord et avant tout le produit de caractéristiques précises qui la distinguent des autres. C'est une garantie. Une marque est tributaire de ce que l'on propose.

Bref, pour avoir une marque, encore faut-il déterminer ce que l'on a à offrir, les valeurs auxquelles on souhaite que les gens adhèrent et s'y tenir. Il y a des années déjà que l'élite indépendantiste prend le problème à l'envers. Et si on essayait autre chose cette fois?

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