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Vous étiez quelque chose comme un grand parti

Les grands défenseurs de la démission indépendantiste utilisent souvent la jeunesse comme une excuse commode pour ne rien faire : selon eux, la jeunesse mondialisée d'aujourd'hui a bien peu à faire de l'indépendance.
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Ainsi, nous nous sommes retrouvés vendredi dernier dans cette salle bondée qui se repassait les images de la première victoire du Parti québécois en 1976. Bien que le contenu en soi était inspirant, il y avait quelque chose d'infiniment triste à les regarder à ce moment et à cet endroit précis. À tel point qu'au moment où René Lévesque disait sa célèbre phrase - «On est peut-être quelque chose comme un grand peuple!» - il me semblait que ce que l'on aurait dû entendre est : «Vous étiez quelque chose comme un grand parti».

Certes, comme affirmé lors de cette soirée, ma génération n'a jamais connu de réel projet de société. Toutefois, la responsabilité ne repose pas seulement sur le Parti libéral du Québec, malgré tous les défauts et les travers évidents que l'on peut lui trouver. Ce n'est pas seulement parce qu'elle a peu - pour ne pas dire pas - connu de gouvernement péquiste. À l'absence de projet collectif, depuis maintenant plus de 20 ans, le Parti québécois n'oppose rien, si ce n'est qu'un autre gouvernement provincial, un peu plus tourné vers l'identité. Voilà la réalité de ma génération. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le discours du nouveau chef n'annonçait pas un changement de cap, au contraire. Le Parti québécois a fait le choix de poursuivre dans cette voie de manière encore plus claire, encore plus évidente cette fois.

Les grands défenseurs de la démission indépendantiste utilisent souvent la jeunesse comme une excuse commode pour ne rien faire : selon eux, la jeunesse mondialisée d'aujourd'hui a bien peu à faire de l'indépendance. Ils nous présentent le tout comme une fatalité. Ainsi, ces pauvres victimes de notre manque d'engouement, et de celui de la population, doivent se limiter à battre urgemment les libéraux qui, pour la centième fois, selon eux, nous offrent le pire gouvernement de l'histoire. Peut-on penser sincèrement que ce genre de discours est susceptible de provoquer une once d'intérêt chez les jeunes ou chez qui que ce soit d'autre d'ailleurs? Aussi infâmes soient les coupes budgétaires dans différents domaines, aussi douteuses soient les actions du gouvernement actuel, on ne peut espérer créer un mouvement, raviver un espoir, inspirer l'action avec un discours aussi simpliste et partisan.

Certains commentateurs dans cette course à la chefferie ont qualifié l'approche «indépendantiste» de Jean-François Lisée de «pragmatique», de «raisonnable», l'opposant d'un même souffle à l'approche assumée qui serait «irréaliste», «rêveuse». Sincèrement, en quoi est-il réaliste et logique de croire qu'en faisant la promesse de n'investir aucun argent public pour promouvoir son option et de ne proposer aucune démarche souverainiste de gouvernement, que nous serons davantage prêts en 2022 - en supposant que nous ne le soyons pas actuellement - lors de cet hypothétique deuxième mandat? Depuis quand fait-on des promesses de second mandat? Pourquoi les indépendantistes prendraient la peine d'appuyer une telle démarche? C'est ce que le Parti québécois appelle un projet de société?

Vendredi soir à Lévis, alors que les discours s'enchaînaient, appelant, comme à l'habitude, au rassemblement des forces indépendantistes, il me semblait, qu'encore une fois, il y avait un éléphant dans la pièce, un «oubli» pour ainsi dire: le mouvement indépendantiste n'est jamais aussi fort et uni que lorsqu'il travaille activement et concrètement à la réalisation de son objectif.

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