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Nous avons droit à des soins palliatifs de qualité

Il est temps de prendre un peu de recul pour réfléchir à l’ensemble des engagements que contient la Loi concernant les soins de fin de vie.
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La Loi concernant les soins de fin de vie nous a été vendue comme étant « d'abord et avant tout une loi d'accès à des soins palliatifs de qualité partout sur le territoire au choix du patient ». À l'époque – pas si lointaine – de son implantation, ses promoteurs martelaient qu'elle ne légalisait « l'aide médicale à mourir » (euthanasie) qu'à titre de « mesure exceptionnelle pour des cas exceptionnels ».

Or, force est de constater que, depuis presque quatre ans jour pour jour après son adoption et bientôt 3 ans après son entrée en vigueur, les autorités publiques ont essentiellement concentré leurs efforts sur cette fameuse « mesure exceptionnelle », nous laissant parfois croire que le geste – toujours polémique – de tuer une personne pour mettre fin à ses souffrances était une façon tendance de terminer sa vie.

Devant cette fâcheuse réalité, plusieurs personnalités du milieu de la santé ont récemment dénoncé publiquement le fait que, au final, la Loi concernant les soins de fin de vie ne remplit pas sa principale promesse qui est de garantir à l'ensemble des 60 000 Québécois qui meurent chaque année le droit d'avoir accès à des soins palliatifs de qualité.

Ainsi, après le cri du cœur des deux grandes associations de soins palliatifs du Québec qui dénonçaient le manque d'efforts et de ressources pour rendre accessibles des soins palliatifs de qualité dans tous les CHSLD du Québec, ou encore celui des médecins qui ont affirmé que certains patients se tournent vers le suicide médicalement assisté par manque d'options en matière de soins palliatifs, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a lui aussi fait part de ses inquiétudes en soulignant l'application désordonnée de la Loi concernant les soins de fin de vie.

En effet, dans une lettre envoyée au Dr Gaétan Barrette, actuel ministre de la Santé, le Collège des médecins mentionne que, dans certains cas, « des patients, à défaut de pouvoir bénéficier de ces soins [palliatifs pourtant clairement identifiés], pourraient n'avoir eu d'autre choix que de demander une [euthanasie] pour finir leurs jours... »

Pire encore, le Collège rapporte un fait troublant qui laisse penser que la mesure exceptionnelle est peut-être en train de s'imposer en souveraine : « Il a été signalé au Collège que les patients qui demandaient une aide médicale à mourir devenaient prioritaires quant aux ressources disponibles (...) au détriment des autres patients en fin de vie ayant des besoins similaires. »

Pour le dire autrement, les personnes qui choisissent l'euthanasie ont droit au meilleur de l'accompagnement disponible dans les derniers moments de leur vie pendant que beaucoup d'autres – la grande majorité – ne reçoivent pas les soins que leur promet la Loi. Est-ce vraiment là l'idéal de justice que nous poursuivons en tant que société? Ou est-ce peut-être par peur de faire les manchettes que le personnel médical s'active autour des patients qui choisissent l'euthanasie, cherchant à éviter l'opprobre d'être publiquement pointés du doigt s'ils n'accordent pas sur-le-champ ce qui est trop souvent présenté comme la nouvelle façon de mourir 2.0?

Pendant ce temps, au lieu d'avoir été renforcée, la pérennité même des soins palliatifs est peut-être aujourd'hui menacée, comme le rapporte encore le Collège des médecins quand il mentionne que « des abandons et une absence de relève médicale dans plusieurs milieux de soins palliatifs [viennent] compromettre l'accès à de tels soins. »

En conclusion, il est temps de prendre un peu de recul pour réfléchir à l'ensemble des engagements que contient la Loi concernant les soins de fin de vie. Il est également temps d'écouter avec attention ce que les professionnels des soins palliatifs ont à suggérer comme moyens pour rendre confortables nos fins de vie, eux qui en ont justement fait leur expertise. En un mot, il est temps de revendiquer le droit citoyen qui nous a été légalement accordé d'avoir accès à de tels soins. Tout délai en ce sens abandonne des citoyens qui mourront sans le soutien des soins de confort qu'on leur a promis.

À la veille des élections provinciales qui auront lieu au mois d'octobre, il est donc très opportun que toute la population québécoise se mobilise sérieusement pour exiger du futur gouvernement qu'il se mette enfin à l'écoute de la très grande majorité des électeurs qui désirent vivre dans la dignité jusqu'à la fin de leur vie avec l'aide de soins palliatifs de qualité.

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