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Choisir la qualité plutôt que la perfection

La question du choix entre le produit bien fait et celui parfait ne date pas d'hier.
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La question du choix entre le produit bien fait et celui parfait ne date pas d'hier.

Une expression célèbre «le mieux est l'ennemi du bien» nous montre que la sagesse populaire a déjà eu à trancher sur ce débat. Pourtant, il m'a semblé important de faire un court rappel aux entrepreneurs ethniques qui perdent beaucoup de temps, d'énergie et d'argent à aller au-delà de ce que leur clientèle peut percevoir comme de la qualité. En effet je poursuis mon idée de valorisation de cette dernière et de la performance pour «désenclaver» l'économie ethnique et tirer profit du potentiel d'Internet pour intégrer d'autres marchés à travers le monde.

Si on s'en tient à une psychologie de comptoir de bar, on peut dire que la tendance à la perfection vient paradoxalement d'un manque de confiance en soi qui aboutit à une exigence élevée dans l'image que l'on veut véhiculer à travers le fruit de son travail. Cela, vis à vis de soi et vis à vis de son environnement.

L'impression que l'on attend toujours de nous la dernière performance du moment peut être lourde à porter à la longue, et être source de stress et d'anxiété. Et que dire de cette peur de réussir et de devoir recommencer un nouveau défi, encore plus demandant et justifié par les succès passés. Dans un autre ordre d'idées, on peut montrer du doigt la tendance à juger le travail des autres et à pointer leurs défauts. Cela finit par se retourner contre nous lorsque notre conscience, à son tour, applique la même mesure avec laquelle on a jaugé l'autre. «Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés»: cet extrait de catéchisme prouve encore combien notre attitude déteint sur notre relation aux produits et services que nous offrons.

Bien sûr, dans un idéal philosophique, la qualité tant souhaitée doit venir de l'amour du métier, ou que l'on a pour le projet que l'on porte. Cet amour doit tenir compte des limitations réelles qui contraignent le projet. Produire dans le temps, le budget et les spécifications initiales semble important, quitte à faire une autre itération lorsqu'un budget de version supplémentaire est disponible. Il est bon d'être orienté résultat, mais le véritable succès tient compte de la performance, et cette dernière des ressources consommées pour produire votre produit ou service.

C'est en cela que vous distinguerez la perfection de la qualité. La première vous fatigue ou vous enivre et vous fait croire en la faible importance des contraintes et aux vertus illimitées du travail (trop) bien fait. La seconde est motivée par le désir de satisfaction du client et le respect des règles de l'art de votre métier. Chaque produit est une occasion pour vous de célébrer votre talent, de l'améliorer, d'apprendre et d'enrichir votre corps de métier. Rien à voir avec un besoin compulsif, narcissique ou issu de l'ego. Souvent, la frontière entre les deux peut être faible compte tenu de certaines frustrations, certaines attentes, ou un trop grand attachement à voir un certain aboutissement à nos efforts.

Je finirais donc en donnant quelques balises pour s'auto-observer et voir si on ne s'enlise pas loin des solutions simples et informelles qui font tout l'attrait et l'intérêt de l'entrepreneuriat ethnique.

Surveillez votre budget. Si un projet vous oblige à des sacrifices au-delà de vos capacités, peut être êtes-vous proche de l'entêtement? Certains ratent 100 fois et réussissent la 101ème fois. D'autres testent et changent si ça ne fonctionne pas dès la première tentative. Soyez attentifs à votre environnement et à vos ressources. La sagesse est de s'arrêter à temps.

Écoutez votre corps. La fatigue et le stress sont des indicateurs d'une obstination. Toute réussite implique des efforts, mais il faut se préparer pour le long terme. Un produit parfait consomme souvent toute l'attention et retarde son lancement tant que l'ego n'a pas donné le go ou qu'il ne nous est pas imposé par un événement extérieur.

Écoutez votre cœur. Que vous l'appeliez conscience, univers ou cœur, il y a une petite voix qui vous indique quand vous en faites trop. Généralement on résiste à cette vérité jusqu'à ce qu'elle s'impose à nous par un moyen ou un autre.

Aimez ce que vous faites. Une occupation dans laquelle on investit et s'investit demande une certaine relation de proximité. Loin d'aller à la passion, un simple amour proche de la vocation allège l'exercice du métier au quotidien et rend clairvoyant.

En conclusion, vous êtes libre d'opter pour la perfection: l'essentiel est de l'assumer et d'avoir les moyens de votre politique. À défaut, vous produirez de la qualité (sans tenir compte des contraintes de performance). Comme on dit «qui peut le plus, peut le moins».

Le plus important dans les deux cas est de se faire confiance et de fournir l'extrant dont la valeur est adaptée à ce qu'on peut supporter en terme d'efforts. C'est donc ne pas hésiter à prendre des risques mais sans présomption sur ses capacités. Mais ça c'est un autre débat. Santé!

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