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Je clique, donc je suis.

Mais jusqu'où ira cette soif de connectivité? Déjà, on entend parler de surdose d'interactions, de sevrage de réseaux sociaux.
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Prenons un représentant typique de la génération Y. Disons qu'il s'appelle Martin, qu'il est né le 6 février 1992. Sur Facebook, il a 210 amis. Sur Twitter, il suit de près 894 personnes, principalement des gens qu'il ne connaît pas. Enfin pas vraiment. Il regarde la télé sur le web, télécharge des films - parfois illégalement, lis des articles et écoute la radio sur son iPhone «en allant prendre le métro». Et quand il essaie d'aborder les filles à l'université, il ne demande pas leur numéro de téléphone «trop compliqué à retenir», mais opte pour la simple question: «Facebook?»

Martin, comme 92% des Québécois de sa génération âgés entre 18 et 24 ans utilise, selon le CEFRIO, les médias sociaux. Il y passe plus de 10 heures par semaine, comme 20% de ses amis. Il y consulte principalement du contenu, il interagit, entretient son profil, relaye de l'information et parfois, en crée. Bref, il est actif. Mais Martin sait aussi faire la différence entre la vie réelle et la vie sur le web. Lorsque l'on parle de ses amis Facebook, il préfère le mot « contacts ». Lorsque l'on soulève le fait que sa vie, ses photos et ses états d'âme sont étalés au grand jour, il rappelle que ce n'est pas sa vie, mais une mise en scène de cette dernière. Lucide, Martin.

Facebook, en introduisant le Facebook Timeline il y a quelques semaines, une sorte de ligne de temps ou l'on peut faire défiler les informations de ses « contacts » par ordre chronologique décroissant, a bien compris l'utilisation que font ses membres de son réseau : un voyeurisme de circonstance, ou l'on gère son image comme McDonalds le ferait avec son agence de publicité.

Début 2012, alors que Facebook comptait plus de 800 millions d'utilisateurs à travers le monde, Twitter, lui, revendiquait plus de 200 millions de gazouillis par jour. Des chiffres étourdissants. Et révélateurs. Plus que jamais, la jeune génération est aujourd'hui connectée, et a fait des réseaux sociaux un média à part entière.

Et en 2011, les médias sociaux sont entrés dans une autre dimension, plus politique celle-là. Le printemps arabe, les mouvements de révolution pacifiques en Espagne et les indignés du monde entier ont tous un point commun : le rôle, prépondérant dans certains cas, de Facebook et Twitter dans la diffusion des messages. Le côté récréatif de ces deux sites participatifs laisse place à un puissant outil de contestation, de manifestation et de rassemblement politique. Et le sommet de Davos met le web social au cœur de ses préoccupations en 2012. L'influence de la nouvelle génération prend donc une ampleur significative au sein de notre société.

Parallèlement à la montée en puissance des réseaux sociaux, le philosophe Michel Serres, dans un entretien accordé au journal français Libération il y a quelques mois, qualifiait les nouveaux jeunes de génération mutante : en constante réinvention, en grande partie due à l'évolution rapide des nouvelles technologies. Toutes les notions qui fondent les générations précédentes (la transmission des connaissances, le savoir et même la langue) s'en trouvent aujourd'hui bouleversées, et créent des défis de communication avec les générations passées.

Mais jusqu'où ira cette soif de connectivité ? Déjà, on entend parler de surdose d'interactions, de sevrage de réseaux sociaux. Comme ce blogueur Thierry Couzet, auteur du livre « J'ai débranché », qui a décroché pendant un temps du web social et qui raconte son expérience, pour le moins éprouvante, dans son ouvrage. Pour beaucoup, jusqu'à Chris Hugues, le co-fondateur de Facebook en conférence à Montréal il y a quelques mois, « il sera essentiel demain de trouver un équilibre entre vie privée et vie 2.0 ».

2012 sera-t-elle l'année de la modération ?

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