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Justin Trudeau, c'est minable

Si un jeune premier ministre, comme toi, n'a même pas le courage de moderniser le mode de scrutin de son pays; il ne reste vraiment plus grand-chose à attendre de la politique contemporaine...
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Quel manque de courage. Quel cynisme. Quel manque de hauteur de vue dans un dossier aussi important que le renouvellement de notre démocratie qui s'effondre. Une démocratie de moins en moins légitime. Au service des élites. Comme nous le confirme ton gouvernement, chaque mois, par un nouveau scandale.

Toi qui avais pourtant promis de faire les choses différemment. Mais les citoyens ne sont plus dupes. Tellement que, partout en Occident, ils votent pour ce qui leur semble être autre chose. À n'importe quel prix.

Je ne suis pas surpris. Je n'ai d'ailleurs pas voté pour ton parti. J'en ai vu d'autres et je percevais bien tout le vent de ta belle balloune à selfies. Tu porteras tout de même l'odieux d'avoir réduit au cynisme une partie de la jeune génération t'ayant porté au pouvoir. Ce n'est pas très noble comme cadeau à leur faire si jeune.

Ton excuse pour cette trahison électorale? Le manque de consensus chez les Canadiens.

Leur manque d'appétit pour un renouvellement démocratique. Tu agites l'épouvantail du vote de lois extrémistes par des parlements de coalition que pourrait engendrer une refonte du mode de scrutin.

Quel mépris! La démocratie, oui, mais quand elle m'arrange et pas trop tout de même parce que je ne suis pas certain que mes concitoyens soient assez brillants pour l'utiliser à bon escient.

Pourtant, ce qui est bien plus préjudiciable pour notre démocratie, pour l'ordre social, c'est que bon an mal an, plus de 40 % des Canadiens ne se présentent plus aux urnes. Et ce à tous les paliers.

Les citoyens ne sont pas intéressés par une réforme? C'est possible. Nous ne connaîtrons jamais l'engouement réel pour ton sondage biaisé même si j'ai pu constater que nous n'étions qu'une poignée à la consultation dans ma région.

Ils ne s'intéressent presque plus à la vie démocratique? C'est l'œuf ou la poule. Offre leur une démocratie digne de ce nom et peut-être se politiseront-ils un peu plus. Se sentiront-ils concernés. S'intéresseront-ils à autre chose que ce qu'ils peuvent se payer. S'élèveront-ils? Auront-ils l'impression que leur vote compte enfin et qu'il vaut la peine qu'ils l'exercent intelligemment? Peut-être qu'une partie des - de plus en plus nombreux - orphelins politiques renoueront-ils avec ce seul et unique outil à notre disposition du vivre ensemble.

Et dire que, vu ta détermination affichée en campagne électorale, je m'attendais à une véritable réforme. En profondeur et tous azimuts : financement des partis, limitation de la publicité, des dépenses et interdiction d'affichage pendant les campagnes, référendum d'initiative populaire, vote électronique, vote dès 16 ans, encadrement du nomadisme politique, etc.

Un legs politique. Un vrai. Tel que ton père l'a offert en son temps sur d'autres enjeux. Qui ruissellerait à terme dans les provinces et les villes.

La société était-elle prête à décriminaliser l'homosexualité et légaliser l'avortement quand il a proposé son bill omnibus en décembre 1967? Non. Il savait pourtant que cela était juste. Il a poussé ses collègues à aller de l'avant même si la population n'était pas prête.

Vous n'êtes pas fait du même bois. Ton père, Justin, ne serait pas fier de toi. Il ne manquait pas de courage, lui. Et on ne parle même pas ici, pour toi, d'un dossier moral aussi polarisant ou d'ouvrir la constitution! Shame on you!

Churchill a imposé le salaire minimum, les pauses obligatoires pour les travailleurs, la sécurité sociale et l'assurance chômage en Angleterre au début du 20e siècle. Lévesque s'est battu contre l'establishment du Parti libéral pour imposer son idée de nationalisation de l'énergie. Aucune réforme signifiante ne se fait sans courage. Souhaiter un consensus avant d'entamer quoi que ce soit nous condamne au statu quo.

L'abolition de l'esclavage, le vote des femmes, l'interdiction du travail pour les enfants, l'école obligatoire jusqu'à 16 ans ou la semaine de 35 heures se sont imposés dans le tumulte. Personne ne remettrait aujourd'hui en doute l'importance de ces avancées pour nos sociétés. Tous les grands politiciens, ceux qui nous font avancer collectivement sont en avance sur leur époque. Ils ont tous en commun d'avoir été déterminés, voire têtus.

Il y a bien plus de dangers, pour la stabilité du pays, à s'entêter à ne pas donner de voix aux exclus, quelles que soient leurs origines et leurs idées. Continuer de les ostraciser, faire comme s'il n'existait que la voie du centre, que la langue de bois, nous mène tout droit à notre chute civilisationnelle.

Peut-être même, je dis bien peut-être, que l'attentat de dimanche dernier dans une mosquée de Québec ne se serait pas produit si un, ou des députés, d'un parti d'extrême droite siégeaient dans nos parlements. C'est peut-être le prix à payer d'une vraie démocratie en place de la baudruche actuelle.

Logiquement, il devrait exister aux Communes un parti sino-canadien avec quelques députés élus représentant les communautés chinoises des grandes villes canadiennes. Même chose pour les autres grandes communautés ethniques et culturelles. Le Bloc québécois a longtemps été considéré comme une hérésie sur la colline parlementaire. La majorité des Canadiens a pourtant fini par reconnaître sa pertinence. Pendant un temps...

Le pays change. Notre démocratie du 17e siècle n'est plus équipée pour faire face à ces changements. Nous devons redonner une voix aux exclus. De s'entêter à préserver une image idéalisée du Canada qui en fait masque ses différences, sa diversité, c'est même anti-canadien.

Il va bien falloir aussi un jour s'affranchir de notre asservissement à la monarchie d'un autre État. Être enfin réellement souverain. Consciemment ou pas, ton père affichait déjà cette volonté, il y a 40 ans, lors de sa fameuse pirouette derrière la Reine au Palais de Buckingham.

Depuis, plus rien ou presque...

En attendant, si un jeune premier ministre, comme toi, n'a pas même le courage de moderniser le mode de scrutin de son pays; il ne reste vraiment plus grand-chose à attendre de la politique contemporaine...

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