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Déconnecter pendant une semaine, mission accomplie!

Se débrancher de tous nos appareils et autres "technodistractions" peut carrément transformer de fond en comble notre façon de voir le monde, notre façon de vivre et notre façon d'interagir avec les personnes qui comptent le plus pour nous.
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J'arrive d'un endroit des plus merveilleux, et je ne parle pas de Hawaï, où j'ai passé les vacances avec mes filles, ma soeur et mon ex-mari, bien que l'endroit soit magnifique -d'autant plus que j'ai été accueillie par plus de 30 cm de neige à mon retour à New York. Non. Cet endroit merveilleux, c'est la semaine entière que j'ai passée totalement débranchée, sans courriel, sans médias sociaux et sans télévision.

De temps à autre, se débrancher de tous nos appareils et autres "technodistractions", un geste en apparence anodin, devient en fait un geste qui peut carrément transformer de fond en comble notre façon de voir le monde, notre façon de vivre et notre façon d'interagir avec les personnes qui comptent le plus pour nous. Vivre débranchée m'a permis d'accorder toute mon attention -ce que Daniel Goleman appelle "une forme d'amour"- à ma vie et aux gens qui en font partie. Comme le dit si bien l'humoriste Louis C.K., aucun écran ni aucun appareil, si sophistiqués soient-ils, ne parviennent à atteindre le niveau de haute définition que le monde qui nous entoure peut nous offrir.

Loin de moi l'idée de vous donner l'impression que j'ai vécu ce débranchement comme quelque chose de paradisiaque. Comme tout changement de mode de vie prémédité, il s'agit plutôt d'une démarche, d'un processus. Certains aspects logistiques ont permis de rendre ce débranchement plus facile, comme le fait que les bureaux du HuffPost n'étaient ouverts que pendant deux jours de cette semaine-là, ou encore que nous avons passé beaucoup de temps à mettre les touches finales à mon nouveau livre, The Third Metric, qui traite précisément des bénéfices du débranchement et de ce que l'on pourrait appeler le "rechargement". Toutefois, certains autres aspects l'ont rendu plus difficile, dont notamment de se trouver dans une endroit magnifique qui ne demandait qu'à être pris en photo au moindre détour, ou encore que le simple fait d'être débranchée me donnait de nombreuses idées de sujets que je brûlais d'envie de partager avec mon équipe à travers un courriel enthousiaste bourré de points d'exclamation, ce que je me suis abstenue de faire.

Une des définitions de la plénitude, ou de la pleine conscience, proposées par Mark Williams, un professeur de psychologie clinique à Oxford, est la «capacité d'accomplir des choses en étant pleinement conscient que nous les accomplissons». Tout au long de ma semaine débranchée, j'étais pleinement consciente d'être débranchée, et cela m'a permis de mieux comprendre le rôle de la technologie dans ma vie, et ce, même si je suis de nouveau totalement branchée.

J'ai réalisé avec beaucoup d'intensité à quel point mes téléphones étaient devenus des extensions physiques de ma personne. Pendant toute la semaine, je tentais sans arrêt d'attraper mon téléphone, un peu comme les amputés qui ont cette sensation de membre fantôme, sauf que dans mon cas il s'agissait d'un BlackBerry fantôme.

Mais ce n'était pas que mon corps qui ressentait ce changement. Mon esprit aussi était envahi d'automatismes reliés à ma connectivité. Je pensais constamment à ma boîte de courriels: était-elle sur le point de déborder? Allais-je manquer un courriel d'une importance capitale? En choisissant de me débrancher au moment où je l'ai fait, est-ce que je ne faisais pas qu'augmenter mon stress ultérieur en laissant s'empiler des courriels auxquels je devrais répondre à mon retour? Heureusement, je trouvais un peu de réconfort dans le fait que j'avais programmé un message d'absence où j'expliquais ma démarche, ce qui permettait minimalement de ne pas craindre d'insulter qui que ce soit parce que je ne répondais pas aussi promptement qu'à mon habitude.

Puisque ce voyage s'est fait en compagnie de mes filles de mon ex-mari, je devais également composer avec leurs habitudes technologiques, toutes différentes les unes des autres. Mon ex-mari déteste les téléphones, alors débrancher lui paraissait tout ce qu'il y a de plus naturel. Christina, ma fille aînée, est une accro à Instagram. Elle passait tout son temps à me montrer ses clichés, que je mourrais d'envie de repartager, mais je me suis abstenue. Je me sentais comme le capitaine Haddock avec un ange sur une épaule et un diablotin -iPhone bien en main- sur l'autre. Lorsque nous nous trouvions dans un paysage sublime, je ressentais immédiatement mes vieilles habitudes se manifester; je voulais prendre des photos, les tweeter, les facebooker, etc. J'avais préprogrammé quelques citations inspirantes pour publication sur mes différents comptes de réseaux sociaux durant mon absence, mais il n'en demeure pas moins que je mourrais d'envie de partager ma vie en temps réel.

En fait, je me suis rendue compte que d'avoir préprogrammé des publications durant mon "techno jeûne" a joué en ma défaveur, car bon nombre de mes contacts Facebook et Twitter pensaient que je trichais, et ça les mettait en colère, comme je l'ai appris au cours de l'unique heure par jour que je m'étais accordée pour prendre des nouvelles au cours des deux journées où nos bureaux étaient ouverts. Cela dit, c'est une chose qui est très touchante lorsque l'on décide de partager avec le monde entier un défi que l'on veut relever. Le monde entier devient alors votre ange gardien et s'assure avec entêtement que vous respecterez votre promesse, comme je l'avais par ailleurs découvert en 2011 lorsque Cindi Leive et moi avions pris le pari de dormir plus.

Être débranché signifie redécouvrir et savourer chacun des moments présents pour ce qu'ils sont. Cela signifie savourer un magnifique paysage sans le tweeter, savourer un repas sans le partager sur Instagram, ou me régaler d'une conversation mémorable avec mes filles sans en partager des extraits à tous les vents.

J'ai tiré quelques leçons bien concrètes de ce débranchement. Premièrement, se débrancher est beaucoup plus facile lorsque vous le faites ailleurs. À Hawaï, tout était complètement différent de ma vie quotidienne à New York, de ses routines et environnements qui déclenchent mes habitudes hyper connectées. Ce qui a également facilité les choses, c'est que j'ai pu éliminer les tentations en laissant mon téléphone dans le coffre-fort de l'hôtel. D'ailleurs, ça m'a permis de réaliser que les hôtels sont d'excellents environnements pour se débrancher... Passez à la réception pour couper la réception!

Mon protocole de débranchement a également soulevé quelques questions d'ordre pratique. Par exemple, au cours de l'heure quotidienne que je m'étais accordée pour m'assurer que tout allait bien au bureau, si ma fille entre dans ma chambre à ce moment pour me faire un brin de conversation, est-ce que je peux reprendre ce temps de travail perdu à la fin de l'heure? Est-ce de la triche?

Bien que la partie «débranchée» à proprement parler de ce défi soit chose du passé, j'ai l'intention de continuer à en examiner les bienfaits et les difficultés avec vous, ici sur le HuffPost. Mes coéquipiers dans ce défi, Mika Brzezinski et Cindi Leive, vous feront également part de leurs impressions recueillies au cours de leur défi et nous serons tous les trois à l'émission Morning Joe pour raconter comment ça s'est passé, partager ce que nous avons appris et, oui, nous expliquer sur certains de nos échecs.

Ici, sur le HuffPost, nous continuerons notre conversation avec vous dans notre section Déconnecter pour respirer, où, notamment, Otha Thornton, le président de la National PTA (association nationale américaine parents-enseignants), écrivait récemment qu'en limitant le temps que nous passons sur des appareils numériques nous permet de maximiser le temps que nous passons avec notre famille.

Si, comme nous, vous avez relevé le défi débranché, faites-nous part de vos impressions, de votre expérience et de ce que vous en avez retiré dans les commentaires ci-dessous!

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