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Légalement, le roi d'Espagne ne peut pas abdiquer

Le Roi veut abdiquer, mais, pour le moment, il ne peut pas le faire puisque il n'y a aucune loi (organique) qui encadre cette situation exceptionnelle. Elle aurait pu être approuvée en amont, dans le calme, et sollicitée par une force politique, mais ni ce gouvernement ni les précédents n'ont considéré cela nécessaire. À présent cela devient urgent.
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L'annonce de l'abdication du Roi a pris par surprise bon nombre d'Espagnols. Ça, c'est sûr. Le problème est que même celui qui s'est chargé de l'annoncer, le chef du gouvernement, semblait surpris. Le Roi veut abdiquer, mais, pour le moment, il ne peut pas le faire puisqu'il n'y a aucune loi (organique) qui encadre cette situation exceptionnelle. Elle aurait pu être approuvée en amont, dans le calme, et sollicitée par une force politique, mais ni ce gouvernement ni les précédents n'ont considéré cela nécessaire. À présent cela devient urgent. C'est très symptomatique de la manière de faire de la politique dans ce pays, sans planification et prévision.

En effet, notre Constitution, la même qui dans son Titre II établie que la Direction de l'État espagnol correspond au roi et à ses successeurs, contient seulement une mention qui évoque la situation dans laquelle nous nous trouvons : l'abdication du Roi. Dans l'article 57.5 CE il est clairement dit :"Les problèmes résultant d'une abdication et d'une renonciation au trône, ainsi que toute incertitude de fait ou de droit survenant dans l'ordre de succession à la Couronne seront résolus par une loi organique". Mais, comme je le disais, cette loi organique n'a jamais été approuvée. Il faut le faire maintenant, de toute urgence, comme l'a implicitement reconnu Mariano Rajoy dans son allocution devant la presse.

Entre-temps, Juan Carlos Ier continuera à porter le titre de Chef de l'État. Une fois que la Loi organique sera approuvée, ce qui nécessite la majorité absolue à la Chambre des Députés (chose qui sera inévitablement organisé de toute urgence), on pourra procéder à la proclamation du prince des Asturies, Felipe de Borbón, comme Roi devant les Cortes Generales (Parlement Espagnol). Comme le prévoit l'article 61 de la Constitution, le nouveau Roi devra prêter serment devant le Parlement: "serment de remplir ses fonctions, garder et faire garder la Constitution et les lois et respecter les droits des citoyens et des Communautés autonomes", comme il est d'usage dans une Monarchie parlementaire, comme celle d'Espagne.

Ce sont les attentes qui découlent de l'ordre successoral dicté par la Constitution, aux dépens de ce que stipulera la Loi organique indispensable à l'approbation de ce dont il est question : l'abdication du Roi.

Même si nombreuses sont les leçons, surtout politiques, à tirer de cette situation exceptionnelle, l'une d'entre elles que nous devons retenir, car elle pourrait nous être très bénéfique dans le futur : il faut être prévoyants, faire les choses avec calme et apaisement, en définitive planifier, pour que si un jour il arrive ce qui pourrait arriver, nous soyons prêts à agir tranquillement, sans précipitation. C'est aussi ça être un bon gouvernement.

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