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N’interdisons pas le téléphone cellulaire, montrons plutôt aux élèves à bien s’en servir!

En observant les jeunes, force est de constater que leur maitrise des technologies a de grandes lacunes.
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Les élèves ne connaissent pas nécessairement toutes les possibilités et les risques qui accompagnent la technologie.
skynesher via Getty Images
Les élèves ne connaissent pas nécessairement toutes les possibilités et les risques qui accompagnent la technologie.

Le mois dernier, une école des Laurentides annonçait qu'elle interdisait le téléphone cellulaire. Ce matin, nos voisins ontariens annoncent qu'un règlement semblable sera appliqué dès l'an prochain dans l'ensemble de leurs écoles. Il me semble qu'avant d'appliquer une telle interdiction mur à mur, nous serions prêts pour une bonne réflexion.

De prime abord, je trouve dommage qu'on diabolise systématiquement l'utilisation du téléphone cellulaire.

À entendre certains, on a l'impression que la seule présence de l'appareil est le signe d'un vice effroyable, la promesse d'un désastre social sans précédent, la preuve que la prochaine génération s'apparente à une bande de zombies dont le cerveau a été siphonné par les écrans.

Or, le téléphone est surtout un outil de communication puissant qui permet d'avoir accès à une source d'informations énorme. Pourquoi ne pas apprendre aux jeunes à bien s'en servir? Pourquoi ne pas les rejoindre sur ces plateformes qui sont les leurs et leur montrer des usages plus pédagogiques, plus intelligents?

Personnellement, j'adore faire découvrir à mes élèves des pages de vulgarisation scientifique (Le Pharmachien, Le nutritionniste urbain), d'artistes québécois (Lydia Képinski, Hubert Lenoir), de médias jeunes et branchés (Rad, VOIR, VICE Québec). Ne l'oublions pas, les réseaux sociaux sont un puissant vecteur de culture et d'informations.

Les élèves ne connaissent pas nécessairement toutes les possibilités et les risques qui accompagnent la technologie.

Se plonger dans la réalité médiatique de nos élèves, c'est se donner la possibilité d'analyser ensemble le contenu qui est commandité sur leurs réseaux sociaux et d'apprendre à se questionner pour qu'ils demeurent critiques et vigilants. Il faut les accompagner dans ce flot continu d'informations avec lequel ils vivent. C'est essentiel à la formation de futurs citoyens alertes et critiques dans la réalité du XXIe siècle.

Les jeunes, ces fameux experts de la technologie

Bien souvent, on se dit que les jeunes sont nés avec la technologie et qu'ils la maitrisent sur le bout de leurs doigts, mais rien n'est plus faux. Les élèves ont de la difficulté à déterminer ce qu'ils doivent taper dans un moteur de recherche quand ils veulent trouver une information spécifique. Ils ont de la difficulté à évaluer si un site est une source fiable ou non. Ils n'ont pas le réflexe de revérifier une donnée lue sur les réseaux sociaux.

En observant les jeunes, force est de constater que leur maitrise des technologies a de grandes lacunes.

Il me semble que les enseignants font partie de ceux qui sont responsables de s'attaquer à cette méconnaissance et d'apprendre aux élèves à bien se servir des outils à leur disposition. Je pense qu'il faut le faire de la même manière qu'on leur montre à se servir d'un dictionnaire. La différence? Les élèves utiliseront leur téléphone tous les jours, alors qu'à l'extérieur du contexte scolaire, rares sont ceux qui utiliseront un dictionnaire, un dictionnaire papier, encore moins!

Et la déconnexion, alors?

Évidemment, je ne m'enfonce pas la tête dans le sable. Je sais que l'hyperconnexion et la cyberdépendance sont des problèmes bien réels.

Le sociologue et professeur de l'UQAM Amnon Jacob Suissa en parlait d'ailleurs l'année dernière dans un article d'Infopresse. Ces troubles peuvent entrainer, chez le citoyen numérique, la crainte constante de manquer quelque chose (fear of missing out ou FOMO), un état d'esprit bien connu des jeunes où être «hors connexion devient anxiogène et favorise l'apparition de symptômes dépressifs.»

Or, M. Suissa le dit clairement: «[...] l'objet n'est pas à blâmer. Le problème découle plutôt de la relation abusive entretenue avec ces machines.» En ce sens, il est utopique de proposer une déconnexion complète et permanente des technologies modernes. Pour lui — et je suis bien d'accord —, la solution réside plutôt dans la remise en question de ses habitudes de consommation technologiques. Bref, adoptons avec les jeunes la même approche qu'avec le tabac, l'alcool, les drogues, la santé sexuelle et bien d'autres sujets: conscientisons-les!

Il faut bien préparer les élèves à évoluer dans la société! N'est-ce pas là le rôle de l'école?

Personnellement, en tant qu'enseignant, je considère qu'il est de ma responsabilité d'avoir cette réflexion avec mes élèves. Une réflexion qui devrait par ailleurs être entamée à la maison et poursuivie avec bien d'autres intervenants. Il me semble que c'est un beau legs à faire à nos jeunes, une belle manière de les responsabiliser, de les rendre autonomes dans leurs apprentissages!

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