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L'estime de soi, la tendance de l'heure

L'estime de soi n'a jamais été autant à la mode. On lui prête des vertus immunisantes contre tous les aléas de la vie, on souhaite en injecter à nos enfants à leur insu, on voudrait que ça s'achète en gélules pour fournir notre meilleure amie, bref, c'est le « Klondike » des années 2000.
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L'estime de soi n'a jamais été autant à la mode. On lui prête des vertus immunisantes contre tous les aléas de la vie, on souhaite en injecter à nos enfants à leur insu, on voudrait que ça s'achète en gélules pour fournir notre meilleure amie, bref, c'est le « Klondike » des années 2000.

Pourtant, on a peine à définir le concept. Les livres sur le sujet sont tellement nombreux que l'on s'y perd.

Qu'est-ce que l'estime de soi?

L'amour-propre? La confiance en soi? La confiance en ses moyens? La fierté? Le fait d'être confiant dans la vie en général? D'avoir de l'entregent?

Tous ces énoncés sont effectivement des composantes de l'estime de soi. Selon les psychiatres Christophe André et François Lelord qui ont écrit plusieurs livres ensemble sur le sujet, l'estime de soi a tout de même une signification objective. L'estime de soi est l'évaluation que nous faisons de nous-mêmes et le regard sensible que l'on porte sur cette évaluation. Autrement dit : « Comment je m'évalue et est-ce que j'aime ce que je vois de moi? »

On pourrait tracer l'estime de soi comme un triangle aux trois côtés égaux. Au sommet, il y a :

1)L'amour de soi. C'est probablement une des trois composantes les plus importantes de l'estime de soi. C'est être convaincu que nous sommes dignes d'amour. Cette composante n'empêche nullement la peine, les expériences relationnelles désagréables et les ruptures amoureuses. Cependant, si on considère que nous sommes dignes d'amour, nous nous relèverons plus rapidement des épreuves. Et oui...l'amour de soi est principalement inculqué par les figures parentales et de référence que nous avons côtoyées. Les carences d'estime de soi qui prennent leur source dans ce pôle, sont plus difficiles à rattraper, mais non impossibles...il y a même de beaux succès.

A l'une des autres extrémités du triangle, on trouve :

2)Le regard que l'on porte sur soi. Autrement dit, de quelle façon nous nous évaluons. Quelles sont mes qualités? Qu'est-ce que je gagnerais à améliorer? Qu'est-ce que je pense de moi? Bien sûr, les réponses ne peuvent être que subjectives. Ce n'est pas important. L'important est plutôt d'avoir la conviction que nous avons une valeur. Si notre vision de nous est positive (ce qui n'exclue pas qu'elle soit réaliste), nous pouvons encore une fois passer par-dessus bien des embûches.

A la troisième extrémité du triangle, il y a :

3)La confiance en soi.

L'estime de soi a besoin d'action pour s'entretenir. Nous avons besoin de relever des défis, entamer des projets, nous remettre en question, nous mesurer à d'autres. D'où vient la confiance en soi? De l'expérimentation et de la façon dont nous avons évalué les résultats de ces expériences. Un échec est-il un passage vers l'amélioration ou un drame?

Ai-je besoin que les trois côtés du triangle soient présents pour avoir une bonne estime de moi?

Il arrive que nous puissions jouir d'un grand succès professionnel et être effondré par une peine d'amour. Ou alors que notre vie personnelle soit agréable mais que nous ayons de la difficulté à nous faire reconnaître au travail. Sauf qu'il est difficile de nous évaluer « séparément ». La vision que nous avons de nous-mêmes dans un domaine qui va moins bien influencera notre vision globale de nous-mêmes. C'est pourquoi nous gagnons à nous évaluer de façon générale, en étant conscient de nos lacunes mais surtout, en n'oubliant pas ce que nous avons et qui rend notre vie agréable : « Je ne suis pas le meilleur au golf mais j'ai beaucoup de plaisir à être entre amis pour jouer et j'ai la possibilité à cette étape de ma vie, de pratiquer mon sport souvent. C'est pas mal ! »

Peut-on avoir trop d'estime de soi?

On peut certainement avoir une haute opinion de soi-même. Cependant, il est rare que les trois pôles du triangle de l'estime de soi soient présents de façon égale.

Il a été rapporté récemment que l'estime de soi serait à la hausse chez certains enfants, adolescents et jeunes adultes. Ce serait, semble-t-il, la faute des parents. Ceux-ci auraient développé une fausse notion de l'estime de soi en croyant qu'ils devraient constamment complimenter leurs enfants pour augmenter leur estime d'eux-mêmes. Le psychiatre américain Allan Josephson, interviewé dans la revue Psychology Today affirme que cette approche ne peut pas fonctionner. Les enfants deviennent fragilisés lorsqu'ils vivent une déception ou un échec, étape inévitable dans un parcours de vie scolaire, amical, amoureux ou sportif. Il faut plutôt chercher du côté de la relativisation de la difficulté pour travailler l'estime de soi. Un échec, ça arrive. Ce n'est pas final. C'est un passage. Et ça ne définit en rien la globalité d'un enfant. Ou d'un adulte...

Comment puis-je nourrir mon estime de moi?

Il est important de nous occuper de notre estime de soi. Celle-ci se nourrit des expériences relationnelles agréables que nous vivons et aussi de nos succès. Lorsque nous vivons des expériences difficiles au travail par exemple, il est important de nous en occuper. De ne pas laisser les relations s'envenimer, de décoder toute relation toxique et de ne pas la laisser empoisonner notre vie. On pourrait dire la même chose de nos relations amoureuses ou amicales : Suis-je bien avec cette personne? Ai-je le sentiment d'être apprécié tel que je suis? D'être validé? D'être simplement apprécié?

Enfin, l'estime de soi fluctue. Il peut arriver qu'elle soit à la baisse pendant une période. Au lieu de nous juger sur sa hauteur, il peut être intéressant d'analyser pourquoi elle est en baisse. Nous pourrons ainsi transformer nos insatisfactions en objectifs à atteindre.

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